Un volontarisme Made in Africa

Du président égyptien al Sissi aux dirigeants d’entreprises, les intervenants à la foire IATF du Caire ont insisté sur le rôle moteur du commerce en Afrique et sur une articulation nouvelle entre financiers, États et secteurs privés.
Dans un discours prononcé lors du sommet présidentiel de la foire commerciale IATF, qui s’achève ce 15 novembre 2023 au Caire, le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a déclaré que les énormes ressources naturelles de l’Afrique et son potentiel agricole, éducatif et minéral devraient être exploités pour stimuler le commerce intra-africain, ajoutant qu’il était nécessaire que les nations africaines coopèrent positivement en vue d’une croissance mutuelle.
« Comme vous pouvez le constater, les capacités et les possibilités existent, mais certains obstacles et problèmes peuvent entraver ce travail », a-t-il expliqué. « C’est pourquoi l’Égypte devrait toujours construire, développer, reconstruire et coopérer dans ces domaines, et rien de moins. »
Il semble nécessaire de procéder à une « rétro-ingénierie » des routes commerciales coloniales, qui ont été établies sans tenir compte de la population africaine.
Le Président a exprimé l’espoir que des initiatives comme la foire commerciale IATF contribueraient à la croissance des économies locales et aiderait à surmonter les défis existants en encourageant les partenariats régionaux, affirmant que de tels événements étaient cruciaux pour élever le commerce intra-africain au niveau souhaité.
Pour sa part, Benedict Oramah, président du conseil d’administration d’Afreximbank), a rappelé que, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine et le secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), Afreximbank avait soutenu la mise en place d’instruments essentiels, notamment le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui rend les paiements intra-africains plus rapides, moins coûteux, plus efficaces et en devises africaines.
« Afreximbank soutient le PAPSS avec un fonds de règlement et de compensation de 3 milliards de dollars » a déclaré Afreximbank, ajoutant que le Système collaboratif africain de garantie du transit avait également commencé ses opérations dans la région du COMESA avec Afreximbank en tant que garant régional, rendant le mouvement des marchandises à travers les 110 frontières multiples de l’Afrique plus facile, plus rapide et moins coûteux.
« Combiné au PAPSS, le régime de transit réduira le coût en devises du paiement des obligations de transit », juge Benedict Oramah.
Un rendez-vous réussi
Qui a dévoilé que le Fonds d’ajustement de la ZLECAf serait opérationnel au début de l’année prochaine grâce au milliard de dollars qu’Afreximbank a approuvé dans le cadre de son soutien.
Auparavant, Olusegun Obasanjo, président du conseil consultatif de l’IATF2023 et ancien président du Nigeria, a déclaré que l’IATF avait été « un succès » à ce jour, enregistrant des étapes significatives, y compris l’introduction du programme des acheteurs africains, dans le but de promouvoir un commerce plus important entre les nations africaines.

« Lorsque je regarde ce qui a été accompli depuis le 9 novembre, date à laquelle cette édition de notre foire commerciale a démarré, le mot qui me vient à l’esprit est « exceptionnel » », a déclaré Olusegun Obasanjo, en félicitant les participants pour le grand nombre de contrats signés et d’initiatives introduites au profit de l’Afrique.
Prenant également la parole, Wamkele Mene, secrétaire général du secrétariat de la ZLECAf, a félicité l’Égypte d’avoir accueilli l’IATF pour la deuxième fois et d’avoir soutenu la mise en œuvre de la ZLECAf. Il a noté que l’Égypte avait pris l’initiative d’établir la société commerciale de la ZLECAf, qui vise à renforcer les liens entre les pays membres de la Zone.
Un protocole d’investissement est effectif et des efforts sont déployés pour établir un protocole d’investissement qui contribuerait au développement de l’Agence panafricaine de commerce et d’investissement afin de faciliter les investissements à travers le continent et de soutenir la croissance économique.
Dans ses propres remarques, Albert Muchanga, commissaire de l’Union africaine, a déclaré que le commerce intra-africain et la ZLECAf « étaient la porte d’entrée de la prospérité pour les pays d’Afrique ».
Les participants à l’IATF2023 ont également assisté diverses tables rondes sur le rôle de la ZLECAf dans l’accélération de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 pour le développement de l’Afrique
Les intervenants ont souligné les possibilités d’accroître les échanges entre l’Égypte et d’autres régions d’Afrique. Par exemple, Sherif El Gabaly, chef de la commission des affaires africaines du parlement égyptien, a souligné les leçons que l’Égypte pourrait partager en termes de renforcement de l’autosuffisance agricole.
Nous prospérons parce que nous sommes Africains
D’autres chefs d’entreprise égyptiens ont fait part de leur expérience dans les secteurs de la santé, de l’automobile, de la construction et du commerce électronique.
Sherine Helmy, PDG de Pharco Pharmaceuticals, a fait part de ses réflexions sur la réduction significative du coût du traitement de l’hépatite en Égypte à 60 dollars par personne. Il a souligné l’importance de la volonté politique et de l’engagement pour permettre la collaboration afin de parvenir à ce succès. Abdelatif Olama, PDG de Jumia Egypt, a expliqué la forte notoriété de la marque de l’entreprise dans toute l’Afrique : « Nous prospérons parce que nous sommes Africains. Nous bénéficions de la croissance d’une population nombreuse et en pleine expansion, de l’urbanisation croissante qui découle de l’augmentation de la classe moyenne. »
Mohamed Taher, directeur principal du développement commercial chez Hassan Allam Construction, a également pris la parole pour présenter les projets de construction en cours de son entreprise et inviter les partenaires potentiels à collaborer. Un autre orateur, Marc Soueha, a évoqié la fabrication de véhicules commerciaux et a décrit les aspects uniques du marché africain des véhicules commerciaux. « Nous bénéficions de la croissance d’une population nombreuse et en pleine expansion, de l’urbanisation croissante qui découle de l’augmentation de la classe moyenne. »
Les panélistes ont déclaré que la volonté politique était un facteur crucial de réussite. Yahya Al-Wathiq-Bellah, chef du service de représentation commerciale égyptien, a souligné l’importance de la volonté politique dans l’ensemble de la structure et Nardos Bekele Thomas, directeur général de l’Agence de développement de l’Union africaine (NEPAD), a déclaré qu’un environnement propice et la volonté des gouvernements d’honorer leurs engagements étaient essentiels.
Un label Made in Africa
De son côté, Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank, a considéré que les financiers jouaient un rôle crucial dans la protection du continent africain contre les effets néfastes des perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Pour autant, il lui semble nécessaire de procéder à une « rétro-ingénierie » des routes commerciales coloniales, qui ont été établies sans tenir compte de la population africaine. « Nous soutenons cette démarche par des financements, mais il doit s’agir d’un effort collectif. »
En réponse aux intervenants, Albert Muchanga, commissaire de l’Union africaine, a annoncé certains projets à venir visant à garantir l’harmonisation des réglementations, y compris une stratégie « Fabriqué en Afrique ». Il a également souligné la nécessité d’inclure le secteur privé dans les négociations au niveau de l’État, déclarant : « Le moment devrait venir où nos gouvernements devront dire que le secteur privé sera informé des résultats des négociations. »
@AB