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Doing Business n’a pas stimulé la croissance

Doing Business n’a pas stimulé la croissance
  • Publiémai 19, 2023

Selon une nouvelle étude, les pays les mieux classés dans l’indice – abandonné – de facilité de faire des affaires de la Banque mondiale, ont vu leur économie se contracter à court terme. La BM peaufine un nouveau rapport, B-Ready.

 

Le rapport annuel Doing Business de la Banque mondiale, qui a été abandonné en 2021 à la suite d’un scandale de manipulation de données, ne montre pas de corrélation entre un bon score et une hausse significative du PIB dans les pays qui ont obtenu les meilleurs résultats.

L’indice de facilité de faire des affaires, lancé en 2003, fournissait des classements et des informations sur l’environnement commercial de différents pays, notamment l’accès à l’électricité, la possibilité de créer une entreprise et la capacité d’obtenir des permis de construire.

L’interprétation erronée du potentiel de croissance des pays par la Banque mondiale pourrait inciter à réévaluer le rôle et la pertinence du projet Doing Business et de ses classements.

L’étude publiée dans le Journal of Comparative Economics suggère que les pays classés avec des scores Doing Business plus élevés sont associés à une croissance plus faible à court terme, ce qui contredit la croyance largement répandue selon laquelle un environnement favorable aux entreprises, tel que mesuré par les scores Doing Business, favorise la croissance économique.

L’étude, menée par une équipe d’économistes, a analysé la relation entre l’évolution des scores de Doing Business et le PIB réel par habitant.

Un schéma solide se dégage des données : les améliorations des scores Doing Business n’ont pas eu d’effet positif et cohérent sur le PIB. Au contraire, des scores plus élevés semblent entraver temporairement la croissance économique. Les résultats sont restés cohérents entre les différentes spécifications et les différentes sources de données sur le PIB, écrivent les auteurs.

Les chercheurs expliquent ces résultats paradoxaux par le fait que l’accent mis sur l’obtention de meilleurs scores Doing Business a peut-être détourné l’attention et les ressources de réformes économiques plus substantielles.

L’accent mis sur les changements superficiels mesurés par les scores peut avoir détourné les pays des réformes plus larges nécessaires à une croissance durable et inclusive, jugent-ils.

 

Remise à niveau et relance

Cette analyse réfute l’idée selon laquelle l’amélioration de l’environnement des entreprises, telle que mesurée par les résultats de Doing Business, accélère le développement économique.

Elle souligne également l’importance de poursuivre les recherches afin de mieux comprendre la relation complexe entre l’environnement des entreprises, les politiques économiques et la croissance du PIB.

Bien que l’étude remette en question les hypothèses dominantes, elle fournit des indications précieuses sur les limites de l’utilisation des résultats de Doing Business comme seul indicateur de la performance économique. Elle appelle à une approche nuancée des réformes économiques et souligne l’importance de prendre en compte des facteurs institutionnels et politiques plus larges qui façonnent le développement économique à long terme.

L’étude s’inquiète également du fait que Doing Business ait pu inciter les gouvernements à « jouer » avec les indicateurs, en concentrant leurs efforts de réforme sur des éléments mesurés par la Banque mondiale, mais dont l’impact réel sur l’économie est limité. Par exemple, le rapport 2020 montre que le Rwanda se classe au 38e rang mondial pour la facilité à faire des affaires, devant les Pays-Bas qui se situent au 42e rang.

« Cela peut refléter une manipulation des indicateurs plutôt que le fait qu’il est plus facile de faire des affaires au Rwanda qu’aux Pays-Bas », affirment les chercheurs.

Un audit réalisé en 2021 a montré comment les dirigeants de la Banque ont fait pression sur les experts pour qu’ils manipulent les résultats des rapports de 2018 et 2020.

La Banque mondiale prévoit de dévoiler une nouvelle version du rapport phare au deuxième trimestre 2023, avec une méthodologie révisée et une nouvelle mission axée sur la fourniture d’un aperçu plus transparent des conditions pour le secteur privé.

Justement, la dernière étude renforce les attentes : l’interprétation erronée du potentiel de croissance des pays par la Banque mondiale pourrait inciter à réévaluer le rôle et la pertinence du projet Doing Business et de ses classements, alors que les décideurs politiques cherchent à concevoir des stratégies plus complètes pour une croissance économique et un développement durables.

Ce nouveau rapport de la Banque mondiale, intitulé « Business Ready » (B-Ready) servira chaque année à évaluer le climat des affaires et des investissements dans 180 pays. Des mises à jour seront publiées régulièrement. Le B-Ready évaluera différents critères : la réglementation des affaires, la qualité des infrastructures, le marché du travail et la protection de la propriété intellectuelle.

@AB

Écrit par
Shoshana Kedem

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