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Agriculture : l’alternative des pommes de cajou

Agriculture : l’alternative des pommes de cajou
  • Publiéavril 4, 2023

Vous connaissez sans doute l’emblématique noix de cajou, l’une des cultures les plus célèbres d’Afrique de l’Ouest, mais vous connaissez sans doute mal la pomme de cajou, le jumeau bulbeux d’où sort la noix, et ses bienfaits dans l’alimentation.

 

Alors que la noix est exportée dans le monde entier, la pomme de cajou, moins glamour, est en grande partie laissée à l’abandon : 90 % des 36,9 millions de tonnes retournent dans le sol.

Mais deux femmes sont en train de changer les mentalités et de transformer ces déchets de fruits en substituts de viande, profitant ainsi de l’explosion de la demande de fausse viande en Europe et en Amérique du Nord, qui représentera plus de 7,9 milliards de dollars en 2022.

« Les gens adorent le produit, mais le problème que nous rencontrons actuellement est que la demande est beaucoup plus importante que l’offre. »

Latifa Diédhiou, cofondatrice de Nutrivie, une start-up sénégalaise qui développe une viande de cajou, estime que la pomme de cajou est l’avenir des viandes d’origine végétale. « La pomme de cajou est unique », estime l’entrepreneure. « Sa texture et sa couleur sont semblables à celles de la viande, avec un goût neutre, ce qui est parfait pour ajouter des saveurs de viande. »

Toutefois, « chaque année, les producteurs de noix de cajou souffrent parce qu’ils n’en ont pas l’usage », explique Latifa Diédhiou, qui a trouvé ce produit par inadvertance lorsqu’elle a rencontré des agriculteurs de la région de Casamance, productrice de noix de cajou, qui cherchaient désespérément à utiliser ce fruit abondant à bon escient.

 

Un goût appréciable

« Les agriculteurs n’arrêtaient pas de me demander comment trouver une solution pour ces pommes de cajou », se souvient Latifa Diédhiou. En collaboration avec des chercheurs de l’Institut agro Montpellier en France, elle a découvert que sa texture fibreuse, son goût neutre et sa couleur convenaient parfaitement aux substituts de viande, et a lancé la start-up en 2020.

Les investisseurs ont également repéré ce potentiel, accordant à Nutrivie 15 000 dollars dans le cadre d’un programme d’accélération pour les entreprises promouvant l’égalité des sexes et l’action contre le changement climatique, géré par l’ONG environnementale AICCRA. Ce processus a ouvert la porte à d’autres investissements de la part de We Capital, une société de capital-risque dirigée par des femmes.

« Tout le monde est gagnant », commente Ena Derenoncourt, spécialiste de l’investissement à l’AICCRA. « C’est un produit très innovant qui valorise les produits locaux et réduit les déchets… Je la vois s’agrandir, développer sa stratégie de marketing et obtenir toutes les certifications requises pour exporter à l’échelle internationale. »

Latifa Diedhou, patronne de Nutrivie.
Latifa Diedhou, patronne de Nutrivie.

 

Linnéa Falkinger a pensé au marché lucratif de l’exportation lorsqu’elle a goûté ce qu’elle pensait être un ragoût de viande avec des amis sénégalais en Casamance. « J’ai été très surprise lorsqu’ils m’ont dit qu’il s’agissait d’une pomme de cajou », raconte l’entrepreneuse suédoise. Le produit ne présente pas ce goût désagréable que l’on peut avoir avec d’autres substituts de viande.

La Suédoise a travaillé avec une coopérative dirigée par des femmes pour développer le produit et lancer sa marque, Cashewmeetly, sur la scène internationale.

Son désir de construire des usines et des capacités de transformation en Afrique contraste fortement avec le modèle d’exportation traditionnel, dans lequel les entreprises étrangères profitent des matières premières africaines, les transforment en dehors du continent et les pays africains importent le produit final : « 95 % des noix de cajou cultivées en Afrique sont exportées et transformées dans un autre pays, et seuls 5 % des emplois restent locaux », explique Linnéa Falkinger. « En créant cette marque, j’ai voulu ouvrir l’autoroute du marché international à l’Afrique, tout en créant un modèle d’entreprise qui maintient les emplois locaux et réinvestit dans l’avenir du pays. »

Elle espère créer 500 emplois, principalement pour les femmes, en construisant son usine à Ziguinchor, en Casamance. Mais cela s’accompagne de complications et met en lumière les défis plus importants auxquels est confrontée l’ambition du gouvernement sénégalais de révolutionner sa capacité de transformation.

« Le marché est prêt pour la viande de cajou, mais le plus grand défi est d’augmenter la production locale », juge Linnéa Falkinger, qui souligne que les retards de construction et d’autres difficultés constituent des obstacles constants. « Les gens adorent le produit, mais le problème que nous rencontrons actuellement est que la demande est beaucoup plus importante que l’offre. »

Agriculture : de la subsistance à l’entreprise

@AB

 

Écrit par
Jack Thompson

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