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Cameroun : le recherché soutien du FMI

Cameroun : le recherché soutien du FMI
  • Publiémars 10, 2023

Comme prévu, Yaoundé obtient un nouveau décaissement du FMI qui salue les réformes économiques. Le Cameroun a besoin du soutien sans faille des bailleurs de fonds pour atteindre, à horizon 2030, le statut de pays émergent.

 

La décision était attendue : le Cameroun obtient un décaissement du FMI (Fonds monétaire international) de 55,2 millions de DTS (environ 73 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre des accords à environ 420 millions $. L’institution avait approuvé le principe de décaissement en début d’année, encourageant le pays à quelques mesures relatives à la maîtrise des prix.

Précisément, le pays de Paul Biya a augmenté les prix à la pompe le 1er février 2023, abandonnant progressivement une politique de subventions pour une politique plus libérale, compensée par un soutien aux ménages les plus pauvres. Jean Tchoffo est chargé, au sein du ministère des Finances de suivre les programmes du FMI. Il explique au magazine Investir au Cameroun que le programme en cours d’exécution permettra au Cameroun de capter environ 625 milliards de F.CFA (953 millions d’euros) d’appuis supplémentaires d’autres bailleurs de fonds ; c’est-à-dire la BAD, la Banque mondiale ou l’AFD.

À noter que le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura, séjournera au Cameroun durant la semaine du 13 mars. Selon le ministre Paul-Louis Motazé (photo ci-dessus), cette visite « participe du renforcement des relations de coopération entre le Cameroun et le FMI, avec l’opportunité d’explorer de nouvelles perspectives de dialogue dans l’optique du financement des projets prioritaires inscrits dans la stratégie nationale de développement ». La SND30 ambitionne de faire du Cameroun un pays émergent en 2030. Elle nécessite, rappelle Investir au Cameroun, des financements globaux de l’ordre de 88 000 milliards de F.CFA (134 milliards d’euros).

Le FMI appelle en conséquence à « des mesures supplémentaires pour améliorer l’efficacité des investissements, renforcer l’inclusion financière et améliorer le climat des affaires ».

Dans une note publiée le 9 mars 2023, le FMI constate donc que l’« économie camerounaise se redresse, dans un contexte mondial incertain et plus difficile ». La croissance a atteint 3,4 % en 2022, soutenue par la hausse des prix du pétrole et de la production hors pétrole ; sur la période, l’inflation globale ressort à 6 %. Le déficit budgétaire global se résorbe, passant de 3 % du PIB en 2021 à environ 1,8 % en 2022, grâce aux recettes pétrolières. En revanche, le déficit primaire hors pétrole se creuse, passant de 3,9 % du PIB en 2021 à 4,5 % en 2022, sous l’effet principalement de l’augmentation des subventions sur les prix des carburants. Le FMI table sur une croissance du PIB de 4,3 % en 2023, et ressortir à 4,3% l’an à moyen terme.

 

Des perspectives favorables

Deux écueils en 2022 : le plancher du solde primaire hors pétrole à fin décembre 2022 n’a pas été satisfait, en raison de la hausse des prix du pétrole et de la dépréciation de la monnaie, qui ont entraîné une augmentation des dépenses liées aux subventions sur les prix des carburants. De plus le plafond concernant l’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs n’a pas été respecté. « Ce manquement s’explique par des retards de remboursement de la dette dus à des problèmes de gestion de la trésorerie en fin d’année, qui ont entre-temps été résolus », nuance le FMI, expliquant ainsi sa décision de passer outre ces écueils.

Bien que « résiliente » durant la crise sanitaire, l’économie camerounaise, comme les autres est confrontée à des défis accrus dans un environnement mondial incertain, juge le FMI qui veut là souligner l’« importance d’une mise en œuvre résolue des réformes ». Les accords appuyés par le FMI ont permis aux autorités de maintenir la stabilité macroéconomique et la croissance dans un contexte difficile. Les réformes structurelles doivent être accélérées pour renforcer la viabilité extérieure et budgétaire à moyen terme et faire progresser le Cameroun vers une croissance inclusive et résiliente grâce à une économie diversifiée. « Les perspectives à moyen terme du pays restent favorables. »

Bien que des mesures importantes aient été prises pour faire avancer les réformes structurelles longtemps retardées, les progrès sont lents dans certains domaines clés. Les autorités ont décidé de mettre en œuvre des mesures correctives pour remédier aux objectifs manqués et, de manière plus générale, accélérer les réformes.

Le relèvement des prix à la pompe ne satisfait pas forcément tous les Camerounais, mais répond aux préconisations du FMI
Le relèvement des prix à la pompe ne satisfait pas forcément tous les Camerounais, mais répond aux préconisations du FMI

 

« Les autorités sont déterminées à poursuivre leur assainissement budgétaire afin de contribuer à la stabilité macroéconomique, tout en mettant en place les bases d’une croissance inclusive et résiliente », juge ainsi le FMI. Qui se félicite que l’État ait pris la décision de réduire les subventions aux carburants, et pris des mesures visant à atténuer l’impact social.

« Pour libérer l’abondant potentiel de croissance du Cameroun, la mise en œuvre effective et résolue des réformes structurelles contenues dans la Stratégie nationale de développement est essentielle », conclut le FMI. Qui appelle en conséquence à « des mesures supplémentaires pour améliorer l’efficacité des investissements, renforcer l’inclusion financière et améliorer le climat des affaires ». Mesures qui doivent s’accompagner d’« un renforcement de la transparence, de la gouvernance et du cadre de lutte contre la corruption », et qui doivent « assurer la stabilité du secteur financier ».

@AB

 

Écrit par
Laurent Soucaille

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