Economie : Des investisseurs optimistes

Les investisseurs restent largement confiants dans l’avenir de l’Afrique, selon le dernier baromètre Havas-CEA, même si la confiance s’érode quelque peu, en raison de l’incertitude actuelle. Ils privilégient le Rwanda et le secteur des infrastructures.
Par Paule Fax
L’agence Havas Horizons, en partenariat avec la CEA (Commission des Nations unies pour l’Afrique) publie la 5e édition de son baromètre.
La filiale du groupe Havas dédiée aux pays émergents a interrogé de nombreux investisseurs publics et internationaux, lesquels ont livré leur perception sur le financement de la croissance africaine à horizon 2030, ainsi que sur les dynamiques économiques et les tendances d’avenir du continent. Dans l’ensemble, l’heure est toujours à l’optimisme, pour 84,9% d’entre eux.
Évoquant la Zone de libre-échange continentale, les investisseurs interrogés considèrent qu’elle aura pour principaux avantages d’harmoniser les systèmes juridiques, réglementaires et fiscaux, d’éliminer les obstacles à la libre circulation des personnes et de réduire les barrières à l’échange.
Au regard des précédents sondages, la perception des investisseurs a fortement évolué, et ce dans de nombreux domaines, confirmant ainsi les mutations continues d’un continent en plein essor.
« Les investisseurs internationaux consacrent la constitution de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), d’un marché africain plus large, mieux intégré et dont les barrières au commerce sont appelées à disparaître » se réjouit Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA.
« La ZLECAf donnera un coup de pouce aux échanges intra-africains et doit servir de tremplin à l’industrialisation du continent ainsi qu’à la diversification tant souhaitée de son économie. »
Un avis partagé par Antoine Hillion (Havas). Selon qui « les investisseurs internationaux demeurent confiants quant à l’avenir du continent et réaffirment tout au long de l’étude leur engagement à maintenir leur soutien à la croissance en Afrique sur le long terme ».
Cette confiance renouvelée, dans une période d’incertitude, constitue « avant tout une reconnaissance des dynamiques économiques de fonds qui animent les marchés africains depuis près de deux décennies. Une conviction que l’Afrique est aujourd’hui résolument engagée sur la voie de la prospérité ».
L’Afrique de l’Est en tête
Le continent est toujours perçu comme une région particulièrement attractive. On note toutefois que cet optimisme est en légère baisse (il était de 100% en 2015 et de 92% en 2018) ce que les auteurs de l’étude considèrent comme caractérisant « le passage de l’ère de l’afro-optimisme à celle de l’afro-réalisme ».
Fait nouveau : le Rwanda paraît le pays le plus attractif aux yeux des investisseurs. Ils sont 48% à placer ce pays d’Afrique de l’Est en tête de leur palmarès, devant le Nigeria (24,3%) et l’Éthiopie (21,6%). Le Rwanda n’était que 12e lors de l’enquête conduite en 2015. Par rapport à la dernière étude de 2018, la Côte d’Ivoire et le Kenya sortent du trio de tête.
D’ailleurs, par région, l’Afrique de l’est représente désormais le plus fort potentiel de croissance. En effet, des disparités perdurent entre les grandes régions où les investisseurs souhaitent renforcer ou maintenir leurs positions.
L’Afrique de l’Est est citée par 89,6% des investisseurs, suivie de l’Afrique de l’Ouest (79,2%) – qui menait le bal lors de l’enquête de 2018 – et de l’Afrique du Nord (77,8%). L’Afrique centrale demeure la région la moins attractive mais est néanmoins citée par 58,3% des investisseurs, qui pouvaient citer plusieurs réponses.
Par secteur, l’étude fait apparaître des changements notables. Les favoris sont désormais les infrastructures (62,6 %), l’agriculture (60,6 %) et les nouvelles technologies (49%). Ce qui correspond, au fond, à l’image des besoins du continent en matière de développement face aux enjeux démographique, alimentaire et technologique. En comparaison avec 2015 et 2018, les services financiers, le transport logistique, la grande distribution et l’énergie sont en retrait.
Évoquant la question de la transition énergétique, les opérateurs interrogés croient davantage, concernant l’Afrique, dans l’énergie hydraulique (citée par 62% d’entre eux), l’énergie photovoltaïque (61,1%) et l’énergie éolienne (53%).
Les investisseurs interrogés pointent trois principaux défis auxquels le continent doit faire face pour améliorer son attractivité : l’amélioration de la qualité des infrastructures (53,5%), l’accès à l’éducation (50,7%) et la lutte contre l’instabilité politique (49,3%). Ces résultats se rapprochent de ceux enregistrés dans les éditions précédentes.
Une gouvernance à améliorer
« Si je prends l’exemple de l’éducation et de la santé, un gouffre important subsiste. Cette nouvelle génération de talents peut aussi bien représenter une opportunité qu’une résistance », considère l’un des panélistes, Hassan El-Shabrawishi, directeur général d’AXA Afrique.
« S’ils sont correctement éduqués, encadrés et si nous leur fournissons un cadre de vie digne et respectueux, ils seront notre locomotive. Dans le cas contraire, ils pourraient représenter une menace à l’équilibre du système. »
La nouvelle principale raison d’investir en Afrique à horizon 2030 est le développement de la ZLECAf (46,5%), ainsi que mentionné par Vera Songwe. L’émergence d’une classe moyenne (43,1%) et la volonté de se positionner sur des marchés d’avenir (33%) restent, comme en 2015 et 2018, des éléments importants dans la prise de décision des investisseurs.
En revanche, la mauvaise gouvernance, l’instabilité politique et l’insécurité, ainsi que la faible qualification de la main-d’œuvre demeurent des freins à l’investissement.
Évoquant la ZLECAf, les investisseurs considèrent qu’elle aura pour principaux avantages d’harmoniser les systèmes juridiques, réglementaires et fiscaux (66,9%), d’éliminer les obstacles à la libre circulation des personnes (49,4%) et de réduire les barrières à l’échange (48,1%).
@PF