Amini collecte de précieuses données climatiques

La start-up africaine reçoit 2 millions de dollars en capital pour généraliser sa plateforme d’infrastructure de données climatiques. Un outil précieux de cartographie pour les agriculteurs et leurs partenaires, ainsi que pour les spécialistes du climat.
Amini Corp. a pour mission de combler le déficit de données environnementales en Afrique grâce à l’IA et à la technologie satellite. L’entreprise vient de lever 2 millions de dollars de capitaux dans le cadre d’une pré-série – sursouscrite –, menée par Pale Blue Dot, l’un des principaux fonds européens de technologie climatique. Parmi les autres investisseurs figurent Superorganism, RaliCap, W3i, Emurgo Kepple Ventures et un réseau d’investisseurs de la communauté technologique mondiale.
Amini est également la première entreprise africaine à avoir été admise à participer au très sélectif Seraphim Space Accelerator, un programme dont les participants sont sélectionnés parmi les 2 % des meilleures start-up géospatiales au monde.
On le sait, l’Afrique, où se trouvent 65 % des terres arables non cultivées et 30 % des ressources minérales du monde, ne représente que 3 % du PIB mondial. Cette disparité s’explique en partie par le manque de données fiables, un problème qui freine le développement de l’Afrique depuis des décennies en entravant les décisions commerciales, les investissements et en compliquant la mesure de l’impact du changement climatique sur le continent.
Au cours des six premiers mois de son activité, l’entreprise a créé une plateforme d’agrégation et d’analyse de données qui collecte, unifie et traite les données satellitaires, les données météorologiques et d’autres types de données jusqu’au mètre carré près. Cet outil donne accès à de précieuses analyses de données environnementales sur la sécheresse, les inondations, la qualité des sols et les récoltes. Ces données peuvent être traitées de manière à prévoir en quelques secondes les rendements des récoltes de millions de petits fermiers, ainsi que pour mesurer l’impact des catastrophes naturelles dans la région.

Basée à Nairobi (Kenya), Amini a été fondée pour remédier au déficit des données en Afrique, faciliter les investissements, promouvoir la résilience climatique et accélérer les opportunités de développement économique dans la région. Les premiers clients d’Amini ont été les assureurs agricoles, conscients de l’intérêt que présentent les données granulaires, vérifiables et exploitables de la plateforme pour améliorer la résilience des agriculteurs grâce à une couverture d’assurance agricole paramétrique (ou assurance indicielle). Cette collaboration, qui privilégie l’agriculture régénératrice, vise à soutenir à la fois les agriculteurs africains et les chaînes alimentaires mondiales.
Une aide aux solutions climatiques
Si, à l’origine, l’entreprise se concentrait principalement sur le secteur de l’assurance, aujourd’hui elle se diversifie rapidement vers la surveillance des chaînes alimentaires, notamment du « dernier kilomètre » ou des premières étapes des chaînes d’approvisionnement mondiales. Cette expansion prendre disposition de mesures précises pour réduire leur empreinte carbone et être capables de d’exposer leur impact environnemental.
Les futures réglementations mondiales, telles que les règles de divulgation climatique de la SEC (le gendarme des marchés financiers) et le Pacte vert pour l’Europe, vont accélerer ces besoins. Ces réglementations imposent aux entreprises importatrices de produits comme le café, le cacao, le bois et l’huile de palme, de posséder une connaissance approfondie de leur chaîne d’approvisionnement et de l’impact de celle-ci sur la déforestation et la dégradation de l’environnement, dans les moindres détails et ce jusqu’au « dernier kilomètre ».
Heidi Lindvall est associée générale du fonds Pale Blue Dot. Elle résume le contexte de l’opération : « La rareté des données environnementales de haute qualité en Afrique est préoccupante car elle empêche d’autres acteurs d’élaborer des solutions climatiques essentielles, comme l’amélioration de l’assurance des agriculteurs, de la surveillance des risques climatiques et des chaînes d’approvisionnement. »
Son fonds a donc décidé de faire confiance à l’équipe d’Amini. Laquelle combine de manière unique les talents, l’expertise et la solide expérience de l’utilisation des technologies innovantes nécessaires pour relever les défis spécifiques à l’Afrique. Kate Kallot (photo ci-contre), fondatrice et PDG d’Amini, considère que sa société constitue « la seule source de données environnementales fiables et exactes relatives à l’Afrique ». Quoi qu’il en soit, « ces données sont nécessaires à la transformation des moyens de subsistance, car elles sous-tendent le progrès, de la résilience climatique aux chaînes de valeur durables ».
Lorsque Amini atteindra son plein potentiel et résoudra ce problème, l’« Afrique sera prête à se transformer et à se développer considérablement dans les dix années à venir », juge l’entrepreneure. Qui reconnaît : « Le chemin pour y parvenir est encore long, mais les succès déjà obtenus par des clients et l’intérêt que nous portent entreprises, organisations internationales et gouvernements nous montre que nous sommes sur la bonne voie. »
@AB