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Vers une agence africaine de notations dès 2024

Vers une agence africaine de notations dès 2024
  • Publiéseptembre 12, 2023

L’Union africaine confirme son intention de lancer une nouvelle agence de notation de crédit dès 2024. La suprématie des « trois grandes » est contestée par les dirigeants africains, tandis que les financiers sont à la recherche d’angles de vue alternatifs.

 

L’Afrique aura sa propre agence de notations dès l’an prochain. C’est ce que déclare un fonctionnaire de l’Union africaine à l’agence Reuters. Pour l’UA, il s’agit de répondre aux préoccupations relatives à l’« injustice des notations accordées aux pays du continent ».

L’« agence, qui élaborerait sa propre évaluation des risques liés aux prêts accordés aux pays africains, sera basée sur le continent ; elle ajouterait un contexte aux informations que les investisseurs prennent en compte lorsqu’ils décident d’acheter des obligations africaines ou d’accorder des prêts privés aux pays », a déclaré Misheck Mutize (UA).

« Nous savons que les trois grands suivent l’avis d’autres agences de notation plus petites. Elles ont reconnu que d’autres agences de notation plus petites ont un avantage dans la compréhension de la dynamique nationale. »

« Le secteur privé est déjà très intéressé par la mise en œuvre de cette initiative », a poursuivi l’expert auprès de l’agence de presse.

L’UA et les dirigeants des pays membres, du Ghana au Sénégal en passant par la Zambie, affirment régulièrement que les « trois grandes » agences de notation (Moody’s, Fitch et S&P Global Ratings) n’évaluent pas équitablement le risque des prêts accordés aux pays africains et qu’elles sont plus promptes à les rétrograder lors de crises telles que la pandémie de la Covid-19.

Entre janvier et juin 2023, treize actions de notation négative, dont sept étaient des dégradations et les six autres des changements négatifs de perspectives, ont été attribuées à onze pays d’Afrique par les « trois grandes ».

Pourtant, ces agences contestent tout parti pris et considèrent que leurs grilles de notations et appréciation suivent la même formule, d’un continent à l’autre. Par exemple, Ravi Bhatia, analyste en chef de S&P pour les notations souveraines, a récemment déclaré que l’agence appliquait les mêmes critères dans toutes les régions.

D’une manière générale, les notations de crédit sont conçues pour évaluer le risque de défaillance d’un emprunteur et tiennent compte des conditions auxquelles les banques et d’autres acteurs sont disposés à lui prêter des capitaux. Une douzaine de pays africains ont des obligations internationales en circulation.

 

Des agences « Made in USA » ?

« Contrairement au second semestre 2022, où il n’y a pas eu d’émission unique d’obligations souveraines, le premier semestre 2023 a vu deux émissions d’obligations de l’Égypte et du Maroc, qui ont émis un montant combiné de 4 milliards de dollars. L’Égypte, qui a maintenant la plus grande valeur d’obligations souveraines en circulation en Afrique, soit 37,5 milliards de dollars, a été déclassée par Moody’s et Fitch, ce qui a fait grimper son coût d’emprunt, pour émettre l’obligation Sukuk à plus de 10 % », écrit l’UA dans sa septième édition du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, revue qui analyse les notations de crédit des États souverains.

Ce point de vue est partagé par l’expert indépendant des Nations unies sur la dette extérieure, Attiya Waris, qui appelle à une action mondiale en faveur de la réglementation des agences de notation de crédit.

Le temps est venu d’une agence panafricaine de notation de crédit

Sans vouloir « remettre en question » les agences de notation, il constate que ces trois sociétés privées sont « enregistrées dans un seul pays ». De plus, « elles collectent des données sur tous les pays du monde et leur personnel produit des évaluations. Ces entités privées tirent un profit de la manière dont elles notent les pays et il n’existe aucune réglementation mondiale à ce sujet, mais l’effet qu’elles ont est énorme. Leurs évaluations ont un effet sur les pays en temps réel », confie le professeur Waris à The EastAfrican.

En mai 2023, le gouvernement kenyan a contesté l’abaissement de la note de Moody’s, arguant que l’économie restait résiliente et que le risque perçu associé au retrait de l’euro-obligation de 2 milliards de dollars arrivant à échéance en juin 2024 était surévalué.

Dès lors, une nouvelle agence serait de nature à changer la donne, considère Misheck Mutize.

« Notre objectif n’est pas de remplacer les trois grands… nous avons besoin d’eux pour soutenir l’accès aux capitaux internationaux. Notre objectif est d’élargir la diversité des opinions », a précisé le représentant de l’UA. « Nous savons que les trois grands suivent l’avis d’autres agences de notation plus petites. Elles ont reconnu que d’autres agences de notation plus petites ont un avantage dans la compréhension de la dynamique nationale. »

L’agence serait autofinancée et dirigée par le secteur privé, sous la supervision de l’UA, a précisé Misheck Mutize. Qui ne peut pas se prononcer quant aux organisations multilatérales ou du secteur privé qui superviseraient cette agence.

« Les investisseurs ont été très positifs. Ils veulent voir ce qui en résultera », a déclaré Misheck Mutize. « Tout investisseur est attentif à tout ce qui lui apporte des informations. »

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@ABanker

 

Écrit par
Aude Darc

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