Appui au rebond de l’économie sénégalaise

Le Sénégal bénéficie d’un coup de pouce du FMI de 215,96 millions de dollars afin de faire face à la conjoncture et de poursuivre les réformes visant à mieux mobiliser ses ressources. L’année 2023 sera celle du rebond.
Le ralentissement de la demande extérieure, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le resserrement des conditions financières et l’appréciation du dollar ont un impact négatif sur l’économie sénégalaise, observe l’institution de Bretton Woods. Le FMI (Fonds monétaire international) rappelle combien le pays face à « de multiples défis », notamment une insécurité régionale accrue et une demande sociale croissante dans un contexte de renchérissement du coût de la vie. Le FMI a ajusté à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022 (+4,7 %), dans un contexte inflationniste, tandis que les finances publiques sont soumises à des pressions croissantes.
Après le dramatique accident de bus survenu dans la région de Kaffrine, le 8 janvier, le gouvernement sénégalais a décidé en urgence une série de mesures afin de renforcer la sécurité routière.
C’est dans ce contexte que le FMI décaisse 215,96 millions de dollars, sous forme de DTS (Droits de tirage spéciaux). Par cette aide, le FMI veut aussi soutenir la détermination du Sénégal à maintenir son déficit budgétaire à 6,2% en 2022, grâce à des mesures de recettes supplémentaires et à des économies destinées à compenser des subventions à l’énergie plus importantes. Le gouvernement s’engage à accélérer l’assainissement budgétaire pour contenir le déficit budgétaire de 2023 en dessous de 5 % du PIB, tout en renforçant leur réponse pour alléger le poids de la crise du coût de la vie.
La recette est simple, du moins sur le papier : pour réduire les subventions à l’énergie en 2023, le gouvernement augmente certains prix de l’électricité et des carburants, tout en amortissant l’impact sur les ménages vulnérables. En outre, il suit une feuille de route visant à supprimer progressivement les subventions à l’énergie d’ici 2025.
« Conjugués à une meilleure mobilisation des recettes, ces efforts devraient contribuer à reconstituer les marges budgétaires et à placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante à moyen terme », valide le FMI. Qui constate que « des progrès significatifs ont été réalisés dans l’amélioration de la transparence et de la responsabilité ».
Surveiller les transferts illicites de capitaux
Le rapport d’audit de la Cour des comptes sur l’utilisation des fonds Covid-19 a été publié et les autorités envisagent des mesures pour remédier aux faiblesses dans la gestion des dépenses. L’adoption d’un nouveau code des marchés publics favorisera également des appels d’offres plus ouverts et plus compétitifs. Enfin, le cadre fiscal pour la gestion des revenus des hydrocarbures devrait être mis en place rapidement afin de s’assurer que ces ressources profiteront au développement du Sénégal.
En effet, les perspectives de croissance à moyen terme semblent « plus favorables » avec le démarrage de la production de pétrole et de gaz à la fin de 2023, « à condition que des politiques appropriées soient mises en œuvre », prévient le FMI.
Il n’en reste pas moins que le Sénégal restera confronté aux contraintes extérieures qui ont déjà pénalisé le pays ces derniers mois. Et le FMI d’approuver l’adoption d’un nouveau Code des marchés publics, qui « contribuera à réduire le recours aux appels d’offres non concurrentiels ». Les réformes doivent se poursuivre, notamment pour remédier aux faiblesses de la gestion des dépenses publiques. « Enfin, les insuffisances du cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme doivent être résolues de toute urgence afin de minimiser les risques pour le secteur financier et pour l’économie. »
En bref
La sécurité routière, un enjeu de société et une contrainte économique
Après le dramatique accident de bus survenu dans la région de Kaffrine, le 8 janvier, le gouvernement sénégalais a décidé en urgence une série de mesures afin de renforcer la sécurité routière. D’ici quelques jours, le Sénégal se dotera d’une structure autonome chargée d’appliquer strictement le Code de la route. Il est désormais interdit aux transports publics de voyageurs de rouler la nuit, tandis que le transport de marchandises à Dakar sera davantage encadré. L’État interdit les véhicules de plus de dix ans dans le transport de personnes et de quinze ans pour les véhicules de marchandises.
Le Sénégal dispose déjà d’un programme de modernisation de renouvellement de son parc de véhicule, son application sera accélérée. L’État va également interdire l’importation de pneus d’occasion, et rendre obligatoire (et gratuit) un contrôle technique à Dakar pour les véhicules de transports de personnes et de marchandises. Des centres de contrôle seront progressivement ouverts dans les régions. D’autres dispositions interdisent la transformation de véhicules et durcissent la législation relative à la sécurité routière des véhicules légers et des motos.
Selon l’OMS, près de 27 000 personnes sont victimes d’accidents sur la voie publique chaque année au Sénégal, dont 11 000 à Dakar.
@AB