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African Banker

Une banque des BRICS émet des obligations libellées en rand

Une banque des BRICS émet des obligations libellées en rand
  • Publiéaoût 22, 2023

L’accent mis sur les prêts en monnaie locale intervient à un moment où les pays des BRICS explorent les moyens de réduire leur dépendance à l’égard du système financier dominé par les États-Unis.

 

La New Development Bank (NDB), basée à Shanghai et créée par les pays BRICS en 2014, a procédé à sa première vente d’obligations libellées en rand sud-africain, alors que les marchés émergents cherchent à accéder plus facilement à des financements en monnaie locale.

La semaine du 14 août 2023, la NDB a émis une obligation à cinq ans d’une valeur de 1 milliard de rands (53,1 millions de dollars) et un billet à trois ans d’une valeur de 500 millions de rands, Reuters rapportant que les enchères ont attiré 2,67 milliards de rands. Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil qui préside aujourd’hui la NDB, a déclaré que la banque de développement prévoyait de prêter jusqu’à 10 milliards $ cette année aux pays membres – avec environ 30 % des fonds prêtés en monnaies locales.

« Nous avons déjà reçu quelques demandes de la part de structures similaires qui souhaitent obtenir des conseils sur le processus et des informations sur le fonctionnement de la transaction de la NDB. »

L’accent mis sur les prêts en monnaie locale intervient à un moment où les pays des BRICS cherchent à réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain et, plus généralement, du système financier dominé par les États-Unis. Selon le vice-président de l’Afrique du Sud, Paul Mashatile, il s’agira d’un sujet de discussion essentiel lors du sommet des BRICS, qui débute ce 22 août à Johannesbourg.

Kumeshen Naidoo, responsable des marchés des capitaux d’emprunt chez Absa Group à Johannesburg, explique à African Business que les émissions d’obligations en rand de la NDB constituent un développement important, car elles pourraient contribuer à réduire la dépendance de l’Afrique du Sud à l’égard des marchés de capitaux internationaux, qui sont souvent considérés comme particulièrement volatils.

« La NDB possède déjà un portefeuille d’actifs en rands – elle a déjà prêté des rands pour des projets sociaux et d’infrastructure sud-africains – mais elle a réussi à les financer par le biais des marchés internationaux de swap et de base. »

Cela signifie qu’elle a dû convertir en rands les fonds en dollars qu’elle avait obtenus par la vente d’euro-obligations. « À long terme, le coût de ce financement dépend de la volatilité de ces marchés de capitaux – et les marchés de swaps internationaux peuvent être très volatils », précise l’expert.

 

Améliorer la qualité dans tous les domaines

Kumeshen Naidoo estime que les ventes d’obligations démontrent que la NDB a désormais accès à « une source de financement en rand plus durable et plus nationale ».

Il note également que cette initiative pourrait avoir pour effet de stimuler le développement et la sophistication de l’infrastructure du marché des capitaux en Afrique du Sud, qui a visiblement décliné ces dernières années dans le sillage de l’économie sud-africaine.

« Des structures similaires à la NDB ont déjà émis des obligations en Afrique du Sud, mais ces transactions sont arrivées à maturité ; cela fait longtemps que des acteurs comme la SFI (Société financière internationale), par exemple, n’ont pas accédé aux marchés en rand », observe Kumeshen Naidoo.

« Au cours des trois ou quatre dernières années, alors que la situation macroéconomique de l’Afrique du Sud s’est détériorée, les émetteurs sud-africains n’ont pas eu besoin de financement ou ont simplement renouvelé leur exposition. » En conséquence, certains des plus grands émetteurs qui étaient actifs sur le marché sud-africain ont soit réduit le nombre de leurs émissions, soit supprimé complètement leurs programmes.

Bien sûr, l’arrivée d’un nouvel émetteur présentant les mêmes standards que la NDB pourrait contribuer à stimuler l’activité sur les marchés de capitaux.

En effet, la cote de crédit de la NDB est nettement plus élevée que celle qui est devenue la norme sur les marchés sud-africains. Selon Kumeshen Naidoo, l’arrivée d’obligations de meilleure qualité en Afrique du Sud pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’ensemble des titres. Le crédit de la NDB est de la plus haute qualité du point de vue des notations mondiales. Elle est notée AA+ par S&P et AA par Fitch, soit dix crans au-dessus des obligations souveraines sud-africaines.

« Il s’agit d’un émetteur de crédit de très grande qualité, qui servira de référence, non seulement en termes de prix, mais aussi en termes de processus », reconnaît Kumeshen Naidoo, ce qui pourrait contribuer à accroître l’intérêt d’autres organisations internationales pour le marché sud-africain.

D’ailleurs, depuis l’annonce de la NDB, « nous avons déjà reçu quelques demandes de la part de structures similaires qui souhaitent obtenir des conseils sur le processus et des informations sur le fonctionnement de la transaction de la NDB », nous confie l’expert.

« À partir de là, davantage d’entités accéderont aux marchés sud-africains des capitaux d’emprunt, ce qui sera une bonne chose pour les investisseurs, garantira une source plus durable de financement en rand pour les projets en Afrique du Sud et, dans l’ensemble, apportera des avantages plus larges à la population. »

@ABanker

Écrit par
Harry Clynch

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