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Djibouti : le FMI souhaite une action urgente

Djibouti : le FMI souhaite une action urgente
  • Publiédécembre 16, 2022

Les investissements importants des dix dernières années ont conduit à une forte croissance du PIB de Djibouti, mais les bénéfices n’ont pas été largement répartis et l’endettement public a nettement augmenté, regrettent les économistes du FMI.

 

Une mission envoyée à Djibouti par le FMI (Fonds monétaire international) revient avec un sentiment mitigé. Plus que dans d’autres pays africains, une série de chocs extérieurs – dont le conflit en Éthiopie – ont pesé lourdement sur l’économie et ont amplifié les tensions budgétaires, déjà considérables. Le service de la dette a triplé, pointent les économistes. C’est pourquoi le FMI considère qu’« une action urgente est nécessaire » pour rétablir la viabilité de la dette et promouvoir une croissance inclusive, tout en dégageant un espace budgétaire pour plus de dépenses sociales.

Considérant que la privatisation d’une participation minoritaire dans Djibouti Telecom « générant un intérêt insuffisant », le FMI « encourage » les autorités à envisager d’offrir une participation plus importante,  

Djibouti a investi massivement dans des infrastructures reliant l’Éthiopie aux marchés mondiaux, portant la croissance à une moyenne de 6,2 % sur la période 2013-2019, c’est-à-dire avant la crise de la Covid-19. Toutefois, la priorité étant donnée aux projets d’investissement, peu d’emplois ont été créés et le chômage reste élevé.

La plupart des investissements ont été financés par l’endettement des entreprises publiques, ce qui a exacerbé les vulnérabilités résultant du rétrécissement de l’assiette fiscale, regrette le FMI. La dette publique extérieure est passée de 34 % du PIB en 2013 à 72 % en 2021 ; elle est majoritairement détenue par des entreprises publiques.

En parallèle, les recettes publiques ont diminué en raison des exonérations généralisées, et les loyers versés par les bases militaires étrangères sont restés inchangés depuis 2016. Le secteur financier a également connu une croissance rapide, d’où des difficultés en matière de supervision.

Sans surprise, le conflit en Éthiopie a lourdement pesé sur l’économie de Djibouti. La reprise des hostilités cette année a entraîné une nouvelle baisse du trafic portuaire alors que les résultats enregistrés en 2020 et 2021 étaient déjà faibles. En outre, la hausse des prix des produits de base et la sécheresse dans l’est de l’Afrique ont érodé le pouvoir d’achat des ménages et réduit davantage les recettes publiques.

 

Ajuster le modèle de croissance

Par conséquent, pronostiquent les économistes, la croissance devrait ralentir à 2,5 % et la balance commerciale devrait se dégrader en 2022. Lueur d’espoir : la trêve conclue en novembre en Éthiopie pourrait permettre une reprise des échanges, inverser les baisses récentes de l’activité portuaire et aider à attirer de nouveaux investissements étrangers. Les services du FMI prévoient que la croissance économique se redresserait avec un rebond en Éthiopie, et que l’inflation ralentirait fortement, conformément aux tendances internationales.

Toutefois, « le principal défi de Djibouti est d’ajuster son modèle de croissance afin de réduire sa dépendance des investissements financés par l’endettement et soutenir la reprise inclusive du pays suite chocs successifs qu’il a subis », poursuivent les économistes.

Déjà, les autorités ont réagi aux chocs en consolidant le budget et en accumulant de nouveaux arriérés en attendant les résultats de négociation de restructuration en cours vers leur principal créancier. Pourtant, « les besoins en matière de dépenses nécessaires sont importants et le service de la dette devrait encore augmenter ».

Conscients de cette réalité, le FMI, soucieux malgré tout de la viabilité de la dette et d’une croissance inclusive, juge « indispensable » de privilégier la mobilisation des recettes intérieures et d’améliorer la surveillance des entreprises publiques. Les autorités devraient aussi rationaliser les subventions en passant à des mesures de soutien plus ciblées. Des réformes structurelles, de gouvernance, et de gestion des finances publiques seront également de mise pour préserver la stabilité économique et pour créer des emplois.

Et les experts d’appeler à « une plus grande inclusion financière », laquelle soutiendrait la stabilité macroéconomique et la croissance. Djibouti doit accroître la part d’adultes bancarisés et de diminuer les disparités entre les genres pour favoriser la croissance en dehors du pôle commercial et réduire la taille du secteur informel. Les autorités sont encouragées à tirer parti des efforts en cours visant à élargir l’accès aux systèmes de paiement et au registre des crédits.

Par exemple, la privatisation d’une participation minoritaire dans Djibouti Telecom « générant un intérêt insuffisant », juge le FMI qui « encourage » les autorités à envisager d’offrir une participation plus importante, car l’apport d’investissements privés peut contribuer à réduire les prix de l’informatique et à élargir l’accès aux services bancaires mobiles.

Enfin, le dispositif de contrôle devrait évoluer au même rythme que la croissance rapide du système bancaire, et « bien que le dispositif de la caisse d’émission ait offert au pays un ancrage nominal efficace et a contribué à établir la confiance dans les transactions internationales, les autorités devront instaurer des outils pour rendre la politique monétaire plus flexible », concluent les experts mandatés par le FMI.

@AB

 

Écrit par
Laurent Soucaille

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