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Des pôles urbains, locomotives de la croissance

Des pôles urbains, locomotives de la croissance
  • Publiéavril 5, 2023

Diene Farba Sarr, ministre, délégué général aux Pôles urbains de Diamniadio et du Lac rose, revient sur les atouts, les spécificités et les contraintes de ces deux centres modernes d’attractivité du Sénégal.

 

Quel est le rôle de la DGPU dans l’économie sénégalaise ?

La Délégation générale à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac rose (DGPU) est une administration rattachée à la Présidence de la République, créée en 2014. Elle a pour mission d’« assister le président de la République dans la définition de la politique d’aménagement et de promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose ; et de la coordination de sa mise en œuvre ».

La DGPU est donc un aménageur public chargé de réaliser deux villes nouvelles qui vont soulager Dakar et permettre l’érection de nouvelles centralités urbaines créatrices de richesses et d’emplois. Diamniadio comme le Lac rose seront des pôles de croissance économique soutenue, installés sur des territoires ayant d’énormes potentialités jusque-là non exploitées, et le président Macky Sall dans sa vision d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035, veut s’appuyer sur des locomotives qui vont tirer la croissance économique. C’est pourquoi nous sommes engagés à tout mettre en œuvre pour réussir cette mission.

 

Avez-vous une approche innovante en matière d’urbanisme ?

À la différence de Dakar qui a adopté une spécialisation des espaces avec des zones spécifiques pour les activités administratives et de services, les activités industrielles et le résidentiel, la DGPU de Diamniadio et du Lac rose a décidé depuis le début de réaliser des villes nouvelles sur la base de la mixité fonctionnelle et sociale. Cela se traduit par une planification urbaine qui a adopté un développement multipolaire. Les 1644 hectares sont divisés en quatre arrondissements autonomes qui font fonction comme des villes dans la ville de Diamniadio.

Les Pôles de Diamniadio du Lac Rose seront ainsi le fer de lance de la transition énergétique avec le développement des énergies vertes et la création d’une plateforme pour opérer la transition vers les véhicules électriques.

Dans le 1er arrondissement, le Centre de conférence Abdou-Diouf, qui a été réalisé durant la conférence de la Francophonie, est l’équipement qui structure le territoire avec le Centre des Expositions de Diamniadio, la sphère ministérielle Ousmane Tanor Dieng et la Maison des Nations unies ; l’objectif est de développer le tourisme d’affaire (« MICE ») avec l’organisation de grandes conférences internationales pour repositionner Dakar et lui permettre de rayonner encore plus à l’international.

Diene Farba Sarr
Diene Farba Sarr

Dans le 2ème arrondissement, c’est l’Université Amadou-Makhtar-Mbow qui doit accueillir 30 000 étudiants à terme qui structure le territoire avec des centres de recherche et de formation, pour développer l’économie de la connaissance. À côté de l’université nous avons la deuxième sphère ministérielle de Diamniadio, le stade Abdoulaye-Wade et d’autres équipements en cours de réalisation.

Le 3ème arrondissement est axé autour de l’activité avec le parc industriel international de l’APROSI, le Marché d’internet national qui permet de stocker et de distribuer toute la production horticole des régions de Dakar et Thies, la distribution des viandes et produits halieutiques pour alimenter les marchés de Dakar et des régions.

Enfin le 4ème arrondissement est orienté vers le développement des services avec un grand quartier des affaires pour les grandes banques et compagnies d’assurances, un quartier des Grandes écoles et des équipements sportifs.

Cette approche de la mixité qui privilégie le développement de la fonction travail dans la ville se retrouve à l’échelle des quartiers et parfois même des bâtiments. Ainsi on permet aux habitants de Diamniadio de pouvoir travailler à proximité de leurs logements et de trouver tous les services nécessaires, ce qui réduit considérablement les déplacements. Dans cette même logique, une priorité est donnée aux transports collectifs avec l’intégration des différents modes (automobile, mobilité douce et marche).

C’est en cela que l’approche du développement planifié de Diamniadio est une innovation majeure car jamais au Sénégal, l’urbanisme n’a été pensé ainsi.

 

Quelle est l’idée à l’origine de Diamniadio ? Quel est son succès jusqu’à présent ?

Le Pôle urbain de Diamniadio a pour objectif de désengorger la capitale. Dakar est logée sur une presqu’île et la ville a connu un rythme de développement très rapide ces vingt dernières années. Le centre-ville (Le Plateau) couvre environ 500 hectares et concentre l’essentiel des activités économiques et administratives. Au nord du Plateau s’est développée une zone résidentielle avec les quartiers de la Médina et du Grand Dakar. Et enfin sur la partie est, on trouve une grande banlieue mal aménagée, sous équipée et très peuplée.

Cette organisation de l’espace en zones spécifiques oblige les populations à effectuer des mouvements pendulaires des lieux de domicile vers les lieux de travail, ce qui entraîne d’énormes congestions sur la voirie. Ces quinze dernières années, les pertes pour l’économie sénégalaise occasionnées par les embouteillages se chiffraient à plusieurs milliards de F.CFA et il a fallu trouver des solutions.

L’État du Sénégal a d’abord élaboré une nouvelle politique des transports et engagé de grands travaux d’infrastructures et d’aménagement pour améliorer la mobilité des personnes et des biens. Avec l’élection de Macky Sall, il a été a décidé de lancer un grand programme d’aménagement à Diamniadio. Ainsi une partie de l’administration a été délocalisée à Diamniadio avec quinze ministères déjà présents. La Maison des Nation Unies va ouvrir ses portes cette année. Nous comptons une zone pour développer les activités industrielles et logistiques, des espaces de commerce et de loisirs avec des Retail park, des activités de services avec des espaces réservés aux secteurs financiers et aux services, un IT Park pour un hub numérique, des centres de recherche et de formation structurés autour de l’université Amadou-Makhtar-Mbow, et enfin 45 000 logements pour une population de 350 000 habitants prévus.

Ce projet connaît un réel succès actuellement puisque l’essentiel des infrastructures et équipements publics sont déjà construits et fonctionnels. L’intérêt des investisseurs est réel et le nombre de demandes de terrains pour installer des projets à Diamniadio est tel que nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Une sélection rigoureuse des projets est faite par la DGPU. C’est pourquoi il faut le dire très clairement, les opportunités à Diamniadio ce n’est pas demain, c’est maintenant.

 

Quel est le taux d’occupation actuel de Diamniadio ? Quel est l’accueil des investisseurs ?

Si l’on compte le nombre de projets agréés depuis le début du projet et qui ont été livrés, on ne peut qu’être satisfait du travail accompli. Nous effectuons fréquemment des missions à l’étranger pour rencontrer des investisseurs. Des Turcs, des Français, des Marocains, des Égyptiens, des Espagnols, et bien sûr des Sénégalais nous sollicitent pour développer des projets à Diamniadio.

Le rythme est satisfaisant mais compte tenu des objectifs dans cette deuxième phase de développement du projet 2019-2025, nous avons besoin d’un afflux massif de capitaux privés pour prendre le relais de l’investissement public. La DGPU recherche des partenariats pour accélérer le développement du Pôle urbain de Diamniadio, d’autant plus que nous devons accueillir les Jeux Olympiques de la jeunesse en 2026. Ce sont autant de défis à relever et nous avons confiance car l’intérêt des investisseurs est réel. Des filières porteuses sont à développer comme l’hôtellerie, l’immobilier, le Retail, les loisirs, l’industrie, la logistique, les Ntic avec la plateforme du IT Park de Diamniadio etc.

 

Quelle est l’idée derrière le projet Lac Rose ?

Le Pôle du Lac rose est le deuxième projet que la DGPU doit réaliser. Le Lac rose est connu pour son site exceptionnel. Notre ambition est de mettre en valeur le potentiel de ce territoire et mettre un terme au développement anarchique sur le site.

L’idée est de faire du lac rose la nouvelle destination touristique du Grand Dakar, par un développement d’infrastructures pour accueillir un tourisme de haut standing. Le projet du Pole du Lac rose doit veiller toutefois à préserver les écosystèmes fragiles existants notamment celui du lac, celui des dunes vives du littoral de la côte nord et les terroirs agricoles de cultures maraîchères. Le projet va aussi préserver les villages traditionnels existants que le projet va aider à restructurer avec la construction de voiries et d’équipements de base.

 

La DGPU a prévu dans son plan d’urbanisme de réaliser deux centres urbains : RETBA Ouest a une vocation touristique et RETBA Sud est plus résidentiel. On aura des zones de reboisement, un parc animalier, un centre équestre, un terrain de golf, une zone de développement de l’activité artisanale et des filières agro-industrielles de transformation des produits horticoles. Autour de ces nombreux projets vont être développés des projets immobiliers mixtes pour accueillir à terme une population de 130 000 habitants.

La ville nouvelle du Lac rose sera le pendant de sa jumelle la ville nouvelle de Diamniadio, qui auront en charge d’impulser le développer des territoires dans le triangle Dakar Thiès et Mbour sur la petite côte.

 

Quel sera l’impact de ces villes nouvelles sur l’économie sénégalaise ?

Il faut d’abord noter que la DGPU œuvre pour faire de Diamniadio une ville intelligente. C’est dans ce sens qu’un projet a été monté et financé par le Trésor public français et vise à doter Diamniadio d’une infrastructure de fibre optique de très grande capacité, capable d’offrir aux opérateurs téléphoniques la base nécessaire pour fournir des services à très haut débit. Cette infrastructure est nécessaire pour rendre très attractif Diamniadio notamment pour les grandes entreprises, développer les start-up et favoriser le traitement des données.

On voit dès lors que rien qu’en réussissant le défi de la ville « Smart », la DGPU va permettre aux acteurs économiques de disposer d’un territoire favorable au développement de l’innovation. Le Parc des technologies numériques de Diamniadio va accueillir beaucoup d’entreprises comme le groupe Atos, des sièges ou filiales de grands groupes internationaux, des start-up, etc. pour faire de Diamniadio un hub numérique.

Les Pôles de Diamniadio du Lac Rose seront ainsi le fer de lance de la transition énergétique avec le développement des énergies vertes et la création d’une plateforme pour opérer la transition vers les véhicules électriques. Tout cela impactera positivement notre économie. C’est pourquoi il nous faut veiller à faire de la ville intelligente en construction une locomotive qui va tirer la croissance de notre économie.

@AB

 

Écrit par
African Business

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