Vers une banque de l’énergie avant la fin de l’année

Alors que les institutions financières internationales, publiques et privées, annoncent leur intention de réduire le financement des industries fossiles, l’industrie pétrolière et gazière travaille à la création d’une banque africaine de l’énergie.
L’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) finalise les plans de création de la Banque africaine de l’énergie, destinée à financer des projets pétroliers et gaziers en Afrique. C’est ce qu’a confié le 8 mai 2023 Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’APPO, au magazine nigerian Pulse. Ce responsable précise que les pays africains membres de l’Organisation collaborent avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pour lancer cette banque de l’énergie avant la fin de l’année.
Cette initiative intervient alors que les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale, réduisent leur financement des projets pétroliers et gaziers en Afrique, invoquant des conditions strictes et des préoccupations environnementales. La Banque africaine de l’énergie vise à attirer les investissements de pays tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït, tout en s’attaquant aux problèmes de financement auxquels sont confrontées les compagnies pétrolières nationales en Afrique.
On se souvient que durant la COP 26 de Glasgow, les pays développés et diverses institutions financières internationales avaient décidé de ne plus financer des projets d’énergies fossiles. Ce, au nom de l’accord de Paris sur le changement climatique.
Cette banque sera chargée de financer les opérations pétrolières et gazières en Afrique, afin de réduire les financements extérieurs, qui trouvent généralement leurs limites. En particulier, les prêts sont conditionnés aux exigences de développement durable, que les parties prenantes africaines ne peuvent pas toujours respecter, tandis que l’urgence – relier tous les Africains à l’électricité – demeure.
Le secrétaire général avait déclaré dans un message de bonne volonté délivré lors de la sixième édition du Sommet international de l’énergie du Nigeria (NIES) qui s’est tenu récemment à Abuja, au Nigeria, que le processus de création de la banque et la coopération entre l’APPO et Afreximbank avaient atteint un niveau « avancé ». Il a également déclaré qu’une décision sur le site de son siège et une date de lancement seront bientôt prises.
Pour Omar Farouk Ibrahim, « cette banque se concentrera essentiellement sur le financement de projets pétroliers et gaziers sur le continent africain, car les fonds se sont taris ».
Il regrette que la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales qui financent habituellement les projets pétroliers et gaziers en Afrique ferment leurs canaux de financement et présentent « des conditions strictes, ce qui n’a pas beaucoup de sens », par rapport à ce qu’elles étaient il y a vingt ou trente ans.
Afreximbank résiste aux pressions
La création d’une telle banque avait été évoquée l’an passé, à Luanda, en Angola, lors du neuvième congrès et exposition sur le pétrole africain. Selon le président angolais Joâo Manuel Lourenço, qui s’est exprimé à cette occasion, le plan répondrait aux problèmes rencontrés par les entreprises pétrolières nationales.

La décision est prise à un moment où les défenseurs de l’environnement font pression sur plusieurs banques multinationales pour qu’elles cessent de financer des projets pétroliers en raison de leurs fortes émissions de carbone et de la transition vers l’énergie durable. Un rapport récent de plusieurs ONG faisait état d’une diminution récente de ces financements bancaires, mais y voyait plutôt un effet conjoncturel lié à l’envolée des bénéfices – favorable à l’autofinancement – plutôt qu’une tendance de long terme.
À la lumière de la campagne style « zéro émissions », plusieurs grandes banques, dont HSBC, Standard Chartered, BNP Paribas, Standard Bank, etc., ont déclaré qu’elles réexaminaient les prêts qu’elles accordent à des projets pétroliers et gaziers. Les grands établissements internationaux réduisent leurs financements en projets d’énergie fossiles, ou du moins en expriment l’intention, à partir de 2024 ou 2024.
De son côté, en dépit des pressions internationales, Afreximbank entend toujours aider au financement des industries pétrolières et gazières. Tel est le sens, d’ailleurs, de l’appui affiché au Sénégal, en quête de 500 millions de dollars pour moderniser l’une de ses raffineries.
On se souvient que durant la COP 26 de Glasgow, les pays développés et diverses institutions financières internationales avaient décidé de ne plus financer des projets d’énergies fossiles. Ce, au nom de l’accord de Paris sur le changement climatique. À cette occasion, de nombreux dirigeants et experts africains avaient plaidé pour une transition énergétique s’étalant sur 20 ans, voire plus, rappelant que l’Afrique ne contribue qu’à environ 3% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
@AB