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African Banker

Un allègement bienvenu de la dette de la Zambie

Un allègement bienvenu de la dette de la Zambie
  • Publiéaoût 17, 2023

La restructuration programmée de la dette de la Zambie et la possibilité d’étendre la formule à d’autres pays endettés constituent une nouvelle encourageante pour les pays africains, notamment le Ghana.

 

Fin juin 2023, la Zambie est parvenue à un accord avec ses créanciers gouvernementaux pour restructurer quelque 6,3 milliards de dollars de dettes. Le remboursement comprend 4,1 milliards $ à la Banque d’exportation et d’importation de Chine.

La dette sera remboursée sur vingt ans, jusqu’en 2043, y compris une période de grâce de trois ans au cours de laquelle seuls les paiements d’intérêts sont dus ; selon certains calculs, cette solution offre un taux d’intérêt limité à 1% par an.

En bref : Huit autres bourses africaines vont rejoindre le projet de liaison des Bourses africaines (AELP), ce qui portera le nombre total de bourses à quinze.

En juillet, l’attention s’est portée sur les créanciers privés, à qui la Zambie doit 6,8 milliards $. Il s’agit notamment des détenteurs d’obligations d’une valeur de 3 milliards $, dont des euro-obligations.

Une quinzaine d’institutions européennes et américaines, détentrices d’environ 45 % des titres, se sont regroupées au sein d’un comité dirigé par Amia Capital, Amundi, BlueBay Asset Management, Farallon Capital Management, Greylock Capital et T. Rowe Price, et conseillé par Newstate Partners et le cabinet d’avocats Weil, Gotshal & Manges.

Le 12 juillet, le groupe de détenteurs d’obligations a signé des accords de non-divulgation avec le gouvernement zambien, signe que des discussions sérieuses ont été entamées. Le gouvernement est censé partager des informations détaillées au cours des discussions, et les détenteurs d’obligations ne sont pas autorisés à négocier pendant deux semaines, le temps de recevoir des informations non publiques sur la stratégie macroéconomique de la Zambie.

Le groupe a indiqué qu’il pourrait « subir une décote », c’est-à-dire perdre une partie de la valeur de son capital, lorsque de nouvelles obligations seront émises dans le cadre de la restructuration. Toutefois, il souhaite des paiements réguliers des intérêts dus tous les six mois et un calendrier de remboursement à la fois « réaliste » et ne dépassant pas dix ans, avec des remboursements progressifs au fil du temps.

La Zambie avait promis à ses créanciers gouvernementaux d’accélérer les remboursements si son économie enregistrait des performances suffisantes pour que le Fonds monétaire international revoie à la hausse le montant de la dette que le pays peut supporter.

Le 27 juin, le ministre des finances Situmbeko Musokotwane a déclaré que l’évaluation serait effectuée conjointement par le FMI et la Banque mondiale en 2026 : « Le mécanisme d’ajustement prévoit un calendrier de remboursement accéléré et des taux d’intérêt plus élevés si la capacité de la Zambie à supporter la dette s’améliore, passant de la classification actuelle « faible » à une classification « moyenne » ».

 

Des échéances difficiles à tenir

Les taux d’intérêt augmentent jusqu’à un maximum de 2,5 %, à moins que la Zambie ne passe à une capacité d’endettement « moyenne », où les taux d’intérêt s’élèvent à 4 %. Le remboursement du principal de la dette entre 2026 et 2035 sera de 0,5 %, soit 30 millions $ par an, conformément à l’accord conclu en juin avec les créanciers du gouvernement. La restructuration comprend 1,3 milliard $ d’arriérés envers les gouvernements.

La Zambie a émis sa première euro-obligation de 750 millions $ en 2012 à un taux d’intérêt nominal de 5,375 %, suivie d’une euro-obligation de 1 milliard $ en 2014 à un taux d’intérêt nominal de 8,5 % et d’une troisième euro-obligation, cette fois de 1,25 milliard $ en 2015 à un taux d’intérêt nominal de 8,97 %.

La première obligation devait arriver à échéance en 2022, la deuxième en 2024 et la troisième devait être remboursée en trois versements en juillet 2025, 2026 et 2027.

En octobre 2020, la Zambie a manqué un paiement de coupon, ce qui a déclenché un délai de grâce d’un mois. En novembre, la Zambie est devenue le premier pays africain à faire défaut sur sa dette souveraine pendant la pandémie de grippe aviaire. L’obligation 2024 se négociait sur les marchés internationaux à un prix aussi bas que 30 cents pour 1 dollar de valeur nominale. Les discussions entre le gouvernement zambien et les créanciers internationaux se sont poursuivies pendant trois années tendues.

Après le déblocage de la dette en juin, les euro-obligations de la Zambie se sont négociées à la hausse sur les marchés internationaux et ont été de 52-57 cents pour 1 dollar nominal à la mi-juillet.

La Zambie est considérée comme un test pour le cadre de restructuration de la dette créé par le groupe des nations riches du G20 pendant la pandémie. Cette nouvelle est porteuse d’espoir pour d’autres gouvernements qui ont des difficultés à rembourser leur dette internationale, notamment le Sri Lanka et le Ghana.

Elle ouvre également la voie à la réception par la Zambie d’une tranche de 189 millions $ de la part du FMI, dans le cadre d’un programme de soutien triennal de 1,3 milliard $ convenu en septembre 2022 et appelé « accord de facilité de crédit étendue ». Le 14 juillet, le Fonds a déclaré dans un rapport que l’accord de rééchelonnement permettrait au pays d’économiser 7,65 milliards $ d’ici 2026.

 

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En bref 

Quinze Bourses désormais reliées par l’AELP

 

Huit autres places financières vont rejoindre le projet de liaison des Bourses africaines (AELP), ce qui portera le nombre total de Bourses ainsi reliées à quinze. Le 28 juin, l’Association africaine des Bourses de valeurs (ASEA) et la Banque africaine de développement ont signé un accord portant sur une subvention de 600 000 dollars pour l’expansion de la deuxième phase du projet.

L’AELP est un projet phare de l’ASEA et de la BAD qui relie les agents de change des principales Bourses. Les clients peuvent envoyer des ordres à exécuter sur d’autres marchés par l’intermédiaire d’un courtier parrainé. L’objectif est de stimuler les échanges transfrontaliers de titres, d’accroître la liquidité et de diversifier les opportunités pour les investisseurs.

Les Bourses participant à la phase 2 sont le Botswana, le Ghana et six autres. La Bourse de Dar es Salaam a organisé un séminaire de sensibilisation pour les participants potentiels en avril. La subvention soutiendra également la formation des investisseurs institutionnels et des opérateurs du marché des capitaux.

La phase 1, qui regroupe sept bourses et 31 agents de change, comprenait la mise en place d’une plate-forme d’interconnexion des infrastructures fournie par DirectFN d’Arabie saoudite, une société informatique internationale.

Les bourses participantes sont la Bourse de Casablanca, la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Afrique de l’Ouest, l’Egyptian Exchange, le Johannesburg Stock Exchange, le Nairobi Securities Exchange, le Nigerian Exchange et le Stock Exchange of Mauritius. Des formations ont été proposées à un millier d’opérateurs du marché des capitaux.

Solomon Quaynor , vice-président de la BAD, a déclaré lors de la signature en juin : « La collaboration entre la BAD et l’ASEA par l’intermédiaire de l’AELP s’aligne sur notre objectif de mobiliser les groupes d’investisseurs institutionnels et les financements des marchés de capitaux en faveur de l’infrastructure et du secteur réel dans les pays membres régionaux. »

En avril, l’ASEA a signé un protocole d’accord avec le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), améliorant ainsi l’efficacité des échanges transfrontaliers et réduisant les inefficacités dans les transferts de fonds et la dépendance à l’égard des devises étrangères pour les paiements.

Le projet pourrait ouvrir la voie à des phases ultérieures comprenant une licence unique pour les agents de change et la levée de capitaux à l’échelle du continent pour les émetteurs africains.

@ABanker

Écrit par
Tom Miney

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