Microfinance: les ambitions de la faitière des caisses populaires

Le Réseau des caisses populaires du Burkina Faso, leader de la microfinance, avec 70% de parts fait sa mue en devenant la Faitière des caisses populaires du Burkina (FCPB).
Cap sur des ambitions nouvelles pour un secteur plein de promesses.
Par Tiego Tiemtoré
Né en 1972 grâce à la volonté des Burkinabé de lutter contre la pauvreté des populations rurales (puis urbaines) en mobilisant les ressources de ces mêmes populations, le Réseau des caisses populaires du Burkina (RCPB) avait trois caisses au sud-ouest du pays Diébougou, Dissin et Koper.
De concept novateur et expérimental, ces premières caisses se transformeront progressivement en un outil de développement. Depuis lors, le RCPB n’a cessé de se développer et de s’étendre avec l’ambition de se rapprocher des populations, de s’engager à leurs côtés et de contribuer, conformément à son mandat, à l’amélioration des conditions de vie des populations les moins nanties.
Le RCPB est l’un des membres fondateurs (en 2006) du réseau international de réflexion et d’échange Proxfin, qui regroupe 28 institutions de finance de proximité, partenaires de Développement international Desjardins (DID est une composante du Mouvement Desjardins, le premier groupe financier coopératif du Canada).
Cette institution financière de proximité est aujourd’hui considérée comme une réussite au niveau africain. Pendant plus de 40 ans, le plus ancien réseau coopératif d’épargne et de crédit au Burkina Faso a permis aux pauvres, aux cadres, aux Petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux coopératives villageoises d’accéder aux services financiers.
Apport significatif
Le réseau est la première institution de microcrédit avec plus de 70% de parts de marché et 183 agences réparties dans l’ensemble des 45 provinces que compte le Burkina Faso. Avec plus de 852 149 membres (dont 30% de femmes) en fin 2013, un encours d’épargne de plus de 105 milliards de F.CFA, 83 milliards de F.CFA d’encours de crédit, les caisses populaires injectent plus de 100 milliards de F.CFA annuellement dans l’économie nationale.
La croissance moyenne de l’épargne est estimée à 20% par an. En outre, elles ont permis la création d’environ 100 000 emplois directs et indirects et le financement de 8 000 PME/PMI et contribué à l’éducation coopérative des populations. Le réseau a réussi à concilier la politique des petits crédits avec celle des investissements des petites entreprises.
La création de quatre centres financiers aux entrepreneurs a permis de financer 8000 entrepreneurs. Selon les statistiques, les Caisses populaires du Burkina Faso qui ont fêté 40 ans d’exercice en 2012, ont injecté plus de 500 milliards de F.CFA dans l’économie burkinabé, dont 10 milliards de F. CFA dans le secteur cotonnier, 77 milliards de F.CFA dans les activités rémunératrices des femmes, 8 milliards de F.CFA dans l’élevage.
Nouveau départ
En décidant de faire sa mue en février 2014, le RCPB devenu la FCPB ouvre une nouvelle page de son évolution. Il est devenu un regroupement de six entités, à savoir quatre unions régionales, cinq antennes régionales et une fédération.
« Outre l’objectif de conformer les caisses aux nouvelles exigences légales de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la reconfiguration vise à accroître l’efficacité de l’institution à travers l’amélioration de l’accès des membres aux services financières, la mise en place d’unités de base forte, solides et autonomes ; la transformation du réseau à deux niveaux avec une faîtière unique , l’amélioration de la bonne gouvernance et le renforcement des capacités des acteurs », selon le directeur général, Daouda Sawadogo.
Le cap mis sur l’innovation technologique, en vue de faciliter l’interconnexion des caisses va permettre aux clients d’avoir accès aux services dans n’importe quelle caisse sur toute l’étendue du territoire ; ce qui à l’évidence, améliorera l’offre de service et la rentabilité. L’objectif de la FCPB est de figurer parmi les dix meilleures institutions de microfinance sur le continent, en termes de performance, à l’horizon 2020.
En termes de défis et de perspectives, la FCPB envisage d’interconnecter toutes les caisses pour faciliter les opérations des membres ; améliorer l’inclusion financière des couches vulnérables ; développer des produits de la monétique pour désengorger les files d’attente ; poursuivre le processus de modernisation des caisses et accroître la satisfaction des membres.
Le cap mis sur l’innovation technologique, en vue de faciliter l’interconnexion des caisses va permettre aux clients d’avoir accès aux services dans n’importe quelle caisse sur toute l’étendue du territoire ; ce qui à l’évidence, améliorera l’offre de service et la rentabilité. L’objectif de la FCPB est de figurer parmi les dix meilleures institutions de microfinance sur le continent, en termes de performance, à l’horizon 2020, après avoir consolidé ses assises sur le plan local.
« Nous devons améliorer l’inclusion financière des couches défavorisées, le réseau sert environ 1 million de membres sur une population de 16 millions. Cela montre qu’il y a un groupe important de personnes à couvrir. Nous devons aussi développer la monétique pour désengorger les files d’attente devant nos caisses », estime Daouda Sawadogo. Un ambitieux plan d’affaires 2014-2016, énonce les lignes directrices de ces ambitions la qualité de l’offre de service, l’organisation de l’information financière, le renforcement de la dimension coopérative et la professionnalisation de la gestion du crédit.
Encadré
Daouda Sawadogo, un manager de talent
Si la FCPB est incontestablement, la mieux implantée et l’un des grands maillons du secteur de la microfinance au Burkina Faso, l’entregent de Daouda Sawadogo y est pour quelque chose. Présent depuis deux décennies dans le secteur de la microfinance, il a su insuffler un dynamisme unanimement reconnu au réseau des caisses populaires.
Ce gestionnaire d’envergure a d’abord dirigé l’Union régionale des caisses du Plateau central, contribuant ainsi à l’expansion de la plus importante union régionale du réseau, avant de prendre la tête du RCPB en janvier 2002. Les efforts et l’engagement soutenu de Daouda Sawadogo en faveur du mieux-être de sa collectivité sont le plus souvent cités en exemple et récompensés, tant au niveau national qu’à l’extérieur.
En s’inspirant du modèle mis en place par Desjardins au Québec, il a conduit en 2004, la Fédération des caisses populaires du Burkina Faso à mettre en place un Centre financier aux entrepreneurs (CFE), qui permet aux Petites et moyennes entreprises de recevoir les conseils dont elles ont besoin pour améliorer leurs pratiques de gestion.
La CFE ouvre la porte à l’accès aux fonds de roulement, le préfinancement de marché, l’équipement commercial, immobilier et les cautions bancaires. Le développement de partenariats avec la Confédération des institutions financières de l’Afrique de l’Ouest (CIF un groupement de six réseaux de crédit et d’épargne du Bénin, du Mali, du Togo, du Sénégal et du Burkina Faso), est son initiative.
Le RCPB est l’un des membres fondateurs (en 2006) du réseau international de réflexion et d’échange Proxfin, qui regroupe 28 institutions de finance de proximité, partenaires de Développement international Desjardins (DID est une composante du Mouvement Desjardins, le premier groupe financier coopératif du Canada).