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Djibouti, un élan à retrouver

Djibouti, un élan à retrouver
  • Publiédécembre 23, 2021

La forte croissance de Djibouti, jusqu’en 2019, n’a pas suffi à masquer les retards pris en matière sociale et éducative, mis en relief par la crise sanitaire et le conflit en Éthiopie, juge le FMI. Qui appelle le pays à restaurer la viabilité de la dette et à améliorer ses filets sociaux.

Par Véronique Clara-Véronne

Un fort élan économique mais des progrès sociaux insuffisants. C’est ce qui ressort d’une note de conjoncture émise par le FMI (Fonds monétaire international) à l’issue de consultations économiques menées par l’institution, jusqu’au 20 décembre 2021.

« Les investissements à grande échelle de Djibouti dans ses infrastructures ont insufflé une forte croissance économique ces dernières années, mais les bénéfices n’ont pas été largement partagés », résume l’économiste Brett Rayner qui a mené la mission dans le pays.

À terme, les réformes structurelles devraient permettre de créer des emplois, tandis que l’amélioration du système éducatif est de nature à remédier aux asymétries du marché de l’emploi. Et les investissements dans les énergies renouvelables devraient stimuler la compétitivité de Djibouti, juge le FMI. 

Certes, Djibouti a investi dans d’importantes infrastructures portuaires, ce qui a généré une croissance annuelle de près de 7% entre 2013 et 2019. « Cependant, ces investissements centrés sur des projets à forte intensité de capital ont généré peu d’emplois nationaux et peu de recettes fiscales, et le chômage reste élevé. »

D’autant que les investissements portuaires ont accru les facteurs de vulnérabilité et la dette publique a augmenté pour atteindre environ 70% du PIB. En outre, les investissements étant de plus en plus réalisés par des entreprises publiques et le nouveau fonds souverain, une grande partie de l’activité budgétaire est désormais hors budget.

Plus récemment, la pandémie de la Covid-19 et le conflit en Éthiopie ont accentué le phénomène. L’activité portuaire a chuté, d’abord en raison des perturbations du commerce mondial liées à la pandémie, puis en raison du recul de la demande en Éthiopie. C’est pourquoi la croissance est demeurée faible, en 2020, à 1%.

Bien qu’en rebond, les perspectives économiques demeurent assombries par le conflit en Éthiopie. La croissance devrait se redresser en 2021 pour atteindre environ 4 % grâce à une relance des investissements et de la construction. Déjà, le FMI prévient : « Les perspectives pour 2022 sont moins favorables et sujettes à des risques baissiers en raison du conflit en Éthiopie et d’une possible recrudescence de la pandémie. »

Des réformes porteuses, à terme

Et pourtant : une fois la sécurité régionale et la situation sanitaire rétablies, les perspectives de croissance sont solides, avec un secteur portuaire compétitif bien placé pour bénéficier d’un redressement du commerce régional et mondial.

Le principal défi de Djibouti est de soutenir une reprise durable et inclusive après la crise sanitaire et le conflit chez son voisin éthiopien. « Djibouti devrait donner la priorité à la mobilisation des recettes intérieures pour restaurer la viabilité de la dette et aménager un espace pour les dépenses sociales », recommande le FMI. Pour augmenter les recettes, les autorités devraient réduire les exonérations fiscales, y compris pour les entreprises publiques.

Pas d’affolement, à terme : « Les réformes structurelles devraient contribuer à créer des emplois », suppose l’institution de Washington. Des améliorations du système éducatif devraient remédier aux asymétries entre la main-d’œuvre et les compétences.

De leur côté, les investissements actuels dans la production solaire et éolienne devraient permettre de réduire le prix de l’électricité et de stimuler la compétitivité du pays. Enfin, la privatisation partielle de Djibouti Télécom pourrait contribuer à réduire le prix d’accès aux nouvelles technologies et à élargir l’accès aux services de téléphonie mobile.

@VCV

EN BREF

Allègement de dettes

Le FMI a approuvé le décaissement de la cinquième et dernière tranche d’aides pour alléger le fardeau des dettes de 25 pays, pour la plupart africains, utilisant pour cela les ressources d’un Fonds d’affectation spéciale. Cette tranche porte sur 115 millions de dollars.

Outre Djibouti, sont concernés : Bénin, Burkina Faso, Burundi, République centrafricaine, Comores, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Yémen, Sierra Leone, Rwanda, Niger, Mali, Malawi, Madagascar, Libéria, Lesotho, Sao Tomé et Principe, Tchad, RD Congo. Haïti est également sur la liste.

En approuvant la cinquième tranche, le fonds achèvera des aides de deux ans, qui se termineront en avril 2022, pour alléger le fardeau des dettes, d’une valeur cumulée de 964 millions $.

 

 

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Par Véronique Clara-Véronne

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