Afrique de l’Ouest : L’urgence d’un marché régional de l’électricité

Six pays ouest-africains engagés dans l’amélioration de l’interconnectivité électrique reçoivent le soutien de la Banque mondiale. Des investissements nécessaires face au retard de la région, au fort potentiel énergétique.
Par Kimberly Adams
La Banque mondiale (BM) établit un constat simple : seulement 50 % de la population en Afrique de l’Ouest a accès à l’électricité, qui plus est à un coût parmi les plus élevés du monde, et notamment deux fois supérieur au prix observé globalement en Afrique de l’Est. En outre, en raison des dysfonctionnements des réseaux, les services d’électricité sont loin d’être fiables, avec des coupures qui atteignent en moyenne 44 heures par mois.
Les retombées économiques du marché régional de l’électricité sont évaluées à 665 millions de dollars par an pour l’ensemble des pays concernés, avec une réduction d’un tiers du coût moyen de la production d’électricité dans la région.
La demande intérieure dans les pays d’Afrique de l’Ouest est souvent trop faible pour attirer des investissements dans de grands projets, capables de réaliser des économies d’échelle. De ce fait, ces pays dépendent généralement de petites centrales au fioul très coûteuses. Et, en l’absence de planification, ils sont contraints de louer des centrales électriques, ce qui augmente encore les coûts.
« Il est donc essentiel que les pays voisins collaborent entre eux pour améliorer l’accès à une électricité fiable en Afrique de l’Ouest », réitère la BM. Qui salue, depuis sa création, le système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA), lequel rassemble 14 pays et leurs 27 entreprises nationales d’électricité.
Afin d’appuyer les initiatives en Afrique de l’Ouest, notamment auprès des pays de la Cedeao (Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest), les administrateurs de la BM ont approuvé le versement d’une enveloppe de crédits et de dons. L’ensemble porte sur un montant total de 300 millions de dollars, destinés à soutenir les échanges transfrontaliers d’électricité en Afrique de l’Ouest.
Il est baptisé « Programme de financement à l’appui des politiques de développement pour le commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest ». Et a pour objectif de lever les obstacles aux échanges d’électricité, avec à la clé des tarifs plus bas pour les consommateurs, une compétitivité accrue pour les entreprises et un approvisionnement plus résilient et fiable.
Des échanges facilités
Les pays membres de la Cedeao collaborent depuis une dizaine d’années à la constitution d’un marché de l’électricité totalement intégré, dans le cadre du système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain.
Ils auront achevé, d’ici quelques années, les principales interconnexions qui permettront de relier leurs réseaux. Le programme approuvé aujourd’hui vient appuyer l’application d’une série de réformes nouvelles. Les pays concernés – Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Liberia, Mali et Sierra Leone –, faciliteront des échanges transfrontaliers d’électricité produite à partir de gaz naturel, d’énergie hydraulique et renouvelable. Lesquelles sont plus propres et à bas coût.
Ces sources d’approvisionnement permettront de remplacer les petites centrales au fioul et les générateurs à diesel et d’améliorer l’efficacité des services d’électricité.
« L’Afrique de l’Ouest possède un immense potentiel dans la production d’énergie propre et verte, dont les pays peuvent tirer parti, en s’unissant, pour fournir à leurs habitants une électricité meilleur marché et favoriser la création d’emplois, souligne Ousmane Diagana.