Centrafrique et Congo reliés en très haut débit

La fibre optique se déploie en Centrafrique, les installations étant désormais reliées au Congo. Les infrastructures et la gouvernance sont au rendez-vous, avec l’opérationnalisation imminente de l’Agence de développement numérique de l’Afrique centrale.
Le projet de dorsale à fibre optique d’Afrique centrale avance. La République centrafricaine vient d’inaugurer sa propre structure, désormais interconnectée avec la République du Congo. L’initiative est soutenue, sur les plans technique et financier, par l’Union européenne et la BAD (Banque africaine de développement).
Le chantier a permis l’installation et l’opérationnalisation de 935 kilomètres de fibre optique terrestre et sous-fluviale, qui constituent les premiers tronçons de la dorsale optique nationale et interconnectent la Centrafrique, le Cameroun et le Congo voisins, dans la droite ligne des recommandations du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA). Ces liaisons optiques traversent les principales villes situées sur le corridor routier Bangui-Douala (Bossembélé, Yaloké, Baoro), avant de descendre vers Berberati et de se diviser en deux bretelles pour les interconnexions avec le Cameroun (via Gamboula) et le Congo (via Bomassa).
« Ce projet phare permettra de mettre un terme définitif à l’enclavement digital de la Centrafrique, en l’arrimant aux câbles sous-marins internationaux qui ont des points d’atterrage dans les pays voisins côtiers. »
Le projet de dorsale nationale en Centrafrique englobe également – entre autres – la construction et l’opérationnalisation d’un Centre de formation digitale et d’un incubateur au sein de l’université de Bangui, ainsi qu’une plateforme de cybersécurité et de certification électronique. Une assistance technique spécifique a également été offerte au gouvernement pour la création de l’Agence centrafricaine de développement du digital, qui jouera un rôle clé dans le déploiement de la stratégie de digitalisation nationale.
Exécuté entre 2018 et 2023, le projet aidera à augmenter les recettes fiscales et à réduire le coût des transactions économiques et sociales, outre favoriser le désenclavement numérique des zones rurales et l’intégration régionale. Ce, grâce à cette infrastructure à fibre optique qui ouvre un accès aux pays limitrophes (Cameroun et Congo) et à la revivification du pacte social, avec la création d’opportunités d’emploi, pour les jeunes en particulier.
Un modèle pour les projets futurs
Maillon du plus vaste projet régional de la Dorsale à fibre optique d’Afrique centrale, ce volet de la dorsale vient compléter les composantes du Cameroun et du Congo. Il s’inscrit aussi dans la continuité du projet de Dorsale transsaharienne à fibre optique, dont la première phase doit interconnecter trois blocs régionaux, que sont l’Afrique du Nord (Algérie), l’Afrique centrale (Tchad) et l’Afrique de l’Ouest (Niger, Nigeria, Burkina Faso et Bénin).
« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre stratégie Global Gateway d’investissements durables dans les infrastructures. Avec le paquet d’investissement Global Gateway Afrique-Europe, nous soutenons l’Afrique dans sa relance et sa transformation, et en particulier dans l’accélération de la transition verte et numérique », a déclaré la commissaire européenne pour les Partenariats internationaux Jutta Urpilainen (photo).
Qui s’exprimait lors d’une cérémonie d’inauguration, le 6 février, présidée par le chef de l’État centrafricain Faustin-Archange Touadéra. « La dorsale optique est un modèle pour les futurs projets de grande envergure que nous mettons en œuvre avec Global Gateway, dans la région, en Afrique et au-delà dans le monde », s’est félicitée Jutta Urpilainen.
Pour l’ambassadeur de l’UE, Douglas Carpenter, « le cofinancement des bailleurs, UE et BAD, a permis de mettre en place à la fois les infrastructures optiques requises et la gouvernance adéquate ». Ce, avec la création et l’opérationnalisation imminente de l’Agence centrafricaine de développement du digital, et le recrutement d’un opérateur privé pour exercer un effet levier sur les capitaux et l’expertise privés, « aux fins de pérennité et de mise à profit des investissements consentis pour les populations de Centrafrique et de toute la sous-région ».
Douglas Carpenter espère que ce projet n’« est qu’un premier pas vers le désenclavement et la stabilisation progressifs du pays, surtout dans les zones rurales, et qu’il permettra d’attirer d’autres investissements durables publiques et privés, notamment dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’accès aux services financiers et sociaux ».
Enfin, le représentant-pays de la BAD, Mamady Souaré, a souligné que « ce projet phare permettra de mettre un terme définitif à l’enclavement digital de la Centrafrique, en l’arrimant aux câbles sous-marins internationaux qui ont des points d’atterrage dans les pays voisins côtiers ». Avant d’ajouter : « les premiers tronçons réalisés dans ce projet sont le début d’extensions futures dans les infrastructures digitales, qui consacreront le rôle de hub de la Centrafrique dans les flux de données entre les différents blocs régionaux, qui sont appelés à se développer significativement au cours des prochaines années, à la faveur de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine ».

PF, d’après compte-rendu de la BAD.
@AB