Un forum pour répondre aux besoins en infrastructures

Le Forum Infra for Africa du fonds Africa50 s’est ouvert ce 3 juillet 2023. L’événement, placé sous le sceau de la résilience africaine, a été inauguré par le président du Togo Faure Gnassingbé.
Le président Faure E. Gnassingbé a procédé ce 3 juillet 2023 à Lomé (Togo), à l’ouverture du Forum Infra for Africa de l’Africa50, qui se tient sous le thème « Bancable, évolutif, reproductible ».
Le Président du Togo se tenait aux côtés d’Akinwumi Adesina (président de la BAD), Alain Ebobissé (directeur général d’Africa50), et Sani Yaya (ministre de l’Économie et des finances du Togo). Ce Forum, qui prend fin ce 4 juillet, sera suivi de l’Assemblée générale des actionnaires d’Africa50.
En ouvrant les travaux, Faure Gnassingbé a loué l’entregent des organisateurs du Forum. « C’est dans le brassage que s’exprime notre capacité à grandir ensemble en célébrant une Afrique unie et prospère. L’Afrique épanouie et laborieuse est celle à laquelle nous aspirons », a-t-il déclaré.
La mobilisation de capitaux africains, par la signature de douze accords en faveur de différents pays africains constituera une attraction majeure de la rencontre de Lomé. Une grande première dans la vie d’Africa50 qui réunit autour de la table les décideurs africains.
Selon le Président, Africa50 est la preuve que l’Afrique peut répondre aux défis de la croissance et du développement via des financements endogènes. Une stratégie qui s’inscrit dans le cadre de la vision de la BAD. « Il y a un immense besoin d’infrastructures en Afrique. Nos besoins sont considérables. Plus de 100 milliards de dollars d’investissements par an sont nécessaires en la matière », a rappelé Faure Gnassingbé. Qui a reconnu que le Togo a aussi besoin d’investissements massifs pour faire face au financement des infrastructures. « Elles doivent être vertes, ce qui en augmente le coût », a commenté le Président qui a rappelé cette donnée de la Banque mondiale : le secteur public représente encore plus de 90% du financement des infrastructures en Afrique.
Après ce constat, le chef de l’exécutif togolais a proposé des solutions pratiques pour rompre le cycle classique du financement des infrastructures sur le continent africain. « La dépense publique n’offre aucun espoir de financement durable des infrastructures par les gouvernements en Afrique. L’implication des opérateurs privés dans les infrastructures est incontournable via la construction d’un modèle de développement viable (fiscal, monétaire, économique, etc.). »
Les institutionnels doivent s’impliquer davantage
Bien sûr, a-t-il rappelé, le rôle de l’État est « incontournable » dans le processus de financement des infrastructures en Afrique, par un cadre réglementaire et cohérent. « Le marché ne saurait à lui seul créer un environnement pro-business », a suggéré Faure Gnassingbé. Avant de lancer un appel pressant aux potentiels investisseurs en Afrique : « Il nous faut des politiques publiques industrielles. C’est un atout en matière de résilience comme le financement des télécoms par les privés. » C’est que le partenariat public-privé « ne sera fécond que s’il est rentable via la capacité de faire évoluer la taille, la standardisation des projets » financés.

Et le Président pour conclure de « tendre la main aux partenaires institutionnels de nos États : pour préserver la capacité de nos investissements dans nos pays. Qu’ils s’impliquent un peu plus dans le derisking, face à la contribution des pays africains au maintien de la sécurité publique internationale ».
De son côté, Alain Ebobissé a précisé que les interlocuteurs togolais d’Africa50 « travaillent de manière pro-active pour la recherche solutions aux maux de l’Afrique. C’est donc à juste titre et avec plaisir que nous organisons la première édition du Forum Infra à Lomé ».
L’Afrique est « capable d’être aux commandes de sa destinée par l’innovation en développant le recyclage d’actifs à l’échelle du continent », s’est félicité le premier responsable d’Africa50.
Qui a souligné « la rapidité d’opération dans 22 pays africains » de son institution – 6,6 milliards $ servis comme financements –, dans la mise en oeuvre des projets financés. « Notre culture est d’évoluer dans la mise en oeuvre des projets pour comprendre et combler les attentes des populations. Nous devons, d’ici à 2030, doter l’Afrique d’infrastructures car elle sera peuplée essentiellement de jeunes », a insisté Alain Ebobissé, en projetant le dynamisme de la plateforme qu’il dirige sur les sept prochaines années.
De son côté, Akinwumi Adesina, en tant que président du conseil d’administration d’Africa50, a loué le leadership du Togo dans l’accueil de ce double évènement à Lomé. Il a également souligné la place de la rencontre de Lomé dans l’écosystème financier international.
Rappelant : « 277 milliards $ par an sont nécessaires pour stimuler la croissance verte en Afrique d’ici 2030. La BAD souhaite faire passer à 3 ou 4 l’effet de levier des DTS (Droits de tirage spéciaux) en faveur de l’Afrique. Ou encore faire lever 1 000 milliards $ en faveur des pays du Sud pour financer l’atténuation aux changements climatiques et d’autres priorités de développement des États africains ».
Et celui qui fut ministre de l’Agriculture au Nigeria de s’exclamer : « Le hub logistique auquel aspire le Togo sera une plaque tournante essentielle en Afrique de l’ouest à l’image de son port et de son aéroport pour le renforcement de l’intégration régionale. Le Togo est bancable et son Président l’est avec ! »

La BAD a déjà investi 32 millions $ au Togo avec l’appui de divers partenaires privés. Elle a également alloué 60 millions d’euros pour la modernisation du Terminal à conteneurs au Port de Lomé, entre autres exemples, a encore vanté Akinwumi Adesina.
« Africa 50 s’engage dans un recyclage d’actifs en faveur du Togo et d’autres pays africains via des PPP, avec pour objectif de combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique qui varie annuellement de 68 à 108 millions $. Les domaines dans lesquels Africa50 et la BAD ont investi sont gigantesques en Afrique », a encore salué le dirigeant de la Banque panafricaine.
De nombreux accords attendus
Dans ce contexte, « Africa50 est en train de monter en gamme en termes de financement », s’est félicité Akinwumi Adesina. La structure compte une dizaine d’investisseurs institutionnels et bénéficie d’un appui de 20 millions de dollars de la BAD.
Toutefois, « nous devons faire beaucoup plus pour combler le déficit d’infrastructures en Afrique. Nous devons surtout doter l’Afrique d’infrastructures vertes et résilientes. D’où la création de l’Alliance pour le financement des infrastructures vertes en Afrique, avec l’appui de l’Union Africaine », a encore expliqué Dr Adesina. « Africa50 et la BAD croient intimement que l’avenir de l’Afrique est vert, et ambitionnent de la muer en un carrefour du développement vert sur la planète. »
Le Togo profite du mécanisme de recyclage des actifs
La mobilisation de capitaux africains, par la signature de douze accords en faveur de différents États du continent sera l’autre attraction majeure de la rencontre de Lomé. Une grande première dans la vie d’Africa50 qui réunit autour de la table des décideurs africains.
Africa50 est né en 2017 sur initiative de la BAD pour muscler le financement des infrastructures en Afrique. Ses financements à ce jour couvrent plusieurs pays et domaines d’activité. « Notre vision est d’avoir de l’impact sur le développement de l’Afrique », a rappelé à cet effet Alain Ebobissé. La signature d’une convention pour le financement de la route Lomé-Kpalimé (sud-Togo) par les ministres Kassah-Traoré (des Travaux Publics), Sani Yaya et Alain Ebobissé a mis fin à la cérémonie inaugurale du Forum 2023 de Lomé.

@AB