TICAD8 : les engagements auprès du privé

La Banque africaine de développement salue les efforts supplémentaires du Japon en direction du secteur privé, annoncés lors de la 8e TICAD, qui s’est tenue les 27 et 28 août à Tunis. Rendez-vous au cours duquel le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a vanté les qualités du continent auprès des investisseurs nippons.
Le Japon et la BAD (Banque africaine de développement) prévoient une coopération financière d’appui au secteur privé africain pouvant atteindre 5 milliards de dollars, d’ici à 2025, à destination du secteur privé, a-t-on appris lors de la TICAD de Tunis. Le financement se compose de 4 milliards $ au titre du guichet existant et d’un montant supplémentaire pouvant se porter à 1 milliard $ au titre d’un nouveau guichet spécial que le Japon instaurera. Dans ce cadre, le Japon accordera des financements aux pays qui font des progrès en matière de transparence et de viabilité de la dette et d’autres réformes, améliorant ainsi de manière régulière et significative la situation de leur dette.
« L’Afrique abrite un écosystème de technologies financières dynamique qui mène la révolution numérique sur le continent avec le plus fort potentiel pour en devenir le leader mondial. Le continent abrite 576 start-up dans le domaine des technologies financières et elles sont dirigées par des jeunes. »
Compte tenu de l’importance de la sécurité alimentaire, le Japon et la BAD feront également de l’agriculture et de la nutrition des domaines prioritaires du mécanisme, baptisé EPSA5 (Initiative d’assistance renforcée au secteur privé en Afrique). Il couvrira quatre domaines prioritaires que sont l’électricité, la connectivité, la santé, l’agriculture et la nutrition, pour répondre aux principaux défis de l’Afrique.
En marge de la TICAD Masato Kanda, vice-ministre des Finances pour les affaires internationales du Japon, a engagé son pays à soutenir les pays africains tout en respectant leurs propres initiatives. Et Akihiko Tanaka, président de la JICA (Agence japonaise de coopération internationale), a déclaré : « Face à la grave situation causée par de multiples crises, le renforcement de la résilience et la promotion de la sécurité humaine sont des éléments stratégiques de l’appui japonais à l’Afrique. L’EPSA est un volet essentiel de notre partenariat avec la BAD pour relever les défis sociaux et économiques auxquels le continent est confronté. La JICA s’engage à travailler avec l’EPSA pour créer un avenir brillant et prospère. »
Une initiative saluée par Akinwumi Adesina, le président de la BAD : « EPSA5 est le type de coopération dont l’Afrique et le monde ont besoin. Les impacts croissants du changement climatique, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine signifient que nous devons faire encore plus que ce que nous avons fait précédemment, pour mobiliser le secteur privé et créer des opportunités d’emploi en Afrique. La nouvelle initiative qui vient d’être signée aura un impact positif sur des millions de vies à travers l’Afrique. »
Durant cet événement de Tunis, Akinwumi Adesina a d’ailleurs exhorté les entreprises japonaises à investir davantage en Afrique, où, considère-t-il, les opportunités d’investissement et le rendement des investissements sont parmi les plus élevés au monde. Le patron de la BAD a félicité le gouvernement et le secteur privé japonais pour leur soutien ferme au développement de l’Afrique.
Répondre aux besoins de l’Afrique
Il a également exhorté les entreprises japonaises à évaluer les opportunités d’investissement en Afrique sur la base de faits et de preuves, et non sur la base de perceptions. « En 2020, Moody’s Analytics a réalisé une évaluation cumulative sur dix ans des taux de défaillance de la dette mondiale des infrastructures, par région. Il en ressort que l’Afrique est la région qui présente le deuxième plus faible taux de défaillance cumulé, après le Moyen-Orient. Cela prouve une fois de plus que l’infrastructure en tant que classe d’actifs en Afrique est solide, sûre et rentable. »
Les pays africains auront besoin de ressources financières importantes face aux chocs récents. « Le moment est venu de soutenir fermement le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique afin de mobiliser 25 milliards $ pour l’adaptation au changement climatique en Afrique, tout spécialement à l’approche de la COP-27 en Égypte », a déclaré Akiwumi Adesina.

Déjà, la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence, lancée en mai 2022, fournit 1,13 milliard $ à 24 pays pour financer la production alimentaire d’urgence, un montant qui devrait atteindre 1,5 milliard $. « Je suis ravi que la JICA fournisse un cofinancement supplémentaire de 518 millions $ pour soutenir cette facilité », a révélé le président de la BAD.
Au cours d’un forum organisé à l’intention des milieux d’affaires, Akinwumi Adesina a cité deux domaines dans lesquels il espère voir un renforcement de l’engagement du Japon envers l’Afrique : le commerce bilatéral et les investissements. Ce, alors que l’Afrique ne représente que 0,003 % des 2 000 milliards de dollars d’investissements directs étrangers du Japon dans le monde.
Selon Akinwumi Adesina, les entreprises japonaises qui avaient fait preuve d’audace dans leurs investissements en Afrique étaient celles qui prospéraient. Il a donné l’exemple de Toyota Tsusho dont les investissements dans des usines automobiles en Afrique du Sud ont généré 8,5 milliards $ de revenus en mars 2022. Il a cité d’autres réussites similaires comme Komatsu et Mitsubishi Heavy Industries.
Une kyrielle d’accords
Guère étonnant : « L’Afrique abrite un écosystème de technologies financières dynamique qui mène la révolution numérique sur le continent avec le plus fort potentiel pour en devenir le leader mondial. Le continent abrite 576 start-up dans le domaine des technologies financières et elles sont dirigées par des jeunes. »
Et Akinwumi Adesina de citer d’autres secteurs d’investissement vitaux, dont la production des batteries au lithium qui alimentent les véhicules électriques, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables, notamment l’hydroélectricité, l’éolien et la géothermie.
La TICAD8 a également donné lieu à la cérémonie de signature de 91 protocoles d’accord que le gouvernement et les entreprises du Japon ont conclus avec des sociétés ou des gouvernements africains.
Les protocoles d’accord comprennent notamment des projets dans les cinq régions d’Afrique visant à développer les compétences techniques des ressources humaines et les solutions vertes en matière d’hydrogène, de dessalement de l’eau et de géothermie.
De gauche à droite : Masato Kanda, vice-ministre des Finances pour les affaires internationales du Japon ; Akinwumi Adesina, président de la BAD, Akihiko Tanaka, président de la JICA, l’Agence japonaise de coopération internationale.
@AB