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Ngozi Okonjo-Iweala, une femme africaine à la tête de l’OMC

Ngozi Okonjo-Iweala, une femme africaine à la tête de l’OMC
  • Publiéfévrier 15, 2021

Sans surprise, les 164 membres de l’Organisation mondiale du commerce ont désigné « Dr Ngozi » au poste de directrice générale. Le couronnement d’une longue carrière passée dans les institutions internationales et au Nigeria. Des dossiers essentiels attendent Ngozi Okonjo-Iweala.

Par Paule Fax

Cette fois, c’est fait. Ngozi Okonjo-Iweala a été nommée, ce 15 février, directrice générale de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Cette désignation n’est pas une surprise, dans la mesure où la Nigériane était la seule candidate, depuis le 5 février. Son élection avait été compromise, les mois précédents, par l’hostilité des États-Unis, mais le changement d’administration à la Maison-Blanche a changé la donne.

Donald Trump conditionnait le vote des États-Unis à une réforme de l’OMC, organisation qu’il juge trop favorable aux pays en développement et à la Chine. Le président Joe Biden a préféré calmer le jeu et rejoindre la candidature de Ngozi Okonjo-Iweala, qui faisait quasi-consensus.

Ngozi Okonjo-Iweala devra mener des négociations cruciales pour l’industrie de pêche, aux dimensions économiques, sociales, environnementales, majeures. Elle lancera un tour de table sur les nouvelles technologies. Et apaiser les tensions entre Chine et États-Unis. 

Pour l’OMC, cette décision met fin à un suspens qui durait depuis l’annonce, en mai 2020, du départ de son directeur général, Roberto Azevedo. Un départ pour « convenances personnelles » – en fait, pour un poste dans le privé –, qui avait fragilisé l’institution, empêchant cette dernière de jouer un rôle d’arbitre, ou tout du moins de modérateur, en pleine crise sanitaire mondiale.

Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, est donc la première femme et la première représentante africaine à la tête de l’OMC. Depuis sa création en 1995, l’Organisation a été dirigée par trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien. Un choix qui, au fond, n’a rien d’étonnant.

La nouvelle élue, fille d’enseignants (mère sociologue et père économiste !), baigne depuis sa jeunesse dans les débats qui agitent la planète. Élevée par sa grand-mère, elle a toutefois connu une prime enfance modeste, dans une petite ville du Nigeria. « J’ai vu ce que signifiait la pauvreté », se souvient-elle.

Ministre des Finances au Nigeria

Cette condition ne durera pas longtemps. Ngozi Okonjo-Iweala obtient, à 19 ans, son billet d’entrée pour Harvard, qu’elle quitte, diplômée, pour rejoindre le MIT où elle décroche un doctorat en Sciences économiques (spécialité développement régional), en 1981.

Diplômes prestigieux en poche, elle rejoindra, dès 1982, la Banque mondiale, où elle restera 25 ans. En 2012, alors numéro 2 de l’institution, elle échoue à en devenir la présidente, face à Jim Yong Kim. Ces derniers mois, elle présidait le conseil d’administration de Gavi Alliance, en charge de l’accès et du financement de la vaccination contre la Covid-19 en Afrique. Elle devra laisser cette responsabilité à un autre représentant de l’Union africaine.

Durant sa carrière, Ngozi Okonjo-Iweala a régulièrement effectué des retours professionnels au Nigeria. Dont elle a été, entre autres responsabilités, la ministre des Finances de 2003 à 2006 sous la présidence d’Olusegun Obasanjo, puis de 2011 à 2015, sous le mandat de Goodluck Jonathan. On se souvient de la réforme de 2012 visant à ne plus subventionner le prix de l’essence.

Réforme qui lui valut les honneurs des cercles économiques internationaux, mais aux conséquences sociales longues à absorber. Elle se taille une réputation d’ultra-libérale, privatisant une grande partie des actifs publics du Nigeria, et luttant contre la corruption.

À ce sujet, si son nom est parfois cité dans certains dossiers litigieux, elle n’est jamais poursuivie. En 2014, le Time la classe parmi les 100 personnes les plus influentes au monde ; en 2015, c’est Fortune qui la place parmi les 50 plus grands leaders internationaux.

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Par Paule Fax

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