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Cameroun : L’anacarde, au cœur de la diversification économique

Cameroun : L’anacarde, au cœur de la diversification économique
  • Publiéfévrier 17, 2020

Le Cameroun réaffirme son engagement en faveur de l’anacarde, escomptant devenir un acteur majeur de la filière dès 2023. Il engage les moyens nécessaires aux producteurs, aux transformateurs et aux promoteurs de cette noix de cajou.

Par Laurent Soucaille

Dans le domaine agricole, le Cameroun a très tôt choisi de privilégier l’anacarde, considéré comme une culture de rente.

Le ministre de l’Agriculture et du développement, Gabriel Mbaïrobe, vient de révéler que le budget de son ministère consacrerait, cette année, un peu plus d’un milliard de F.CFA (1,52 million d’euros) à la promotion et à la culture de la noix de cajou.

Le Cameroun a annoncé, dans le même temps son objectif de construire une usine de production du jus d’anacarde, et faire commercialiser les noix de cajou : 60 hectares sont ainsi déjà mis en valeur dans ce but.

Cet encouragement à la filière correspond à la « Stratégie nationale de développement de la chaîne de valeur de la filière anacarde », au Cameroun. Adoptée en octobre 2018, avec le concours de la coopération allemande (la GIZ), elle est régulièrement affinée depuis. Selon ses promoteurs, cette Stratégie a pour objet de faire du Cameroun un acteur important de l’anacarde à partir de 2023, a précisé le ministre, au cours de la conférence annuel des responsables des services de son ministère, le 6 février.

En effet, dès 2023, les producteurs camerounais pourront vendre sur le marché au moins 8 000 tonnes de noix de bonne qualité. Pour ce faire, ils auront bénéficié de divers appuis financiers et techniques, comme la mise à disposition de semences améliorées, la professionnalisation des unités de production de semence. La filière pourrait peser quelque 5,5 milliards de F.CFA en 2023, et constituer une importante source d’emplois et de revenus pour l’État.

Fort de ses ambitions, le pays a intégré Conseil international du cajou (CICC), organisation qui regroupe les pays cultivateurs d’anacardiers.

Le Cameroun ne cache pas son ambition de dupliquer des modèles qui commencent à faire leur preuve ailleurs en Afrique, notamment la Côte d’Ivoire où la culture de l’anacarde devient progressivement un contributeur significatif à la croissance économique. 

Le ministre camerounais de l’Agriculture ambitionne une production de 50 000 tonnes au cours de la campagne 2025.

Une géographie favorable

Le Cameroun part de zéro ou presque : la culture de l’anacardier était encore quasi inconnue dans le pays, il y a peu, bien que l’État réfléchisse à l’exploitation de cet arbuste originaire du Brésil, depuis près de 50 ans. Selon les spécialistes de la filière, l’arbuste peut être cultivé dans cinq régions du pays.

Il s’agit d’une partie de la région du Centre, de la région de l’Est, et dans les trois régions septentrionales du pays (Nord, Extrême-Nord et Adamaoua), dont le climat est adapté à cette culture des zones chaudes.

Dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua, le développement de la filière anacarde paraît particulièrement prometteur ; elle pourrait devenir la deuxième culture de rente dans cette partie du Cameroun, après le coton.

De nombreux emplois ruraux sont en jeu. Selon la stratégie nationale de développement de la chaîne de valeur de l’anacarde au Cameroun, 150 000 emplois peuvent être créés dans les bassins de production, dont un millier dans la transformation.

L’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) prévoyait, dès 2018, un programme visant à produire dix millions de plants d’anacardiers d’ici à 2021, quantité correspondant à la création d’environ 100 000 hectares de plantations dans le pays, puis 150 000 hectares en 2023.

Le Cameroun a annoncé, dans le même temps son objectif de construire une usine de production du jus d’anacarde, et faire commercialiser les noix de cajou : 60 hectares sont ainsi déjà mis en valeur dans ce but.

Diverses exploitations possibles du fruit

Sur le plan de l’économie nationale, l’anacarde participe de la nécessaire diversification de la production. Face à la chute drastique des cours du pétrole, les institutions financières tels le FMI et la Banque mondiale, rappellent aux pays africains de diversifier leurs économies et leurs sources régulières de revenus.

L’anacardier produit la noix de cajou et la pomme de cajou. C’est un arbre originaire du Nord-Est du Brésil. Son amande est comestible une fois cuite et constitue le produit utilisé de cette plante. Crue, l’amande est nocive, mais l’huile provenant de la coque toxique du fruit permet de fabriquer des vernis, des insecticides et des encres indélébiles.

En Afrique, la « pomme de cajou » sert à combattre les moustiques. Elle est souvent découpée et balancée dans une maison ou une dans une mare pour éliminer les larves de moustique. La noix est utilisée pour guérir les pathologies à forme sévère comme la lèpre.

À Madagascar, les feuilles d’anacardier sont utilisées sous la forme de bains de vapeur localisés pour le traitement des crises hémorroïdaires.

ENCADRE

La Côte d’Ivoire augmente ses prix

En Côte d’Ivoire, les prix de l’anacarde sont réglementés. Le gouvernement ivoirien vient d’augmenter légèrement le prix plancher du kilo, à 400 F.CFA, contre 375 F.CFA en 2019. Le pays s’attend à une hausse de la production cette année, à 800 000 tonnes.

Son principal souci est celui de la contrebande : quelque 200 000 tonnes par an partiraient directement au Ghana – plus attractif fiscalement –, pour y être exporté vers les pays asiatiques, échappant aux statistiques de production et aux taxes.

Le gouvernement « a autorisé le Conseil du coton et de l’anacarde à prendre des mesures de lutte conte les exportations frauduleuses, allant jusqu’à la saisie et la vente immédiate des produits saisis », a expliqué son porte-parole, le 5 février. Les Douanes ont diminué les taxes de sorties du pays afin de limiter les exportations illégales.

La Côte d’Ivoire transforme environ 16% de sa production, ce qui reste encore loin de l’objectif de 50% transformé.

Écrit par
Laurent Soucaille

3 Commentaires

  • Cet article est intéressant. l’anacardier ( anacardium occidentale) est un arbre aux multiples vertus. Que ce projet de la relance de la filière soit mené de mains de maîtres par des professionnels. Nous devons tenir compte des bonnes semences car en Afrique de l’Ouest, les variétés avec un out turn élevé (d’une manière générale avec gros noyaux) sont les plus prisées. La grosseur des noix détermine la qualité. L’anacardier est cultivé dans ces pays beaucoup plus pour son noyau et la pomme vient au second plan.

  • Grande est ma joie de savoir que la de L’est Cameroun est favorable à la culture de l’anacardier

  • Peut on cultiver l’anacarde avec d’autres cultures telles que le cacao, café

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