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African Banker

Un fonds kenyan à suivre

Un fonds kenyan à suivre
  • Publiéaoût 28, 2023

Le Fonds d’inclusion financière du Kenya offre une solution audacieuse au marché du crédit à la consommation en panne dans le pays, mais est-ce suffisant et peut-il s’inscrire dans la durée ? L’intérêt des partenaires internationaux semble précieux mais non dénué d’arrière-pensées.

 

Le Kenya est en pourparlers avec la Banque mondiale et l’Union européenne (UE) afin d’obtenir un soutien financier pour le Hustler Fund, le programme économique phare du président William Ruto (photo ci-dessus) conçu pour aider les Kenyans à accéder à un crédit bon marché.

Le Fonds d’inclusion financière, nom officiel du programme, a été lancé fin 2022 dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour remanier le système de prêt kenyan. Dans ce pays d’Afrique de l’Est, les achats ont tendance à être effectués au moyen de prêts numériques assortis de taux d’intérêt annuels pouvant atteindre 100 %, voire plus.

Ces dernières années, la concurrence géopolitique s’est accrue en Afrique, avec des pays comme la Chine et la Russie qui disputent l’influence de blocs comme la Banque mondiale et l’Union européenne.

Il en résulte des niveaux d’endettement élevés, et l’on estime qu’environ 60 % des Kényans ne sont pas en mesure de rembourser leurs prêts. Le Hustler Fund, auquel le gouvernement a consacré 50 milliards de shillings (396 millions de dollars) cette année, propose des prêts instantanés à un taux annuel beaucoup plus avantageux de 8 %.

Simon Chelugui, secrétaire d’État kenyan chargé des coopératives et du développement des micro, petites et moyennes entreprises, a annoncé récemment que la Banque mondiale pourrait être prête à offrir jusqu’à 20 milliards de shillings (129 millions $), l’UE ayant également exprimé son intérêt pour un soutien supplémentaire.

Muthoni Mutonyi, professionnel de la finance basé à Nairobi et ancien fonctionnaire de la Banque nationale du Kenya, explique à African Business qu’en fournissant des ressources supplémentaires à des programmes tels que le Hustler Fund, « la Banque mondiale soutiendrait les initiatives du gouvernement kenyan visant à faciliter l’accès des communautés mal desservies du pays à des crédits abordables ».

Le soutien financier des organisations internationales pourrait se révéler particulièrement important dans le cas du Hustler Fund, car certains experts se demandent si le programme est financièrement viable ou durable à long terme. Le coût élevé du fonctionnement du programme est une source d’inquiétude dans un pays déjà très endetté et qui risque de ne pas honorer sa dette souveraine.

 

Au centre d’un jeu d’influences ?

La perspective d’un taux élevé de défaillance des consommateurs est un autre risque important auquel le Fonds est exposé. Le montant des prêts proposés par le programme, qui commencent à 500 shillings, est considéré comme trop faible pour que les entreprises puissent en bénéficier. Cela signifie que le Fonds, dans sa forme actuelle, n’est pas susceptible de stimuler l’activité commerciale ou la croissance économique. Selon Muthoni Mutonyi, si le Fonds bénéficie d’un soutien financier, il pourrait contribuer à résoudre plusieurs de ces problèmes.

« Les ressources de la Banque mondiale pourraient être bénéfiques pour le peuple kenyan à plusieurs égards », observe Muthoni Mutonyi : « Elles pourraient aider à développer le Hustler Fund et à le rendre accessible à un plus grand nombre de particuliers et d’entreprises. Il pourrait être possible d’augmenter le montant maximum des prêts. Cela pourrait contribuer à créer des emplois et à stimuler la croissance. »

Plus largement, elle estime également que « le soutien des organisations internationales peut contribuer à attirer d’autres donateurs et partenaires et à renforcer la confiance du public dans le programme. »

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si ces ouvertures de la Banque mondiale surviennent à un moment où les institutions dominées par l’Occident sont confrontées à une rude concurrence pour l’influence en Afrique. Le bloc des économies émergentes des BRICS s’est récemment élargi pour inclure deux pays africains, l’Égypte et l’Éthiopie. Lors du récent sommet de Johannesbourg, les dirigeants des BRICS ont souligné leur détermination à remettre en cause la domination du dollar et à retravailler le système de Bretton Woods.

Muthoni Mutonyi estime qu’il est « difficile de savoir avec certitude si la Banque mondiale et l’UE ont un motif politique d’offrir un soutien accru au Kenya » ; toutefois, cette intention est « certainement possible compte tenu de la concurrence géopolitique en Afrique ».

« L’Afrique est un continent stratégiquement important, et la Banque mondiale et l’UE ont toutes deux intérêt à ce qu’il se développe et prospère. Ces dernières années, la concurrence géopolitique s’est accrue en Afrique, avec des pays comme la Chine et la Russie qui se disputent également l’influence », explique Muthoni Mutonyi. « En offrant un soutien accru au Kenya, la Banque mondiale et l’UE ont tout intérêt à ce que le pays se développe et prospère. »

@ABanker

Écrit par
Harry Clynch

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