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African Business

Approfondir l’intégration régionale

Approfondir l’intégration régionale
  • Publiémars 21, 2023

Un rapport présenté à la CEA (Commission économique pour l’Afrique) pointe les lenteurs dans la mise en œuvre du libre-échange ainsi que des autres engagements pris en faveur d’une meilleure intégration économique. D’autre part, l’économiste Kako Nubukpo est candidat au poste de secrétaire exécutif de la CEA.

 

La 55e session de la CEA (Commission économique pour l’Afrique) achève ses travaux ce jour ; les pays africains doivent accorder leurs actions pour accélérer la reprise du continent et rendre les économies plus résilientes, en réduisant les inégalités. Lors des premiers jours de la cession, Stephen Karingi, directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce, a présenté un rapport sur l’évaluation des progrès en matière d’intégration régionale.

« Les pays africains ont fait des progrès louables dans la mise en œuvre du programme d’intégration régionale et de la promotion du commerce intra-régional, mais il reste encore du travail à faire pour accélérer la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) et la ratification du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de Résidence et d’établissement. »

Les participants du Burkina Faso, du Tchad, de la Tanzanie, de la Côte d’Ivoire et de la Tanzanie ont fait part de leurs préoccupations concernant l’aggravation de l’insécurité, la médiocrité des infrastructures et le coût élevé des communications transfrontalières qui entravent le processus d’intégration.

Les États membres, juge le rapport présenté, devront relever les défis de l’intégration, notamment de l’insuffisance des ressources financières ; des réseaux d’infrastructures médiocres ; de l’augmentation de la violence, du terrorisme et de l’instabilité politique. En outre, le programme d’intégration connaît une mise en œuvre lente des politiques et des accords. Par exemple, le Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement doit être ratifié car « il constitue le fondement du renforcement de l’intégration car il interagit avec la capacité de déplacer des biens et des services et contribue à optimiser la ZLECAf », a expliqué le rapporteur Karingi.

« Les États membres, les Communautés économiques régionales, les partenaires clés et les parties prenantes doivent fournir des efforts collectifs pour réaliser les avantages économiques de l’intégration et jouir de la zone de libre-échange. »

 

Déficit d’infrastructures

De son côté, la CEA a développé un prototype de modèle macroéconomique et fourni un appui et une formation dans quinze pays afin de les soutenir dans la formulation et la mise en œuvre de leur politique économique et de renforcer l’intégration macroéconomique. Par exemple, sur le plan budgétaire, la CEA a soutenu la réforme de la politique fiscale et le recouvrement des recettes en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Zambie.

L’Afrique reste contrainte par d’énormes déficits d’infrastructures dont le besoin de financement annuel est estimé entre 130 et 170 milliards de dollars, et le déficit de financement annuel compris entre 68 et 108 milliards $. Les technologies de l’information et des communications, qui constituent un moteur important de l’indice de développement des infrastructures en Afrique, ont connu des progrès en matière d’accès. La pandémie a accéléré la numérisation en Afrique qui en retour a créé un plus grand potentiel de croissance du commerce et des entreprises. Une dynamique ralentie depuis.

La hausse des prix de l’énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine, a mis à rude épreuve les pays africains, en particulier ceux qui sont importateurs nets d’énergie. La demande énergétique de l’Afrique est principalement tirée par le Nigeria, l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique du Nord.

L’Afrique est au cœur des transitions soutenables

Antonio Pedro, secrétaire exécutif par intérim de la CEA, a rappelé les efforts de collaboration, venant y compris des Nations unies, de l’Union africaine et des Communautés économiques régionales. Ces efforts continuent d’être déployés pour répondre aux menaces à la paix et à la sécurité, participer à la gestion et à la résolution des conflits, et endiguer la vague de terrorisme et de coups d’État sur le continent. Il a reconnu que les résultats étaient « mitigés ».

« Pour favoriser l’intégration régionale sur le continent, la CEA continuera de donner la priorité au soutien qu’elle fournit aux États membres, aux Communautés économiques régionales, à la Commission de l’Union africaine et au secrétariat de la ZLECAf », a conclu Antonio Pedro.

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En bref

Kako Nubukpo candidat au poste de secrétaire exécutif

 

L’économiste Kako Nubukpo, actuel commissaire de l’UEMOA, a officiellement fait acte de candidature au remplacement de Vera Songwe à la tête de la CEA. La décision appartient au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Le candidat a reconnu, dans un message sur les réseaux sociaux, que « nous sommes nombreux à être capables de diriger cette institution ». Cette fois, l’économiste peut faire état du soutien de son pays, le Togo.

Agé de 54 ans, Kako Nubukpo s’est distingué ces dernières années par ses prises de paroles tranchées, parfois à contre-courant du consensus politique ou économique. Il soutient l’abandon du franc CFA, s’opposant aux ajustements portés par la Côte d’Ivoire et la France.

Sans s’opposer à la ZLECAf, il en déplore le déploiement en ordre dispersé et l’aggravation des inégalités, qui risque, selon lui, de découler du libre-échange. Tant vis-à-vis de l’extérieur qu’à échelle régionale, il prône d’ailleurs un certain protectionnisme. Il prône par exemple une solidarité budgétaire entre les pays plus avancés et ceux plus en retard, notamment en matière de productivité. Et émet quelques réserves sur la stratégie d’exploitation des matières premières engagée par certains pays africains, rappelant les erreurs passées et les défis de l’avenir, autour du développement durable.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

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