Analyse : L’essor du financement participatif
Répondant à un besoin, la pratique du crowdfunding pourrait connaître un essor rapide, en Afrique. Des plateformes émergent, initialement orientées vers le don, elles diversifient leur approche.
Par Estelle Brack
Inexistante il y a dix ans, la finance participative s’est développée à partir du Royaume-Uni en 2006, puis des États-Unis en 2007, dans le sillage du renforcement des réglementations bancaires et financières, en réponse à la crise financière mondiale de 2008, et au premier rang desquelles Bâle III.
Si les chiffres restent, en valeur absolue, encore modestes, la vitesse de progression de cette technique de financement nouvelle est impressionnante. Ainsi, selon les chiffres de l’industrie, les financements levés par les plateformes de financement participatif ont atteint au niveau mondial 34,4 milliards de dollars à la fin de l’année 2015, à comparer aux 16,2 milliards $ levés en 2014. Depuis 2012, les levées de fonds par ce canal ont été multipliées par 12.
Si l’ensemble des compartiments de financements se développe, celui des prêts mobilise les financements les plus importants, avec plus de 70 % des montants levés par les plateformes. Ainsi, sur les 34,4 milliards $, 25,1 milliards ont été levés sous forme de prêt, 2,85 milliards sous forme de don, 2,68 milliards sous forme de prime, 2,56 milliards sous forme de capital, 811 millions sous forme hybride et 405 millions sous forme de redevance.
La finance participative mobilise à présent des volumes de capitaux plus importants que les Business Angels et sa trajectoire la rapprocherait du volume de financements levés par capital-investissement (Private Equity).
Selon les projections du Massolution Crowdfunding Industry Report de 2015 et de PwC, la finance participative pourrait alors atteindre plus de 150 milliards $, à horizon 2025, dont 96 milliards pour les seuls pays émergents, pays qui devraient à cet égard offrir un potentiel de croissance important.
Un potentiel important pour l’Afrique
La Banque mondiale estime que les pays émergents représentent aujourd’hui tout au plus 2 % du marché des financements participatifs, soit approximativement un montant de 430 millions $ (hors Chine).
L’Afrique reste très en retrait, bien après l’Asie et l’Amérique latine. Le continent africain offre, pourtant, un potentiel très important, notamment parce qu’y sont présents des facteurs propices à l’épanouissement de ce mode de financement.
En dépit du niveau modeste des montants levés jusqu’à présent, les initiatives foisonnent comme en atteste le nombre de plateformes créées sur le continent, telles que Thundafund ou M-Changa, respectivement en Afrique du Sud et au Kenya.
Pour autant, un très grand nombre de plateformes non-résidentes, notamment localisées aux États-Unis (comme Fundly.com, Globalgiving. org, Gofundme.com, Indiegogo, Kickstarter, Kiva.org, Razoo.com, Youcaring.com ou Zidisha.org) ou encore au Royaume-Uni (comme la récente plateforme Emerging Crowd) et principalement actives dans le secteur de la microfinance et du don, semblent particulièrement dynamiques dans certains pays d’Afrique subsaharienne. Les plateformes françaises (comme Babyloan, KissKissBankBank ou encore Ulule) ne semblent pas en reste.
Il existe des facteurs propres au continent africain qui augurent d’un développement dynamique d’une finance participative. Les techniques de financement collectif sont en effet présentes dans de nombreuses cultures en Afrique et les tontines l’illustrent parfaitement.
En Afrique, le crowdfunding viendrait compléter les financements mobilisés par la microfinance. En effet, avec un encours de crédit d’un peu plus d’un milliard de dollars au sein de la seule Uemoa, la microfinance représente depuis quelques années une source significative de financement des entreprises, principalement du secteur informel.
1 Commentaire
Le rappel de l’historique du financement participatif mérite un rectificatif . Je cite :
» Inexistante il y a dix ans, la finance participative s’est développée à partir du Royaume-Uni en 2006 »
En fait le cœur de la finance islamique s’appelle » Financement participatif » .
C’est dire que dès le 7 ième siècle , cet outil de conduite et de gestion des affaires existait en pratique dans l’Islam .
Il serait intéressant de s’approcher des Banques islamiques ou des économistes spécialisés dans la finance islamique pour encore plus d’informations sur le sujet .
Merci