Conseils aux créateurs d’entreprises
Le milliardaire nigérian Tony Elumelu vante les progrès de l’Afrique en matière de gouvernance. Il rappelle que la réussite doit autant à la créativité qu’à une stricte discipline en matière d’organisation.
La discipline, le sacrifice et la créativité sont les clés pour qu’une start-up devienne une grande entreprise, selon le milliardaire nigérian Tony Elumelu. Quand on lui demande comment réussir en tant qu’entrepreneur, il dresse une liste qui a de quoi décourager ceux qui aimeraient gagner de l’argent rapidement avec une start-up : « La discipline, le travail et le sacrifice sont essentiels. Le succès n’est pas servi sur un plateau », explique-t-il dans un entretien à Londres. « Pour réussir, il faut beaucoup travailler, être discipliné et faire des sacrifices. Il faut également être créatif. »
Steve Jobs était célèbre pour sa créativité, mais c’est grâce à son sens de l’organisation et de la discipline qu’Apple est devenue la première société technologique au monde, poursuit l’homme d’affaires : « On peut croire que la structure et la créativité sont contradictoires. Mais, la créativité ne suffit pas ; il faut avoir une vision et faire preuve d’organisation. »
Tony Elumelu est l’un des hommes d’affaires les plus prospères et les plus connus du Nigeria et d’Afrique. Après avoir racheté, avec d’autres investisseurs, la Standard Trust Bank, alors en difficulté, dans les années 1990, il a redressé la banque et a orchestré sa fusion avec l’United Bank for Africa (UBA) en 2005, dont il est devenu le directeur général. L’UBA, l’une des rares banques panafricaines, est aujourd’hui présente dans 19 pays d’Afrique, et possède des agences à Londres, Paris et New York.
En 2010, suite à l’adoption de nouvelles réglementations qui ont réduit la durée du mandat du directeur général de la banque, Tony Elumelu a dû se retirer. Il a fondé la même année Heirs Holdings, qui réalise des investissements directs dans divers secteurs en Afrique. Les sociétés de son portefeuille dans les domaines des infrastructures, des services financiers, de l’agroalimentaire, du pétrole et du gaz, et de la santé, emploient plus de 30 000 personnes. En août 2014, Elumelu est revenu à l’UBA en tant que président du conseil d’administration.
Il estime que les Africains qui réussissent ont le devoir d’aider la prochaine génération de dirigeants d’entreprise, et d’apporter, plus généralement, une contribution à la société. Convaincu que la création d’entreprise et les affaires seront les moteurs du développement social et économique en Afrique, il a fait de son point de vue une philosophie de l’Africapitalisme, qui met en avant le capital patient, le mentorat et les investissements tenant compte de facteurs sociaux, économiques et liés à la gouvernance.
“Pour réussir, il faut beaucoup travailler, être discipliné et faire des sacrifices ”.
« L’Africapitalisme, c’est l’intersection entre la prospérité économique et la richesse sociale. Réaliser des bénéfices et améliorer les conditions sociales, sans attendre de finir l’un pour s’attaquer à l’autre », explique-t-il Cette philosophie a conduit Tony Elumelu à accorder toute son attention aux entre
preneurs. Par le biais de sa fondation, il s’est engagé à accompagner 10 000 start-up africaines qui formeront la prochaine génération de pionniers. Mille sociétés ont été choisies dans le cadre du premier programme annuel. Chaque entrepreneur reçoit 5 000 $ de capital de départ et une place aux stages où il développera ses compétences en management.
Plus de 20 000 candidats ont postulé cette année. La Fondation a engagé Accenture pour sélectionner les finalistes : « Nous n’avons pas été surpris par le nombre élevé de sociétés de TIC, mais les secteurs de l’éducation, de l’agriculture et de la mode étaient également très présents », confie l’homme d’affaires qui souhaite « dénicher de jeunes entrepreneurs, leur fournir des capitaux, les former, les accompagner, puis les faire connaître ».