À Dubaï, les start-up en quête d’investisseurs

Dans un contexte devenu plus tendu, les jeunes pousses africaines parcourent le salon technologique GITEX de Dubaï avec des besoins divers, les unes cherchant plusieurs millions de dollars, les autres étant en quête de capitaux de pré-amorçage plus modestes.
« Nous avons tenu une cinquantaine de réunions avec des investisseurs en seulement quatre jours », se félicite Sachin Hanwate, directeur général d’Agrosahas, une entreprise de transformation agroalimentaire opérant en Ouganda. Fondée en 2020, Agrosahas a d’abord été une société commerciale avant de se lancer dans l’agriculture biologique, se spécialisant dans les produits à base de maïs, de soja et de tournesol.
Sachin Hanwate a créé son entreprise avec 60 000 $ d’économies accumulées au cours de douze années de dur labeur. Aujourd’hui, il participe au salon technologique GITEX à Dubaï avec pour objectif principal de présenter les derniers développements de son entreprise, en particulier l’intégration de la technologie, y compris l’intelligence artificielle, afin d’autonomiser les agriculteurs avec lesquels il collabore.
La deuxième édition de GITEX Africa, prévue au Maroc du 8 au 10 mai 2024, promet une présence plus importante de l’Afrique subsaharienne dans le domaine de la technologie.
« Mon plus grand handicap est que je manque de fonds de roulement », explique l’entrepreneur. « Ici, à Dubaï, nous cherchons à lever environ 3,5 millions de dollars pour passer à l’échelle supérieure. Actuellement, nous travaillons avec 10 000 agriculteurs en Ouganda et, grâce à cette injection de capitaux, nous espérons atteindre un demi-million d’agriculteurs en Afrique de l’Est. »
Au GITEX –qui se présente comme le plus grand salon technologique de 2023 –, les start-up africaines saisissent l’occasion de rencontrer des investisseurs internationaux, démontrant ainsi leur vision de la technologie et leur soif de capitaux. Le salon a accueilli environ 35 700 visiteurs africains l’année dernière, ce qui représente environ 21 % de son audience globale, selon les chiffres publiés par le Dubai World Trade Centre, l’organisateur de l’événement.
Tandis que des start-up comme Agrosahas cherchent à lever des millions pour se développer, d’autres sont venues chercher des investissements plus modestes au stade du pré-amorçage, ce qui témoigne de la diversité des besoins entrepreneuriaux émanant du continent.
Présenter sa vision
« Je me suis beaucoup préparé avant de venir ici », confie Elias Tadesse, directeur de l’exploitation de Blue Health Ethiopia, une entreprise de technologie de la santé qui propose une plateforme numérique permettant aux ambulances de se connecter en cas d’accident.
Elias Tadesse cherche à lever environ 270 000 $ en pré-amorçage. En juin 2023, il a assisté au GITEX au Maroc et attendait beaucoup de l’édition mondiale du salon technologique à Dubaï.
« Jusqu’à présent, j’ai eu quelques réunions avec différents investisseurs en utilisant l’application GITEX plus qui nous a été fournie », relate-t-il. En effet, le Dubai World Trade Centre a équipé les entrepreneurs qui présentent leurs produits d’une application mobile qui facilite les contacts avec les investisseurs potentiels enregistrés qui participent à l’événement. Les entrepreneurs sont donc très occupés, participant à de nombreuses réunions et présentant leurs idées à des investisseurs en capital-risque venant principalement d’Asie, du Moyen-Orient et d’Europe. Il faudra attendre quelques mois pour savoir si ces efforts seront payants.
« Notre équipe est ici pour rencontrer des partenaires, des clients potentiels et des investisseurs », explique Wael Noufal, PDG de Blink, une jeune entreprise égyptienne spécialisée dans l’assistance routière à la mobilité. « Aujourd’hui, j’ai présenté mon projet à une dizaine d’investisseurs », soupire-t-il. Wael Noufal cherche à lever 1 million $ après avoir déjà obtenu un financement de 270 000 $ en novembre 2021. Ses projets d’expansion de l’Égypte vers les pays du Golfe font de l’événement de Dubaï une plateforme précieuse pour entrer en contact avec de futurs clients, reconnait l’entrepreneur.
La représentation limitée de l’Afrique
Malgré l’enthousiasme et le potentiel, la représentation des start-up africaines à GITEX reste modeste. Si les entreprises d’Afrique du Nord ont une présence notable en raison de leur lien linguistique avec les Émirats arabes unis, il n’y avait qu’une poignée de représentants d’autres régions, et aucune d’Afrique francophone.
Les entreprises technologiques bien connues, telles que Wave au Sénégal ou Jumia au Nigeria, étaient notablement absentes. La seule licorne africaine présente, et la mieux valorisée, est la société nigériane de fintech Flutterwave, bien qu’elle ne dispose que d’un petit stand et d’une petite équipe. La Commission nigériane des communications (NCC), ainsi qu’une douzaine de start-up amenées par l’État de Lagos, exposent également dans les principaux halls de l’événement.
La plupart des grandes entreprises étaient représentées par une poignée de sociétés d’externalisation d’Éthiopie et d’Ouganda qui espéraient entrer en contact avec des entreprises technologiques européennes et américaines.
La présence limitée des champions africains de la technologie peut être attribuée à l’introduction de GITEX Africa en juin dernier au Maroc, offrant aux entreprises une plate-forme alternative, située sur le continent, pour exposer leurs produits et créer des réseaux.
Un paysage financier difficile
Le contexte financier est un autre facteur qui contribue à la limitation de la présence africaine. Les start-up du continent africain ont levé un peu plus d’un demi-milliard $ au troisième trimestre 2023, marquant une chute à des niveaux jamais vus depuis le dernier trimestre 2020, selon la plateforme de collecte de données Africa The Big Deal.
Alors que le GITEX travaille dur pour devenir une plateforme importante pour les start-up africaines, l’événement de cette année est également un reflet des défis auxquels la scène technologique du continent est confrontée. Alors que le calendrier se tourne vers 2024, la deuxième édition de GITEX Africa, prévue au Maroc du 8 au 10 mai, promet une présence plus importante de l’Afrique subsaharienne dans le domaine de la technologie.
@AB