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African Banker Entretien

Les start-up innovantes sont une clé de la relance économique

Les start-up innovantes sont une clé de la relance économique
  • Publiémai 17, 2023

Nejia Gharbi, directrice générale de la Caisse des dépôts et consignations de Tunisie, dévoile la stratégie de son institution au service de l’éco-système des start-up.

 

CDC Tunisie est un investisseur public créé en 2011 pour soutenir les priorités nationales de développement de la Tunisie en aidant les entreprises viables, y compris les start-up et les projets innovants. L’un de ses objectifs est de stimuler l’entrepreneuriat, l’innovation et la croissance inclusive.

 

Vous travaillez, avec la Banque mondiale, à la promotion de l’emploi des jeunes et au développement de l’écosystème des start-up en Tunisie. Pouvez-vous nous parler du déroulement de cette initiative ?

La Tunisie a un taux de chômage d’environ 15%, et il est encore plus élevé chez les jeunes. La CDC travaille à travers des interventions spécifiques pour stimuler l’emploi et l’entreprenariat. Pour être plus précis, permettez-moi de mentionner quelques-unes de ces actions. Nous avons deux initiatives avec l’Agence française de développement : EnLien (Entrepreneuriat et Lien social), et Fast (Femmes et Accélération pour les Startup et TPE) ; et un projet avec la Banque mondiale intitulé Innovative Start-up and SMEs.

Ce projet de la Banque mondiale s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale Startup Tunisia, un projet sous la tutelle du ministère des technologies de la communication, et en collaboration avec le secteur privé, la société civile et les partenaires internationaux pour développer un écosystème dynamique de start-up tunisiennes.

La Tunisie a dévoilé il y a quelques années son Startup Act, qui est devenu un modèle pour de nombreux pays. Le projet « Start-up et PME innovantes » repose sur deux piliers : Startup Invest – un nouveau cadre d’investissement conçu pour créer une industrie du capital-risque solide et dynamique ; et Startup Ecosystem – un nouveau programme de soutien pour les start-up et les structures de soutien de l’écosystème (SSO).

Financé par la Banque mondiale, ce programme de 75 millions de dollars vise à améliorer l’accès au financement et à soutenir la croissance des start-up et des PME innovantes, tout en stimulant les perspectives économiques et d’emploi pour les jeunes Tunisiens et en promouvant la Tunisie en tant que nation technologique.

La stratégie de la CDC pour les années à venir est de continuer à soutenir des projets d’investissement dans des secteurs stratégiques pour la Tunisie. Nous prévoyons également de renforcer notre soutien aux start-up et aux PME.

Le projet renforcera le soutien global aux start-up et PME innovantes puisqu’il financera des investissements en fonds propres et quasi-fonds propres et aidera les incubateurs et accélérateurs d’entreprises à améliorer et étendre leurs programmes. Les projets gérés par des femmes ou localisés dans les régions intérieures du pays, qui ont par le passé attiré moins d’investissements, bénéficieront d’une attention particulière.

Exécuté par la CDC en partenariat avec Smart Capital, le projet contribuera à la création de plus de 1 800 emplois directs dont 30 % pour les femmes et 20 % pour les jeunes de 18 à 35 ans. Il renforcera les actions menées pour accélérer la relance économique après la Covid-19.

Le projet comprend trois composantes : le financement par des fonds propres et quasi-fonds propres pour les start-up et PME innovantes, à travers ANAVA (un fonds de fonds de 100 millions d’euros), et In-novatech (un fonds de 34 millions d’euros) ; l’appui aux start-up et PME innovantes ; et la gestion du projet et le renforcement des capacités. Plus de 800 start-up ont pu bénéficier de ce programme à la fin de l’année 2022. Les femmes dirigent 35,2 % de ces jeunes entreprises enregistrées.

Le Fonds de fonds ANAVA investira à tous les stades de développement des start-up, y compris l’amorçage, le démarrage et la croissance. En 2022, ANAVA a investi dans les deux premiers Child Funds (fonds sous-jacents dans le secteur des start-up) – le 216 Capital Fund I (un fonds d’amorçage géré par 216 Capital Ventures) et le Badia Investment Fund 2 (BIF, un fonds d’amorçage géré par Silicon Badia). Le montant total souscrit par ANAVA dans ces deux fonds s’élève à 11,2 millions d’euros, dont 3 millions d’euros ont déjà été investis.

 

Le financement reste-t-il la principale contrainte pour les start-up ?

Elles ont des problèmes d’accès au marché, des problèmes juridiques liés aux nouvelles activités, des problèmes liés au cadre monétaire national et des difficultés à lever des fonds. En ce qui concerne l’accès au marché et le cadre juridique, il existe une volonté politique de faciliter les choses et de faire des affaires en Tunisie. Le pays a également le projet de mettre à jour son cadre monétaire afin de faciliter les opérations de change.

En ce qui concerne la collecte de fonds, nous espérons que l’accélération des investissements de l’ANAVA résoudra une grande partie du problème.

Le gouvernement et les organisations locales prennent déjà des mesures pour stimuler l’écosystème. Digital Tunisia 2020 vise à mettre à jour l’infrastructure technologique et à positionner le pays comme un centre d’affaires régional.

 

Qu’est-ce qui vous rend optimiste dans ce domaine particulier ?

L’écosystème des start-up tunisiennes a créé 25,6 millions de dollars de valeur entre le 1er juillet 2019 et le 31 décembre 2021.

La Tunisie a été classée première dans la région MENA en termes de talents accessibles dans le GSER 2022. L’écosystème est également dans le Top-10 de la région MENA selon Bang for Buck, qui mesure la quantité de piste que les start-up technologiques acquièrent, en moyenne, à partir d’un tour de capital-risque. La Tunisie figure également parmi les dix premiers écosystèmes émergents en matière de talents, d’activités de recherche et de brevets, mais aussi en termes de financement disponible pour les start-up.

La Tunisie a acquis une réputation de moteur dans le développement de l’écosystème des start-up en Afrique. En effet, de nombreux pays africains viennent en Tunisie pour apprendre de son expérience réussie et bénéficier de son expertise dans le domaine.

Un élément clé à souligner est l’implication croissante des femmes tunisiennes dans l’écosystème des start-up. 34,4% des start-up sont co-fondées par au moins une femme, tandis que 2,3% sont fondées exclusivement par des femmes.

 

Quelles sont les principales sources de financement ?

La CDC dispose de différentes sources de financement, à savoir l’épargne nationale, les dépôts légaux auprès du Trésor, ses fonds propres et d’autres ressources provenant d’institutions de financement du développement et de donateurs. Toutes les ressources sont allouées à des projets approuvés dans un cadre d’investissement clair et conformément à sa stratégie de risque prudente.

 

Privilégiez-vous certains secteurs économiques ?

Aucun secteur n’est exclu. Les projets sont sélectionnés en fonction de leur potentiel à maintenir et développer des impacts correspondant à la stratégie de la CDC : projets de grande envergure principalement en partenariat public-privé, projets verts, projets autour des transitions énergétique et numérique, interventions stratégiques sur le marché financier – et bien sûr, le soutien aux start-up et aux PME reste la pierre angulaire de notre intervention.

Le développement du secteur des énergies renouvelables est un axe majeur de la stratégie de la CDC. Nous sommes activement impliqués dans le financement de projets verts à travers des partenariats avec des acteurs publics et privés. De plus, nous travaillons à la sensibilisation aux enjeux de la transition énergétique et à la promotion des technologies vertes dans le pays.

Visuel extrait du Rapport d'activité 2021 de la CDC Tunisie.
Visuel extrait du Rapport d’activité 2021 de la CDC Tunisie.

 

Quelle est votre stratégie pour les prochaines années ?

Les réalisations remarquables de CDC dans son portefeuille démontrent clairement, dix ans après sa création, qu’elle est devenue un acteur clé de l’économie nationale. D’ici à 2025, la CDC a l’ambition de devenir un investisseur de référence, innovateur et créateur de valeur, soutenant la reprise en contribuant à relever les défis sociaux, économiques et environnementaux.

La stratégie de la CDC pour les années à venir est de continuer à soutenir des projets d’investissement dans des secteurs stratégiques pour la Tunisie. Nous prévoyons également de renforcer notre soutien aux start-up et aux PME. En termes de croissance, nous prévoyons d’augmenter notre bilan en ciblant des projets de grande envergure avec une large gamme d’échéances possibles. Nous développons également une politique de financement vert qui nous permettra de contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en générant des rendements financiers attractifs.

Nous prévoyons d’intensifier notre intervention dans des projets respectueux de l’environnement, d’autant plus que la CDC est en attente d’accréditation au Fonds vert pour le climat et sera l’entité nationale éligible pour ce type de projet.

Nos prévisions s’étendent à l’axe d’investissement et aussi à l’axe de financement en travaillant sur des missions d’obligations vertes. En outre, nous travaillons sur des projets d’infrastructure financés en mode PPP, en particulier dans les domaines de l’assainissement, du dessalement, des eaux usées et du traitement des déchets. La CDC intervient également dans le secteur des transports avec son implication dans deux projets majeurs : le port en eau profonde d’Enfidha et les zones logistiques.

 

Où en est le partenariat avec le Niger ?

La CDC de Tunisie a signé un accord de coopération avec la CDC du Niger en avril 2019 dans le but de renforcer leur partenariat et leur collaboration dans le développement économique et social de leurs pays respectifs. L’accord permettra aux deux institutions de soutenir le financement des PME et PMI, d’apporter une assistance technique aux projets urbains et aux parcs d’activités, ainsi qu’une expertise en matière de génie civil, de finance et de coopération institutionnelle au sein du Forum des Caisses de Dépôt.

Un fonds commun de placement inter-fonds est en cours de développement, que nous aurons le plaisir d’annoncer très prochainement !

 

Nejia Gharbi, directrice générale adjointe de la CDC, est une haute fonctionnaire. Elle a occupé des postes de direction au sein de l’industrie nationale des phosphates et de Tunisair. Elle a également été responsable de la Cellule centrale des investisseurs et de la gestion au sein des services du Premier ministre avant de prendre ses fonctions à la CDC. Elle a également été présidente de la banque STB entre 2015 et 2021. Depuis 2021, elle est présidente du Conseil d’administration de la banque BNA. Elle est titulaire d’un Master en gestion de la FSEG de Tunis et d’un diplôme de l’ENA (École nationale d’administration (ENA).

@ABanker

 

Écrit par
African Banker

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