Le Gabon paiera sa dette

Les autorités gabonaises se veulent rassurantes, après les inquiétudes exprimées à l’égard de la dette du Gabon, parfois répercutées de manière alarmiste auprès des marchés financiers. L’État, qui recherche un accord avec le FMI, promet un nouvel échéancier pour bientôt.
Par Kimberly Adams
Certes, les agences spécialisées, dont Fitch Ratings récemment, se sont inquiétées, non sans raison, de la situation difficile du Gabon en matière d’endettement.
« Nous restons optimistes sur la mise en œuvre de l’essentiel de notre stratégie de relance, dans la mesure où elle est assise sur des projets dont les acteurs sont connus et les modalités de financement déjà déterminées. »
Pour autant, sur les marchés financiers, la dégradation de la notation n’« a pas affecté la performance des titres gabonais », observe le ministère de l’Économie. « Leur performance est restée globalement stable depuis le début du mois de décembre, avec un rendement à maturité avoisinant 5,0% pour les obligations 2024 et 2025 et 6,5% pour l’obligation 2031. »
Nul ne conteste que la note CCC de Fitch Ratings illustre la dégradation des équilibres des finances publiques au Gabon, « sous l’effet combiné de la baisse des recettes pétrolières et de pressions sur les dépenses courantes ». Cette situation, aggravée par la crise sanitaire, se traduit par « des besoins de financement en augmentation dans un contexte de retards de décaissements des financements extérieurs ».
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Le Gabon face aux inquiétudes sur sa dette
Nicole Janine Lydie Roboty Mbou, ministre de l’Économie et du redressement, ne nie pas les difficultés. Elle concède d’ailleurs qu’en raison d’un regain de l’épidémie de coronavirus, la croissance économique pourrait être inférieure à 2,0% en 2021, contre 2,6% prévus dans le budget. Ce contexte difficile, néanmoins, n’empêche pas le Gabon d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires et créanciers. D’ailleurs, une stratégie de règlement de la dette intérieure auditée par une Task Force est en cours de finalisation.
Un nouvel échéancier de remboursements
Sur les 1 030 milliards de F.CFA (1,57 milliard d’euros) de dette intérieure auditée, 623 milliards se sont révélés fictifs, soit un ratio de 62 %. « Autant d’argent qui n’aurait pas servi à financer nos dépenses d’investissement ou nos dépenses sociales. Aujourd’hui, le remboursement de notre dette absorbe quasiment 45 % de nos ressources propres annuelles. C’est beaucoup trop ! », s’exclame Valentin Nourredin Bongo, dans un entretien à l’agence Ecofin.
Précisément, « je puis vous annoncer que le gouvernement met tout en œuvre pour procéder au paiement de la dette intérieure auditée suivant un échéancier qui sera précisé ultérieurement », a révélé la ministre de l’Économie.
« Je dois reconnaître qu’à la lumière de la seconde vague de contaminations et compte tenu des mesures que nous avons jugé bon de prendre pour limiter la propagation du virus, un certain nombre de branches d’activité vont voir leur reprise retardée, avec des risques de nouvelles pertes d’emplois et de revenus », a reconnu la ministre, dans un entretien au quotidien gabonais L’Union. « Tout cela devrait se traduire par une révision des principales hypothèses retenues dans la loi de finances initiale 2021. »
La ministre souligne les efforts du gouvernement pour relancer et diversifier l’économie. Dans les deux ans, la transition vers l’après-pétrole sera accélérée, afin d’activer de nouveaux relais de croissance, ainsi que de nouveaux filets sociaux. « Cette stratégie devrait bénéficier de l’appui du FMI dans le cadre d’un nouveau programme en cours de discussion. » Ce programme avec FMI devrait permettre au Gabon d’atteindre les objectifs du Plan d’accélération de la transformation (PAT).
Des résultats prometteurs
Si la pandémie a « un caractère perturbateur », la mise en œuvre harmonieuse de la stratégie de relance, celle-ci n’est pas menacée. « Nous restons optimistes sur la mise en œuvre de l’essentiel de notre stratégie de relance, dans la mesure où elle est assise sur des projets dont les acteurs sont connus et les modalités de financement déjà déterminées. » La ministre reconnaît qu’il faudra « imprimer de la rigueur dans le suivi de ces projets et réformes ». Tel sera le rôle du Conseil national du PAT, notamment.
En 2017, le Gabon avait conclu un programme économique triennal soutenu par le FMI, qui a pris fin en juin 2020. Selon Nicole Janine Lydie Roboty Mbou, ce programme a engrangé des résultats positifs. « Nous avons ainsi pu enregistrer une croissance de 3,9 % en 2019, un rééquilibrage des comptes des finances publiques ainsi qu’une reconstitution des réserves monétaires. » Ce sont bien ces « résultats prometteurs » qui ont motivé le FMI et l’État à poursuivre leur coopération.
«Nous avons indiqué cette volonté bien avant la fin du précédent programme, sachant que sur le front des réformes, des efforts restaient à poursuivre, conclut la ministre.
Selon qui « la mise en œuvre harmonieuse du PAT nécessite d’avoir des rapports sains avec les différents partenaires au développement, et la conclusion d’un accord avec le FMI en constitue le socle ».
KA