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Covid-19 : Le président Emmanuel Macron propose un Plan en quatre axes pour aider l’Afrique

Covid-19 : Le président Emmanuel Macron propose un Plan en quatre axes pour aider l’Afrique
  • Publiéavril 15, 2020

Dans une interview exclusive accordée à RFI mardi 14 avril, le président français Emmanuel Macron aborde la question de la pandémie Covid-19. Il a développé plusieurs sujets, dont l’Afrique. Quelques larges extraits de son entretien au micro de Christophe Boisbouvier.

Par Serges David

Le président Emmanuel Macron, comme à son habitude, n’a pas donné dans la langue de bois. Il a argumenté ses positions autour de tous les sujets portant sur le Covid-19 et les différentes initiatives prises, en cours et à venir.

Sur l’Afrique

«  Je pense que la période dans laquelle nous entrons et que nous sommes en train de vivre collectivement touche aujourd’hui tous les continents. Et nous voyons l’extrême difficulté à affronter ce virus et à apporter des réponses dans les pays les plus développés, les systèmes sanitaires les plus robustes : les États-Unis, l’Europe, la Chine… Quand on regarde aujourd’hui la situation de l’Afrique, sur le plan sanitaire, sur le plan économique, sur le plan climatique, il est évident que nous lui devons la solidarité. (…)

Il y a dix jours, j’ai été invité par le président Ramaphosa à une réunion du Bureau africain par téléphone. J’ai pu échanger avec lui et plusieurs dirigeants, les présidents Abiy [Ahmed], [Paul] Kagame, [Macky] Sall, [Ibrahim Boubacar] Keïta, et Moussa Faki [Mahamat, le président de la Commission], dixit le présient Emmanuel Macron.

Sur le virus Covid-19 et l’Afrique, je vais être très clair avec vous. Je ne suis ni dans les catastrophistes, je ne veux pas être non plus dans les naïfs. Ce virus aujourd’hui, il touche tout le monde. Donc je ne pense pas qu’il faille collectivement dire qu’un miracle préserverait l’Afrique. En tout cas, si ça pouvait arriver, formidable, et je le souhaite profondément. Mais notre devoir est de tout faire pour aider l’Afrique dans ce contexte.

L’Afrique aujourd’hui a une vulnérabilité sanitaire : il y a le VIH, la tuberculose, la malaria… C’est d’ailleurs pour ça qu’on s’est mobilisés à Paris, en octobre dernier, pour le Fonds mondial, pour aider aussi l’Afrique en particulier à se battre contre ces grandes pandémies. L’Afrique aujourd’hui est le continent le plus touché par le choc climatique et le changement climatique.

Je pense à la Zambie, qui vient d’essuyer l’une des plus grandes sécheresses depuis 1981, les cyclones qui viennent de toucher le Mozambique, l’Afrique de l’Est qui est attaquée par les criquets, les difficultés qu’on connaît dans le lac Tchad et la sécheresse qui continue… Donc on parle d’un continent dont des dizaines de millions d’habitants aujourd’hui vivent dans leur chair ce qu’est le choc climatique.

On parle d’un continent qui vit la grande difficulté économique. Regardons les chiffres, là aussi : en 2012 en Afrique, on a une dette sur PIB qui est de 30%. Aujourd’hui, elle est de 95%. Donc les difficultés que je suis en train de décrire vont s’aggraver même si le Covid n’était pas une catastrophe sanitaire – et je ne sais pas dire aujourd’hui s’il ne le sera pas.

Donc nous devons absolument aider l’Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons, a fortiori, l’aider à répondre sur le plan économique à répondre à cette crise qui est déjà là. Nous devons être à ses côtés.

C’est ce que j’ai voulu lancer au G20, il y a quelques semaines. Nous avons tenu une visioconférence, j’ai utilisé le temps de parole de la France pour dire : « On va se tenir ensemble, agir pour nos pays, et c’est déjà très dur. On doit absolument aider l’Afrique à s’en sortir. C’est un devoir moral, humain, pour l’Afrique et pour nous. » 

Et c’est ce que j’ai ensuite enclenché avec les leaders africains qui étaient là, dans un travail qui est la méthode à laquelle je crois : mobilisation pour l’Afrique et partenariat avec les leaders.

Il y a dix jours, j’ai été invité par le président Ramaphosa à une réunion du Bureau africain par téléphone. J’ai pu échanger avec lui et plusieurs dirigeants, les présidents Abiy [Ahmed], [Paul] Kagame, [Macky] Sall, [Ibrahim Boubacar] Keïta, et Moussa Faki [Mahamat, le président de la Commission].

Plan en quatre axes pour aider l’Afrique                                              

Nous avons pu discuter des propositions que j’ai voulu faire à ce moment-là. C’est ce plan pour l’Afrique en quatre axes que nous avons bâti avec les leaders africains. On a aujourd’hui tous les leaders européens du G20, ainsi que l’Espagne, le Portugal et quelques autres, qui sont avec nous.

(…) Mobiliser des financements de court terme. On a le Fonds mondial, et là-dessus Peter Sands [le directeur exécutif du Fonds mondial], le président Kaberuka [ancien président de la Banque africaine de développement] sont prêts à mobiliser une partie de ce qu’on a justement levé pour aller financer cet axe-là et financer des équipements de première nécessité pour secourir, sauver, protéger….Il ne s’agit pas de détourner les 14 milliards qu’on a levés, mais de commencer avec quelques centaines de millions pour amorcer les choses.

Qu’est-ce qu’on veut faire avec ça ? On veut permettre d’absorber le choc, et donc de mobiliser les autres puissances du G20 pour permettre de monter les capacités et ce dont les systèmes de santé ont besoin aujourd’hui.

On a besoin, vous l’avez dit, de lits, de respirateurs, donc il faut pouvoir acheter ces matériels. Nous, on est en train d’en reproduire pour nos propres systèmes, mais je veux qu’on puisse en produire au-delà pour aussi, ensuite, fournir nos partenaires africains. Et le déphasage entre, si je puis dire, nos pics épidémiques qui ne semblent pas arriver en même temps, j’espère, va nous aider.

Par contre, les choses avancent. Plusieurs points ont été repris et des pertes lourdes du côté des jihadistes dans la partie sahélienne à la suite de Pau. Donc l’agenda de Pau avance, nous continuerons d’être avec les forces Barkhane, mais aussi avec nos partenaires européens et internationaux en soutien complet des gouvernements et des peuples du Sahel.

Il faut tout faire aussi, c’est pour ça que j’ai beaucoup parlé avec nos partenaires africains, pour qu’ils décident au maximum du confinement et qu’ils retardent l’épidémie. Plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l’aide, parce qu’on n’aura pas les pics épidémiques au même moment.

Je pense que ce qu’on peut réussir, dans le cadre de cette pandémie, c’est ce qu’on n’a jamais réussi à faire et qui est, je crois, essentiel si on veut permettre à l’Afrique de résister et sortir le monde de cette épidémie. C’est de dire : « Sur les traitements et le vaccin, on a une approche qui est la diffusion en même temps, dans nos continents, du traitement et du vaccin, quand on l’aura trouvé. »

Donc l’idée, c’est de dire : on a, au niveau international, le CEPI [Coalition for Epidemic Preparedness Innovation], lancé par la Norvège, financé par beaucoup, qui fait de la recherche sur les vaccins en la matière. Il y a plusieurs initiatives en cours.

On a le GAVI, lancé par la France et le Brésil il y a près de vingt ans, qui sert justement à diffuser ces innovations et à avancer. Le Gavi et le Fonds mondial doivent travailler ensemble sur cette pandémie, en particulier pour l’Afrique. On a Unitaid, qui sert justement à favoriser l’accès à la santé, à ses équipements et à beaucoup de choses.

On a le Fonds mondial, qu’on évoquait. Tout cela, on doit réussir, avec l’OMS, à mettre à la fois une partie des financements, l’expertise qu’on a, c’est-à-dire la recherche formidable, mais aussi la diffusion, mobiliser les grandes fondations, je pense à la fondation Gates, à One et à plusieurs, qui ont mis beaucoup d’argent, de capital politique aussi dans cette affaire, et toutes les ONG… Pour dire : « On avance partout sur les essais cliniques et le traitement.

Mais on se met en situation, le jour où on a un traitement, de le rendre accessible au continent africain en même temps qu’il sera accessible chez nous. » Donc pas d’histoires de propriété intellectuelle, pas d’histoires de délais, pas d’histoires de sous : on se met en capacité de le faire.

Et pour le vaccin, pareil ! Pour accélérer le manufacturing du vaccin le jour où on l’a, c’est-à-dire sa production en grande quantité, pour permettre aux pays développés comme aux pays en développement et aux pays pauvres d’y avoir accès dans les meilleurs délais. Et donc on brûle les étapes pour permettre de l’avoir au plus vite. (…) Il y a beaucoup d’instituts de recherche français, internationaux.

Vous parliez du Pr Raoult qui travaille lui-même, à l’IHU de Marseille, avec beaucoup de partenaires en Afrique, et qui me disait combien il était frappé de l’excellence de plusieurs centres, et de la qualité à la fois des chercheurs et des infrastructures (…) Il y a aussi l’institut Pasteur, qui a aussi une présence forte en Afrique.

L’idée, c’est qu’on puisse articuler un réseau de compétences, d’expertises, qui permette à la fois de mutualiser le savoir entre ce que l’Asie, l’Europe, les États-Unis ont vécu, pour que très vite, ça se diffuse dans la communauté académique, de recherche, mais aussi de cliniques en Afrique. De permettre les échanges accélérés entre les pays, et c’est aussi pour ça que l’Union africaine a un rôle clef : elle est en quelque sorte ce qui va permettre d’étayer ce réseau.

L’idée, c’est vraiment de créer ce réseau d’excellence africain, de centres d’expertise, pour le contrôle, la prévention des grandes pandémies telles qu’on est en train d’en vivre, et de créer une grande coalition pour la prévention de ces pandémies, et de s’assurer que les réseaux qui parfois, sont séparés les uns des autres, se mettent à travailler ensemble.

(…) Vous avez parfaitement raison, et d’ailleurs beaucoup de présidents et de Premiers ministres africains que j’ai rencontrés m’ont fait part de cela. Il y a de l’économie informelle, il y a de la circulation régionale, le fait que pour manger, on ait besoin d’avoir accès aux lieux où on distribue la nourriture et de continuer à procéder de cette économie…

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Donc le confinement complet, comme on dit aujourd’hui en Europe, ne peut pas fonctionner exactement de la même manière. Il faut qu’il puisse malgré tout se mettre en place pour prévenir.

Et donc il crée, si je puis dire, une situation dramatique au carré, qui est qu’on a les régions les plus vulnérables qui ont, en plus, un sujet d’accès à la nourriture, d’accès aux soins primaires. Et donc une crise humanitaire qui est en train de poindre. On l’a d’ailleurs parfaitement vu à chaque fois qu’Ebola intervient dans certaines régions.

On connaît cette situation. Notre crainte, c’est qu’elle se multiplie avec le Covid-19, qu’elle vienne se rajouter à ce que certaines pandémies créent. Et donc les populations et les régions les plus vulnérables ont en effet un besoin de réponse humanitaire.

Là, la réponse passe par l’Organisation des Nations unies, ce qu’on doit mettre derrière le Programme alimentaire mondial. Et donc le troisième volet, en effet, de cette initiative, c’est un volet humanitaire, en lien avec le Programme alimentaire mondial et l’ONU.

Avec sans doute une mobilisation de ce que nous avons, par le truchement des Nations unies, partout en Afrique, qui est notre présence, parfois militaire, mais qui peut aider et soutenir cela, et qui est d’accéder aux populations les plus fragiles, les plus loin de ces besoins de base, pour s’assurer qu’ils ont un accès aux soins primaires, à l’alimentation et à la survie. (…)

Quand on regarde comment toutes les économies développées ont répondu à la crise, on a fait deux choses : un choc de politique monétaire et un choc de politique budgétaire. Les banques centrales, la banque d’Angleterre, la Fed, la BCE, ont eu une politique monétaire massive au mois de mars, sans précédent en termes de rapidité et de magnitude. Et ensuite, une réponse budgétaire, que les gouvernements sont en train de prendre.

Dans ce contexte, il n’y a pas d’équivalent monétaire sur le continent africain, et c’est la double peine : il n’y a pas la possibilité de faire cette création monétaire et ce mouvement justement nécessaire aux économies.

En plus, on assiste, dans ces pays qui étaient en train d’émerger, à une fuite des capitaux qui accroît leurs difficultés. La réponse, l’équivalence, c’est ce que le FMI fait avec les bonds de tirage spéciaux. C’est cet objectif des 500 milliards, et on doit réussir à pousser cela et à allouer le maximum qu’on peut. C’est le premier pilier.

Le deuxième, sur le plan budgétaire, il passe par le sujet du service de la dette, ce que vous avez évoqué. Vous avez rappelé les chiffres, et ils sont cruels. Chaque année, un tiers de ce que l’Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C’est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années. Je souhaite qu’on apporte une réponse la plus forte possible sur ce sujet, parce qu’il n’est pas soutenable. Je l’ai dit hier aux Français : je suis favorable à une initiative d’annulation de dette massive, c’est le seul moyen d’y arriver.

À court terme, on a eu une discussion. Il y a quatre représentants spéciaux qui ont été mandatés par l’Union africaine, ils ont fait des propositions que j’ai souhaité qu’on reprenne. Ces propositions, c’était de dire : « moratoire ». Parce qu’on a beaucoup discuté, ils ont beaucoup travaillé. Ils disent : « L’annulation, on n’y arrivera pas tout de suite. » Mais le moratoire, ça veut dire quoi ? Ça veut dire on ne rembourse plus les intérêts, vous nous laissez de l’oxygène. On étale cette dette, et on peut peut-être mettre tout le monde d’accord autour de cette idée.

Mercredi soir, le G20 finance doit acter, je touche du bois, en tout cas on y a mis tout notre capital politique, de ce moratoire sur les dettes à l’égard de l’Afrique. Moratoire qui touche les membres du club de Paris, mais aussi la Chine, la Russie, l’ensemble des économies du Golfe, et les grands bailleurs multilatéraux. C’est une première mondiale.

Ça veut dire que le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C’est une étape indispensable, et je pense que c’est une formidable avancée.

Maintenant, elle doit précéder d’autres étapes sur lesquelles nous devons travailler, qui sont des étapes de restructuration de la dette africaine. Il faut le faire sans évidemment pénaliser les pays africains les plus rigoureux, qui se sont attachés à avoir une politique de soutenabilité. Mais on ne peut pas non plus dire : « Cet effort ne sera fait que par quelques-uns, et les autres ne le feront pas. » Il doit être, si je puis dire, le même chez tous les grands bailleurs.

(….) Je ne doute pas une seule seconde que pour le président chinois, la situation aujourd’hui de l’Afrique justifie un geste de cette importance. Donc c’est une discussion que nous aurons, soit dans le cadre d’un G20, s’il pouvait se tenir dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, soit sur un plan bilatéral, parce que je vais le solliciter sur ce point.

Donc c’est plutôt d’essayer de voir ce qu’en Afrique émerge comme solutions, des Africains en Afrique comme des diasporas, et de les aider à advenir et se multiplier. Les diasporas sont en train d’inventer des choses formidables.

Mais je pense que c’est un geste important que la Chine doit faire pour accompagner ce travail. Ce qui est sûr, c’est que vous avez rappelé les chiffres : la Chine est aujourd’hui un grand bailleur du continent africain. Tous les bailleurs du continent africain doivent être dans cette logique d’efforts pour aider le continent africain à traverser cette crise. Et donc elle y aura son rôle et sa part.

(…) Je l’ai dit : tous. Moralement, humainement, c’est notre devoir, de manière partenariale avec l’Afrique. Donc je pense que les bailleurs publics, privés, bilatéraux et multilatéraux, doivent s’engager dans cette logique. Moi, j’ai donné un horizon. Maintenant, on doit réussir, tous, à se mettre autour de la table et mener ce travail. C’est inédit.

(…) Je ne suis pas pour l’afro-pessimisme, ils ont raison. Je l’ai dit à Ouagadougou, en novembre 2017 : Je crois très profondément dans l’Afrique, dans la jeunesse africaine, dans les capacités de l’Afrique.

Et je pense que le destin de la France dans le siècle qui s’ouvre, ma génération comme les leaders qui viendront, et les autres générations de dirigeants économiques, intellectuels, politiques, français et européens, c’est plutôt d’être des partenaires, d’aider les Africains à réussir, qu’en effet de leur expliquer les choses. Et donc je comprends très bien l’état d’esprit de cette tribune, et je la partage. Et d’ailleurs, moi je pense que notre rôle, c’est de bâtir avec les Africains ce qui est utile pour eux.

Donc c’est plutôt d’essayer de voir ce qu’en Afrique émerge comme solutions, des Africains en Afrique comme des diasporas, et de les aider à advenir et se multiplier. Les diasporas sont en train d’inventer des choses formidables.

Il y a des initiatives, là aussi, pour répondre au sujet humanitaire, sur le sanitaire… Donc je partage l’esprit qu’il y a là. Je pense qu’il faut simplement ne pas tomber dans le catastrophisme parce que je crois profondément que l’Afrique a la force morale et la résilience pour résister au virus. Simplement, elle a aussi des difficultés propres, et on doit l’aider à les surmonter, par partenariat.

Sur la lutte contre le terrorisme en Afrique

(…) On a forcément des aléas liés au virus. D’abord, nous sommes très scrupuleux avec les militaires de la force Barkhane, et c’est normal. On a, dans un dialogue avec les cinq pays du Sahel où ils sont déployés, une politique sanitaire très rigoureuse. Ils sont mis en quarantaine avant d’arriver sur le sol, ils sont testés quand ils ont des symptômes. Et ça vous montre le sérieux avec lequel tout cela est suivi. Je pense que c’est parfaitement légitime.

Nous continuons le travail et d’ailleurs, les semaines qui ont suivi Pau ont montré l’efficacité des décisions que nous avions collectivement prises. Mes amis du Sahel avaient décidé, à Pau, d’accélérer la mise en place d’un centre de renseignements commun à Niamey.

Ça a été fait de manière très rapide. On en a obtenu les résultats. On a beaucoup mieux suivi les choses et on a eu des opérations à succès dans le Gourma et quelques autres régions contre les jihadistes. On a eu quelques opérations avec succès au Niger ou au Mali.

L’opération se poursuit. Simplement, il y a deux choses qu’il faut prendre en compte par rapport au plan de charge que nous avions déployé à Pau. La première chose, c’est évidemment le Covid-19 qui ralentit un peu les choses, parce que chacun a ses préoccupations sanitaires à gérer. Mais cela ne les divertit pas pour autant, parce que les armés continuent à être mobilisées, nous continuons les opérations.

(…) La deuxième chose, c’est qu’il y a eu une offensive extrêmement dure de Boko Haram et associés, si je puis dire, dans la région du lac Tchad. Je veux ici redire notre solidarité à l’égard du Tchad et de son peuple, parce qu’ils ont été durement touchés.

L’armée tchadienne a subi des pertes importantes dans un premier temps. Elle a ensuite réagi fortement. Mais ça a conduit l’armée tchadienne à se mobiliser. Non seulement sur son sol, mais aussi au Nigeria, au Niger et au Cameroun.

Et je veux saluer vraiment l’esprit de responsabilité, le courage des soldats et du peuple tchadiens qui, alors même que c’est un terrain d’opérations très difficile, se sont mobilisés pour lutter contre ces mouvements terroristes et ont repris le terrain qui était perdu.

Ils ont aussi défendu la souveraineté de leurs voisins et se sont battus contre les terroristes. Et le président Déby l’a dit : mobilisé sur cette partie de son territoire, il n’a pas pu déployer le bataillon qui était prévu sur le fuseau central. Ça, c’est un changement par rapport à Pau. Mais il est légitime, parce que le terrorisme n’est pas que dans la zone des trois frontières au Sahel, il est aussi dans la région du lac Tchad.

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(….) C’est un événement qu’il faut prendre en compte, auquel il faut apporter toute notre solidarité, et il faut noter que l’armée tchadienne a réagi avec beaucoup de force et a conduit des opérations avec de vrais succès militaires et des pertes lourdes du côté de Boko Haram. Donc le front, il est sur plusieurs endroits. Il est normal d’être aussi mobile.

Par contre, les choses avancent. Plusieurs points ont été repris et des pertes lourdes du côté des jihadistes dans la partie sahélienne à la suite de Pau. Donc l’agenda de Pau avance, nous continuerons d’être avec les forces Barkhane, mais aussi avec nos partenaires européens et internationaux en soutien complet des gouvernements et des peuples du Sahel.

Pour moi, la prochaine étape, c’est de faire ce qui avait été prévu il y a quelques semaines, et avait dû être décalé, au niveau multilatéral : aller chercher nos autres partenaires européens et internationaux pour accroître l’association à la lutte contre le terrorisme, et cette fameuse force Tacouba…

…accroître l’engagement pour aider les armées africaines à monter en capacité, et accroître l’engagement financier pour aider à consolider soit la partie développement, soit la partie retour de l’administration dans toutes les zones difficiles, parce que je vous rappelle que les quatre piliers de Pau, ce sont ceux-là. (…) Le rendez-vous de Nouakchott est maintenu ».

Écrit par
Par Serges David

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