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African Business Analyse et Opinion

Le CFA est-il un frein à la croissance ?

  • Publiéjuin 28, 2017

Manque d’autonomie, dévaluation impossible… Sans doute, les opposants au franc CFA ont quelques solides arguments. Celui d’une compétitivité amoindrie est difficile à prouver. Éléments du débat.

Par Christian d’Alayer

«L’Africanosphère» bruit de remises en cause du franc CFA. Des chefs d’État sont entrés dans la partie, tels ceux du Tchad et du Mali et, peu avant son départ de l’Élysée, François Hollande lui-même a concédé que la question était du ressort des pays concernés plus que de la France.

Essayons donc de voir cette question avec lucidité. Que reprochent les Africains francophones à leur monnaie commune ? La critique la plus répandue est le fait que « le CFA » est du néocolonialisme, car il interdit aux pays membres de la zone de jouer de l’arme monétaire dans leur politique économique intérieure.

Le fait est indiscutable : les taux d’intérêt sont décidés non par les États, mais par la Banque centrale de leur zone : BCEAO pour l’Afrique de l’Ouest et BEAC pour l’Afrique centrale. Ces banques centrales régionales disposent d’un comité de politique monétaire qui décide des taux d’intérêt.

Et que ces comités soient plus ou moins sous influence française (la Banque de France a un représentant de droit dans les deux comités), il n’en demeure pas moins que les États membres ne sont pas libres de décider par eux-mêmes de l’arme principale des politiques monétaires modernes, les taux directeurs.

La même critique est d’ailleurs adressée en Europe à la BCE par les souverainistes. Les économistes africains reprochent à la Banque de France de stocker les réserves de change de leurs Banques centrales communes.

Les États de la zone Franc déposent leurs réserves de change auprès de leur Banque centrale, BCEAO et BEAC. Qui, statutairement, doivent en déposer aujourd’hui la moitié (65 % hier) sur un compte spécial de la Banque de France. Laquelle dispose bien de 50 % des réserves de la zone.

Pour l’or, c’est différent : près de 90 milliards de F.CFA pour la BCEAO et près de 120 milliards pour la BEAC ; là encore, les États déposent leur or à leur banque centrale. Seule la BCEAO conserve cet or dans les caves de la Banque de France ; la BEAC a choisi deux établissements londoniens pour stocker son métal jaune.

Dernier point : les comptes des Banques centrales de la zone à la Banque de France sont rémunérés. Mais à des taux « européens » : un compte à 0,30 % et un autre à… 0,05 %. Ce, alors que les taux d’inflation respectifs d’Europe et d’Afrique francophone ne sont pas du tout les mêmes !

En Europe, un taux de 0,30 % n’est pas négligeable au niveau d’une Banque centrale – pas celui de 0,05 % ! En Afrique, où l’inflation avoisine 10 %, ces faibles taux représentent une dépréciation importante des réserves.

Les exportations souffrent d’un euro fort

Une autre critique concerne la gestion monétaire africaine sous férule de la France qui empêche les Africains francophones d’apprendre à maîtriser l’arme monétaire. Ce n’est qu’à moitié vrai, puisque tout de même, les employés et dirigeants des Banques centrales de la zone finissent par maîtriser au moins l’orthodoxie monétaire occidentale.

Soit la priorité donnée à la maîtrise de l’inflation par la Monnaie. Peu d’études chiffrées existent sur le sujet de la compétitivité des pays de la zone CFA. Elle serait trop faible du fait de leur ancrage à l’euro, monnaie trop forte pour des économies africaines. D’autant plus que les pays francophones tant de l’Ouest que du centre ont comme voisin un Nigeria qui pratique depuis des lustres et avec brio la dévaluation compétitive.

Écrit par
African Business french

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