Appui de l’Arabie saoudite à la Tunisie

Après l’Union européenne, l’Arabie saoudite aide la Tunisie à sortir de l’impasse financière, lui accordant un prêt à faible intérêt de 400 millions de dollars. Cet appui pourrait faciliter des accords avec d’autres pays du Golfe.
Faute d’accord avec le FMI, la Tunisie reçoit l’aide de différents partenaires. L’Arabie saoudite va octroyer 500 millions de dollars en « prêt concessionnel et don » au pays d’Afrique du Nord, confronté à une importante crise financière, ont annoncé les médias saoudiens le 20 juillet 2023.
Sous le regard de la cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, le ministre saoudien des Finances Mohammed al-Jadaan et son homologue tunisienne Sihem Boughdiri, « ont signé à Tunis un accord de prêt concessionnel d’un montant de 400 millions de dollars », a ainsi révélé l’agence de presse saoudienne officielle SPA. Les deux dirigeants ont également signé « un protocole d’accord prévoyant l’octroi d’un don de 100 millions $ ». Le ministre saoudien a mis en avant le « rôle pivot », que joue son pays auprès des pays arabes et musulmans sur le plan du développement et de l’économie, ajoute l’agence SPA.
« Dès que les conditions seront remplies », l’Union européenne pourra concrétiser sa promesse d’aider le pays à hauteur de 900 millions d’euros, sous forme de prêts étalés sur plusieurs années.
Il a considéré que cette convention témoigne de la « solidité » des relations entre les deux pays et des efforts déployés par l’Arabie saoudite pour soutenir la relance de l’économie tunisienne. Il a estimé que le prêt et la prime accordés à la Tunisie en vertu de cette convention serviront également à ouvrir de nouveaux canaux de financement pour la Tunisie avec d’autres pays frères et amis et des institutions financières régionales et internationales.
Ryad avait déjà accordé un prêt de 500 millions $ à la Banque centrale de Tunisie en 2019. Pourtant, en janvier 2023 lors du sommet de Davos, Mohammed al-Jadaan avait prévenu que l’Arabie saoudite avait « changé sa façon d’aider » ses partenaires, donnant la priorité à son propre développement.
De son côté, l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Tunis, Abdelaziz Ben Ali Sakr a affirmé aux médias que « la convention vise essentiellement à soutenir l’économie tunisienne qui sortira de sa crise ». Il a précisé que « le soutien financier de l’Arabie saoudite à la Tunisie dépasse les 2,2 milliards $ et couvre plusieurs domaines notamment l’énergie, la santé, l’agriculture… ». Des accords porteraient sur 49 projets identifiés.
Endettée à environ 80% de son PIB, la Tunisie négocie depuis près de deux ans un nouveau crédit de près de 2 milliards de dollars du FMI, sans parvenir, pour le moment, à un accord.
Un partenariat gagnant-gagnant avec l’Union européenne ?
Le président tunisien Kaïs Saïed rejette les réformes préconisées par le Fonds, en particulier sur le soutien aux ménages. Exigences qualifiées de « diktat » par le dirigeant tunisien.
La Tunisie est également affectée par la flambée des prix des céréales. Celle de 2022 après le déclenchement de la guerre en Ukraine et celle redoutée pour les mois qui viennent, après la fermeture du corridor en mer Noire permettant l’acheminement de certains stocks de céréales.
Le 16 juillet, l’Union européenne et la Tunisie ont signé un accord portant sur « un partenariat stratégique complet », portant à la fois sur la lutte contre l’immigration irrégulière, le développement économique du pays et les énergies renouvelables. Cet accord prévoit une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration régulière et une aide budgétaire de 150 millions pour soutenir la Tunisie face à sa crise financière.
L’accord prévoit une série de « coopérations » dans l’agriculture, l’économie circulaire, la transition numérique, le transport aérien, les investissements.
Dans le but de prévenir les migrations, les deux parties conviennent de « favoriser un développement durable dans les zones défavorisées à fort potentiel migratoire en soutenant l’autonomisation et l’employabilité des Tunisiens en situation de vulnérabilité, notamment par l’appui à la formation professionnelle, à l’emploi et à l’initiative privée », souligne un document officiel. De son côté, la Tunisie, qui réaffirme ne vouloir que « protéger ses propres frontières », s’engage à collaborer avec l’Union européenne dans ce dossier.
« Dès que les conditions seront remplies », l’Union européenne pourra concrétiser sa promesse d’aider le pays à hauteur de 900 millions d’euros, sous forme de prêts étalés sur plusieurs années. L’ennui est que ces « conditions » sont précisément un accord avec le FMI…

@AB