Les start-up doivent composer avec la baisse des financements

Les entrepreneurs africains sont confrontés au sérieux ralentissement du financement, en ce début 2023. En effet, le montant levé par les nouvelles entreprises représente moins de la moitié de ce qu’il était au premier quadrimestre 2022.
Selon de nouvelles données, le début d’année est difficile pour les start-up africaines. Après une année 2022 record, marquée par près de 5 milliards de dollars levés, elles sont désormais confrontées à un problème de financement ; le montant levé par les nouvelles entreprises étant inférieur à la moitié de ce qu’il était à la même époque en 2022. En effet, à la fin du mois d’avril 2023, les jeunes entreprises africaines avaient levé 536 millions $, contre 950 millions $ au cours des quatre premiers mois de 2022, selon les données compilées par la base de données en ligne Africa The Big Deal.
Ces nouvelles conditions de marché pourraient également inciter les acteurs de l’écosystème à réfléchir à des modèles de financement alternatifs pour renforcer leur résistance à l’avenir.
Les deux derniers mois ont été particulièrement décevants pour les entrepreneurs en quête de capitaux, avec un peu moins de 130 millions $ levés sur le continent en avril, soit 3,5 fois moins qu’en avril 2022, et également moins qu’en avril 2021.
Ce ralentissement du financement en Afrique est toutefois conforme à la tendance mondiale. Au premier trimestre 2023, le financement des start-up aux États-Unis a chuté de 54%, tandis qu’en Europe, il tombait de 60%, de 65% en Asie et de 80% en Amérique latine. La faible croissance mondiale due aux tensions géopolitiques, à la hausse des taux d’intérêt et aux turbulences du secteur bancaire est largement responsable de ce ralentissement persistant de l’activité d’investissement.
Récemment, la jeune entreprise Copia, spécialisée dans le commerce électronique en Afrique, a cessé ses activités en Ouganda pour se concentrer sur la rentabilité au Kenya. Tim Steel, son PDG, a admis que sa décision était « cohérente avec la plupart des meilleures entreprises en Afrique et dans le monde, qui réagissent à l’environnement du marché et donnent la priorité au profit ».
Changement de stratégie
Toutefois, la restructuration est-elle la seule solution pour les créateurs d’entreprises africains ?
Compte tenu de la crise bancaire actuelle, qui a vu l’effondrement de la Silicon Valley Bank et de la First Republic Bank, toutes deux fortement engagées auprès du secteur technologique, la dépendance à l’égard des sociétés de capital-risque américaines pour financer les start-up africaines devient de plus en plus discutable.
Selon le cabinet de conseil McKinsey, environ 70 % des opérations de financement de start-up Fintech sont financées par des investisseurs dont le siège se trouve en dehors de l’Afrique, la plupart en Amérique du Nord.

Par conséquent, d’autres sources de financement, telles que les investisseurs locaux et le gouvernement, devraient jouer un rôle plus important dans le soutien de l’écosystème entrepreneurial du continent.
Par exemple, en avril, le gouvernement du Canada et l’USAid ont participé à l’octroi de plus de 7 millions $ de subventions en Afrique, un financement modeste à leur échelle mais significatif, et qui pourrait présager l’implication d’un plus grand nombre d’investisseurs institutionnels à l’avenir.
Les fonds de capital-risque étrangers sont susceptibles de procéder à des investissements moins risqués, ce qui pourrait profiter au secteur de la Fintech, généralement considéré comme très lucratif pour les investisseurs.
Le reste de l’année sera probablement difficile pour les fondateurs de start-up, mais ces nouvelles conditions de marché pourraient également inciter les acteurs de l’écosystème à réfléchir à des modèles de financement alternatifs pour renforcer leur résistance à l’avenir.
*****
En bref
Nomba trouve des capitaux
La Fintech nigériane Nomba (ex-Kundi), spécialisée dans les paiements en ligne, a achevé avec succès un cycle de financement d’un montant de 30 millions $. Les fonds serviront notamment à améliorer son offre auprès de sa clientèle d’entreprises.
L’opération a été menée par Base10 Partners avec la participation de Helios.do, de Shopify, de Partech et de Khosla Ventures. La société, créée en 2016, est passée de simple intégrateur de « chatbot » à fournisseur de services de paiement omnicanal, qui plus est rentable.
« Nous soutenons aujourd’hui plus de 300 000 entreprises avec une large gamme de solutions de paiement, ainsi que des outils de gestion et des outils bancaires qui permettent d’améliorer les processus commerciaux et d’aider les propriétaires d’entreprises à mieux faire des affaires », se félicite la communication financière.
@AB