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Prudente face à l’inflation, la BCEAO augmente ses taux

Prudente face à l’inflation, la BCEAO augmente ses taux
  • Publiéseptembre 7, 2023

Constatant pourtant une décélération de l’inflation – inégalement répartie – en Afrique de l’Ouest, la Banque centrale augmente ses taux directeur, suivant le mouvement mondial. Mesure préventive alors que l’économie retrouve le chemin de la croissance.

 

Réunis en session ordinaire le 6 septembre 2023, le Comité de politique monétaire (CPM) de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) a relevé de 25 points de base ses taux directeurs. La mesure sera effective le 16 septembre. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques passe de 3,00% à 3,25%.

« Dans ce contexte, la plupart des banques centrales ont mis l’accent sur le rétablissement de la stabilité des prix et le renforcement de la supervision financière et de la surveillance des risques. »

Cette décision intervient « dans un contexte de montée des incertitudes au niveau régional, de persistance des tensions inflationnistes, de renchérissement des conditions financières sur les marchés internationaux et de moindre mobilisation de ressources extérieures », résume le communiqué du CPM publié après la réunion. La hausse des taux directeurs vise donc à anticiper et à contenir l’impact de ces facteurs de risque sur les perspectives macroéconomiques de l’Union.

Pourtant, reconnaît l’institution dans sa dernière note de conjoncture, les dernières données confirment la baisse continue de l’inflation dans la plupart des pays développés, tout en restant à des niveaux élevés, notamment la composante sous-jacente. Les investisseurs s’attendent à l’arrêt des politiques monétaires restrictives.

L’activité économique au sein de l’UMOA a maintenu sa dynamique de progression au deuxième trimestre 2023. Pour l’année 2023, la croissance économique est projetée à 5,6%. Elle est estimée à 5,1%au troisième trimestre, après 5,7% au deuxième trimestre. L’activité est soutenue par la vigueur de la demande intérieure, poussée par des investissements publics et l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, notamment.

Pour les mois à venir, les économies de l’Union ouest-africaine devraient connaître une reprise plus modérée. La croissance serait principalement soutenue par la hausse attendue de la demande intérieure et l’amélioration continue de certains secteurs tels que le transport, le tourisme, l’hôtellerie et le BTP.

 

Les efforts des gouvernements

Le taux d’inflation, en rythme annuel, qui avait atteint 5,8% au premier trimestre 2023 a baissé à 4,0% au deuxième trimestre. En juillet 2023, le taux d’inflation dans l’Union est ressorti à 3,4%. La BCEAO constate que l’approvisionnement des marchés en produits céréaliers locaux est « suffisant », tandis que se poursuit la détente des produits alimentaires sur les marchés internationaux. De plus, « les efforts continus des gouvernements pour maintenir le pouvoir d’achat des citoyens, ainsi que la poursuite de la normalisation de la politique monétaire de la BCEAO, devraient contenir le regain de tensions sur les prix. »

En juillet 2023, l’inflation a reculé en Guinée-Bissau, au Sénégal, au Bénin, au Mali, au Burkina Faso. Ce dernier pays a bénéficié du recul des prix des céréales locales, à la suite d’une « bonne campagne » de production agricole 2022-2023.

En revanche, la BCEAO constate « des accélérations » au Niger, au Togo, en Côte d’Ivoire. Ce pays a enregistré une hausse des prix de certaines denrées agricoles, tandis que les entreprises ont anticipé des hausses de tarifs d’électricité. 

D’autre part, les crédits à l’économie ont évolué à un rythme soutenu, enregistrant une progression de 16,2%, en rythme annuel, à fin juin 2023 après 16,6% à fin mars 2023. Cette bonne orientation permet de soutenir l’activité économique dans l’Union. La BCEAO constate une hausse de la masse monétaire, sur la période récente.

Au cours des mois à venir, conclut le CPM, le banquier central, analysant l’évolution des risques qui entourent les perspectives macroéconomiques, « prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire de la zone ».

Au-delà de cette formule classique, la BCEAO constate que partout dans le monde, les banques centrales continent de resserrer leur politique monétaire, « quoiqu’à un rythme plus réduit », dans un contexte de ralentissement généralisé de l’inflation. D’ailleurs, le FMI constate que cette politique affecte l’activité économique mondiale, la croissance devant se tasser à 3% cette année contre 3,5% en 2022. L’inflation ressortirait à 6,8% contre 8,7% l’an dernier. « Dans ce contexte, la plupart des banques centrales ont mis l’accent sur le rétablissement de la stabilité des prix et le renforcement de la supervision financière et de la surveillance des risques », observe la BCEAO.

@ABanker

Écrit par
Laurent Soucaille

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