L’Union européenne invitée à sortir le Maroc de sa liste grise

Après la décision du Groupe d’action financière internationale de retirer le Maroc de sa liste grise, l’Union européenne devrait suivre, juge le gouvernement marocain. Pour les milieux financiers, cette décision, justifiée, constitue une excellente nouvelle.
Le soulagement est général, au Maroc, après la décision du GAFI (Groupe d’action financière internationale) de sortir le pays de sa « liste grise ». L’organisme salue ainsi les efforts réalisés par le système financier du Royaume en matière de transparence financière et de lutte contre les trafics illicites. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a profité d’une réunion de travail avec le Commissaire européen Oliver Varhelyi, le 2 mars, pour inciter l’Europe à adopter la même attitude. « Les réformes menées suite aux instructions royales ont permis au Maroc de sortir de la liste du GAFI ; l’Union européenne dispose d’une réciprocité avec le GAFI. Nous appelons l’UE à réagir avec célérité à cette annonce et à retirer, elle aussi, le Maroc de sa liste grise », a résumé le ministre.
La décision facilite les relations des banques marocaines avec les banques correspondantes internationales, les chambres de compensation et les investisseurs, considère Moody’s.
En effet, « la Commission ne sera pas tenue de répéter le processus d’identification effectué par le GAFI, de manière à veiller à ce que les listes du GAFI soient transcrites en temps utile et à éviter de gaspiller des ressources. Une fois qu’un pays tiers figure sur l’une de ces listes, l’UE appliquera des mesures proportionnées aux risques qu’il présente », stipule le règlement de l’Union européenne, actualisé le 7 décembre 2022. Toutefois, l’expérience montre que si l’inscription sur la « liste grise » dans le sillage du GAFI est automatique, la sortie est un peu plus longue… Ce fut le cas pour la Tunisie, qui a dû patienter quelques mois. Cela étant, le maintien dans cette liste n’entrave en rien les relations financières entre résidents européens et marocains, selon les règles internationales en vigueur.
Le Maroc a renforcé son cadre légal et réglementaire de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Par exemple, la loi n°12-18 renforce le dispositif national de mise en œuvre des sanctions financières ciblées, en créant une commission nationale chargée de l’application des sanctions et des mesures de surveillance renforcées selon une approche basée sur les risques. Le texte a permis aussi de renforcer le régime des sanctions pécuniaires et disciplinaires, élargir la liste des infractions et augmenter les sanctions pécuniaires applicables aux personnes reconnues coupables de blanchiment d’argent.
Le Maroc dispose également d’une autorité nationale de renseignement financier dont la mission consiste notamment à proposer des réformes législatives, réglementaires ou administratives pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Les autorités monétaires (Bank Al-Maghrib) et financières (Autorité des marchés de capitaux) participent pleinement à l’effort général.
Une décision positive pour les banques marocaines
Les agences internationales ont bien vite salué la décision du GAFI. Pour S&P, elle est justifiée par le fait que « la supervision et la réglementation des institutions financières marocaines se sont progressivement améliorés, ces dernières années ». Les autorités ont amélioré leurs mécanismes de coopération internationale, renforcé la surveillance anti-blanchiment et accru la transparence concernant les entreprises. De son côté « le régulateur a également renforcé sa capacité à mener des enquêtes et amélioré l’efficacité de ses sanctions financières ».
Avis semblable du côté de Moody’s. L’agence considère que l’annonce du GAFI est « positive pour les banques marocaines et le système financier national au sens large, car elle va réduire le risque de réputation découlant des niveaux accrus de surveillance et renforcera la confiance dans le système financier marocain ».
La décision facilite les relations des banques marocaines avec les banques correspondantes internationales, les chambres de compensation et les investisseurs. Ce, en réduisant le risque de retards dans la compensation et le règlement des paiements transfrontaliers et des transactions de réception, et en soutenant les entrées de capitaux dans le pays.
Ainsi, pour Moody’s, les banques marocaines maintiendront-elles « de bons ratios d’efficience ». Attijariwafa bank, le groupe Banque centrale populaire, Bank of Africa-Groupe BMCE et Crédit du Maroc, présentent déjà « un solide ratio coûts/revenus de 48% au premier semestre 2022 » et bénéficient d’un cadre réglementaire « solide et renforcé », tandis que les grandes banques nationales ont des pratiques sophistiquées de gestion des risques.
@ABanker