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African Banker

Un outil pour atténuer les risques

Un outil pour atténuer les risques
  • Publiéjanvier 31, 2023

La plateforme de co-garantie pour l’Afrique CGP, à laquelle participent six institutions puissantes, entreprend de combler une lacune, le manque de structure solide d’atténuation des risques.

 

Les flux d’investissement vers l’Afrique ne représentent qu’une faible part des IDE (Investissements directs à l’étranger). Chacun loue l’attractivité de l’Afrique pour les investissements, et chacun déplorent qu’ils soient si faibles. Principal obstacle, la pénurie d’instruments d’atténuation des risques tels que l’assurance des risques de crédit et d’investissement, les garanties, la réassurance et les capacités. À cela s’ajoute le stéréotype occidental traditionnel des risques perçus sur le marché, le crédit et les pays africains, comme si le continent était une étendue homogène.

Le comité directeur du CGP a convenu qu’à moyen et long terme, la plateforme devait ajouter deux piliers d’innovation, tous deux destinés à soutenir la constitution d’un pipeline plus solide à long terme.

Un groupe de six partenaires institutionnels avait décidé en 2018 que c’en était assez, mais cette initiative est restée au point mort pendant près de trois ans en raison de l’impact de la pandémie de Covid-19, mais elle a maintenant retrouvé un second souffle et tombe à pic pour traiter les problèmes de financement.

La plateforme africaine de co-garantie (CGP) implique la Banque africaine de développement (BAD), la Société islamique d’assurance des investissements et des crédits à l’exportation (ICIEC), l’Agence africaine d’assurance commerciale (ATI), Afreximbank, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-Nepad) et GuarantCo. Cette structure fait partie du Groupe de développement des infrastructures privées (PIDG) des gouvernements du Royaume-Uni, de la Suisse, de la Suède, des Pays-Bas et de l’Australie).

Le CGP, explique Ibrah Wahabou, responsable de l’infrastructure et de la connectivité à l’AUDA-Nepad, « est une réponse audacieuse des IFD (institutions de financement du développement) basées en Afrique pour faire face à la perception exagérée et injustifiée de l’Afrique comme un continent risqué pour les investisseurs. Ensemble, par le biais de la plateforme, nous changeons le discours en nous appuyant sur des opérations concrètes. »

Le revers de la médaille de cette perception est le défi que représente le renforcement des capacités locales dans les États africains ciblés pour permettre une plus grande utilisation des solutions innovantes d’atténuation du crédit afin de débloquer le financement des infrastructures essentielles.

Selon Samuel Chasia, directeur du développement commercial et du marché des capitaux chez GuarantCo, « le plus grand défi est la compréhension par les banques locales, les investisseurs institutionnels et les régulateurs des opportunités que les solutions d’atténuation du crédit offrent pour débloquer le financement de projets d’infrastructure durables au profit des populations locales et pour construire des marchés de capitaux locaux ».

 

Des solutions de long terme

 

GuarantCo fournit une assistance technique pour aider le secrétariat du CGP à atteindre ses objectifs, ajoute Samuel Chasia. L’assureur continuera à partager son pipeline avec tous les partenaires du CGP afin de trouver des domaines dans lesquels les partenaires peuvent collaborer pour aider à relever les défis d’infrastructure de l’Afrique et contribuer à combler le déficit de financement. « 

« Notre objectif est de fournir des solutions de crédit à long terme en monnaie locale pour soutenir des projets d’infrastructures durables dans les pays à faible revenu d’Afrique et d’Asie. Elles sont axées sur un certain nombre de secteurs, notamment l’énergie, les infrastructures sociales et numériques, la fabrication, le transport et l’agriculture. L’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique et le développement durable sont des domaines d’intervention qui soutiennent tous les secteurs dans lesquels nous opérons. »

Le mandat du CGP est ambitieux : il s’agit de soutenir les projets de commerce et d’investissement, de trouver des solutions proactives d’atténuation des risques qui aideront les projets à atteindre le stade de la clôture financière en les rendant bancables, notamment en ce qui concerne les projets PPP, de renforcer les capacités et d’aider les souverains africains à relever les futurs défis macroéconomiques.

Il s’agit notamment de la sécurité alimentaire, des futures pandémies, des périodes de conditions météorologiques extrêmes résultant du changement climatique, d’une meilleure gestion de la dette et de l’optimisation des bilans pour les IFD et les banques commerciales. La plateforme permet également aux partenaires de discuter de l’optimisation potentielle des bilans par le biais de la participation aux risques.

La plateforme CGP est basée et gérée par la BAD. Keith Martin, coordinateur du CGP pour la banque, distingue actuellement 26 projets dans le pipeline du CGP, avec des coûts totaux de plus de 6 milliards de dollars. Ces projets sont actuellement à la recherche d’un montant estimé à 2,3 milliards $ pour atténuer les risques.

La part qui sera fournie par les membres de la plateforme dépendra de la structure globale de ces projets. Beaucoup sont des projets d’investissement à long terme qui peuvent prendre plusieurs années avant d’être clôturés. Le CGP prévoit de conclure plusieurs transactions d’investissement et de commerce.

 

L’Afrique de l’Est et de l’Ouest bien servies

Dix milliards $ de garanties et de financements ont été alloués sur une base globale par les six partenaires. Keith Martin tient à préciser que « les 10 milliards $ représentent la capacité de risque totale estimée actuellement par les cinq partenaires qui fournissent des garanties et des assurances pour l’Afrique », à savoir la BAD, Afreximbank, ATI, GuarantCo et ICIEC. « Il est également possible de réassurer une partie de cette capacité auprès d’autres assureurs et réassureurs publics et privés. En fonction du profil de risque des projets, ce montant pourrait varier dans le temps. »

Les 26 projets, ajoute Keith Martin, sont répartis géographiquement autour de quatre sous-régions du continent. La majorité des projets se situent en Afrique de l’Est et de l’Ouest, suivis de l’Afrique australe. Il y a également plusieurs projets multinationaux.

En termes de secteurs, l’énergie et les infrastructures sont parmi les plus importants (notamment en termes de coût du projet), mais la plateforme envisage également des projets dans l’agroalimentaire, la finance et l’industrie manufacturière. Environ 80 % des projets actuels sont soit des projets d’investissement, soit des opportunités de financement commercial à moyen et long terme.

Voyons le fonctionnement. Il s’agit d’une plateforme basée sur les transactions, volontaire et consensuelle, dont les membres s’accordent sur toutes les décisions importantes, y compris sur le budget et la stratégie.

Keith Martin explique : « Les projets sont présentés à la plateforme soit par les partenaires, soit par le coordinateur. Les partenaires apportent des projets à la plateforme parce qu’ils veulent ou doivent partager le risque sur une transaction spécifique ». Ce, par exemple, en raison des limites imposées par le pays ou parce que le partenaire spécifique ne peut fournir qu’une solution partielle au risque et que d’autres partenaires peuvent compléter cette solution. Un partenaire, par exemple, peut fournir une solution en monnaie locale, tandis que l’autre peut fournir une assurance investissement ou parce que la transaction est très importante ou complexe – comme un projet d’investissement dans plusieurs pays).

« Nous avons des réunions régulières sur des transactions spécifiques au cours desquelles les partenaires expriment leur appétit potentiel pour des transactions données et soulèvent des questions à leur sujet. Les investisseurs et autres parties prenantes privées et publiques, en particulier celles qui sont également impliquées dans le commerce et l’investissement en Afrique, peuvent également apporter des transactions. »

 

Le rythme des transactions va s’accélérer

Keith Martin est convaincu que le CGP va progresser plus rapidement maintenant, après la clôture de ses deux premières transactions – l’une impliquant Afreximbank et ATI, et l’autre Afreximbank et ICIEC. Toutefois, les projets d’investissement plus complexes peuvent prendre plus de temps à être clôturés. Par exemple, le CGP travaille toujours activement sur plusieurs projets d’investissement introduits dans le pipeline en 2018 et 2019.

« À court terme, le CGP reste fermement concentré sur la construction et l’exécution de son pipeline de transactions commerciales et d’investissement. Les partenaires et le coordinateur continueront à apporter de nouveaux projets à la plateforme et à engager des discussions à leur sujet, afin de trouver des solutions proactives d’atténuation des risques qui aideront ces projets à atteindre la clôture financière. »

Keith Martin est coordinateur du CGP pour le Groupe de la BAD.
Keith Martin est coordinateur du CGP pour le Groupe de la BAD.

 

Le comité directeur du CGP a convenu qu’à moyen et long terme, la plateforme devait ajouter deux piliers d’innovation, tous deux destinés à soutenir la constitution d’un pipeline plus solide à long terme. Il s’agit d’un pilier « incubation de produits financiers » et d’un pilier « renforcement des capacités d’atténuation des risques à long terme basés sur les transactions ».

Le premier visera à développer des produits d’atténuation des risques nouveaux ou hybrides, potentiellement proposés conjointement par les partenaires pour faire face à des défaillances du marché ou à des crises spécifiques, notamment pour répondre aux pénuries actuelles de nourriture et d’engrais. Ces produits s’appuieront sur les programmes spéciaux déjà mis en place par Afreximbank et la BAD.

Il fournira également une couverture intégrée pour les projets d’infrastructure complexes, y compris des solutions en monnaie locale, par exemple pour les PPP, les projets énergétiques à long terme et les projets multi-pays. 

Le deuxième pilier visera à renforcer les capacités d’atténuation des risques liés aux transactions, en particulier dans les premières phases de préparation et de structuration des projets.

Pour le représentant de la BAD, ce pilier « reflète l’expérience collective des membres de la plateforme et d’autres acteurs, selon laquelle les solutions d’atténuation des risques sont souvent négligées aux premiers stades de la structuration, lorsque l’accent est mis sur les aspects politiques, juridiques et financiers ». Cependant, étant donné que le risque imprègne tous ces aspects, il est essentiel d’améliorer la bancabilité des projets en incluant des solutions potentielles d’atténuation des risques dans la discussion dès le début.

@ABanker

 

 

Keith Martin est coordinateur du CGP pour le Groupe de la BAD.

 

Écrit par
Mushtak Parker

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