Des aliments locaux sur les tables africaines

La société sénégalaise Allido Food transforme les noix de cajou, le millet, le maïs, le niebe, le moringa, les graines de baobab et les céréales d’Afrique de l’Ouest, comme le fonio et l’attiéké, en produits à valeur ajoutée.
« Je ne trouve plus ce que je mangeais dans mon village au Sénégal. De nos jours, les gens préfèrent le riz, le pain et la pizza importés. Nos céréales et nos aliments africains anciens ne sont plus populaires ! », se désole Ibrahima Thiam. C’est au vu de ce triste constat que l’entrepreneur a fondé la marque sénégalaise Allido Food.
Son entreprise veut promouvoir une alimentation saine en mettant l’accent sur les produits qui poussent au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Grâce à la production agricole et à la transformation locales, et en travaillant directement avec un réseau de femmes productrices et de coopératives, il a créé une entreprise dont les aspirations vont au-delà du gain financier et du développement économique, constate une note d’International Trade Center.
Ibrahima Thiam espère trouver des investissements pour créer des unités de transformation mobiles dans les zones rurales du Sénégal afin de décentraliser la production de produits alimentaires.
Ibrahima Thiam souhaite changer la culture et les habitudes de consommation au Sénégal et faire en sorte que les aliments « indigènes » redeviennent l’épine dorsale de l’alimentation dans son pays et au-delà. Selon lui, cela est bien plus sain et permettra au Sénégal de reprendre en main sa production alimentaire, de s’affranchir de la dépendance aux importations et de générer de la croissance.
L’entreprise utilise des noix de cajou, du millet, du maïs, des « pois à œil noir » (appelés niebe), du moringa, des graines de baobab et des céréales indigènes d’Afrique de l’Ouest comme le fonio et l’attiéké. Cultivées localement, ces denrées sont transformées en produits à valeur ajoutée entièrement naturels et riches en éléments nutritifs.
Ces ingrédients anciens sont largement reconnus comme des super-aliments et Ibrahima Thiam les utilise également dans la gamme d’aliments pour bébés d’Allido. Selon lui, cela fera des merveilles pour la santé des enfants, mais contribuera également à créer une demande future de produits locaux et sains de la part des consommateurs.

L’entrepreneur en est conscient : changer les habitudes des consommateurs n’est pas chose aisée. « Les marques Made in Senegal et Made in Africa ne sont pas encore développées ici, nous préférons toujours ce qui est importé », insiste Ibrahima Thiam. « Nous devons placer le produit et créer une demande. Nous lançons donc une chaîne de restaurants pour que les gens puissent goûter au potentiel des ingrédients. J’espère inspirer d’autres entrepreneurs à copier cette tendance et à créer un marché. »
Une philosophie anti-gaspillage
Allido Foods travaille avec le programme Netherlands Trust Fund V (NTFV) dans le secteur de la noix de cajou au Sénégal, qui se concentre sur l’agro-industrie durable et le développement commercial par le biais de solutions technologiques. Ibrahima bénéficie d’un programme spécifique pour développer son activité et son marketing, et pour explorer de nouveaux liens avec le marché.
Allido intègre également une démarche de développement durable dans ses activités. Les déchets et les matériaux dérivés sont utilisés de manière innovante pour créer d’autres sous-produits destinés au marché.
« La transformation des aliments génère une énorme quantité de déchets qui ne sont pas utilisés ici, ni même traités, explique Ibrahima, nous voulons minimiser le plus possible les déchets. »
À Allido, les feuilles, l’écorce, le zeste des fruits, les graines, le noyau et la chair ; tout est transformé et réutilisé dans des produits tels que l’huile de mangue, le beurre de mangue, la soupe de moringa et la poudre de baobab, par exemple. On trouve même un produit à base de café de baobab sur les étagères – une véritable innovation basée sur le fait que les graines de baobab, qui sont normalement jetées, contiennent une petite quantité de caféine.
« Je me suis rendu compte que ce que l’on jette a encore plus de valeur que ce que l’on transforme », explique l’entrepreneur. « Le défi consiste à trouver des consommateurs au Sénégal pour ces produits innovants. Les gens doivent d’abord comprendre toute l’histoire. »
Allido prévoit de développer une ligne de produits de soins et de cosmétiques fabriqués à partir des déchets de la transformation alimentaire.
La société se consacre également à la promotion des femmes; l’entreprise travaille avec environ 1 200 groupes de femmes dans les zones rurales pour la collecte des déchets alimentaires et la transformation des ingrédients.
En quête de partenaires financiers
« Elles avaient des difficultés à vendre leurs produits agricoles », explique Ibrahima Thiam, ; « nous avons donc décidé d’investir dans la transformation pour fabriquer des produits non périssables. » Par exemple, la société achète des tomates, les transforme et les revend aux communautés pour qu’elles les utilisent, de sorte qu’elles disposent d’un produit cultivé et fabriqué localement à un prix accessible.

Allido investit également dans la professionnalisation de ces groupes de femmes, qui sont formées aux techniques de transformation, aux normes de qualité et à la gestion de la sécurité alimentaire.
Aujourd’hui, le principal défi consiste à développer l’infrastructure de transformation, car les matières premières dépassent la capacité de transformation. Ibrahima Thiam espère trouver des investissements pour créer des unités de transformation mobiles dans les zones rurales du Sénégal afin de décentraliser la production de produits alimentaires transformés et de contribuer au développement rural.
PF, d’après International Trade Center.
@AB