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L’achat d’actions fractionnées, une idée à suivre

L’achat d’actions fractionnées, une idée à suivre
  • Publiémars 23, 2023

Une Fintech kenyane permet aux petits investisseurs en Bourse d’acheter un pourcentage d’une action. Une solution qui pourrait attirer les jeunes, trop souvent attirés par les produits plus risqués des cryptomonnaies ou les paris sportifs.

 

Depuis la création de la Nairobi Securities Exchange (NSE) en 1954, il a toujours été très difficile pour les petits investisseurs d’acheter des actions et. En vertu de la réglementation locale du marché des capitaux, tout investisseur à la NSE est tenu d’acheter un minimum de 100 actions par transaction. Cela peut rendre le coût de nombreux actifs, en particulier ceux qui ont une valeur élevée, prohibitif.

« Nous devons résoudre ces problèmes de base avant de pouvoir accéder aux avantages d’offres plus ésotériques comme le commerce des actions fractionnées. »

Cependant, l’autorité des marchés des capitaux du Kenya (CMA) et le NSE ont récemment accordé une licence à une Fintech de Nairobi qui pourrait faciliter un investissement de détail beaucoup plus important sur le marché des valeurs mobilières du pays. Hisa Technologies s’est associée à la Faida Investment Bank pour proposer la propriété fractionnée de titres aux investisseurs particuliers qui n’ont pas les moyens de s’offrir des opérations de type minimum.

Dans le cadre de ce modèle, les investisseurs peuvent acheter un certain pourcentage d’un titre, d’une valeur aussi faible que 5 dollars. Ils reçoivent ensuite un dividende proportionnel à la quantité de titres qu’ils ont achetés. Le courtier, dans ce cas Hisa, met en commun tous les fonds de ses clients pour acheter des titres en masse. Les petits investisseurs agissant collectivement de cette manière, il est beaucoup plus facile de satisfaire aux exigences minimales en matière de capital fixées par les autorités de réglementation.

Eric Jackson
Eric Jackson

Hisa a été lancée en 2022 avec une application mobile qui offrait aux Kényans la possibilité de posséder des fractions d’actions américaines et de fonds négociés en bourse (ETF). Eric Jackson, cofondateur et directeur de la technologie chez Hisa, explique à African Business que l’idée est née des difficultés qu’il rencontrait lorsqu’il cherchait à acheter des actions.

« J’ai déjà essayé d’investir dans la Bourse. Au départ, le processus consistait à remplir des formulaires manuels, puis il fallait attendre deux à quatre semaines pour qu’un compte soit ouvert », se souvient-il. « Et ensuite, il fallait passer par un courtier, qui n’aurait pas d’application mobile ou de plateforme de trading en ligne. »

C’est pourquoi « nous avons réfléchi à la manière de proposer une plateforme qui pourrait spécifiquement permettre aux détaillants non seulement d’accéder facilement aux actions kényanes, mais aussi de leur donner accès à différentes options d’investissement », explique Eric Jackson.

 

Les jeunes tentés par des investissements risqués

Selon qui les réglementations strictes du marché des capitaux peuvent également avoir contribué à pousser de nombreux Kenyans, en particulier les plus jeunes, vers des investissements plus risqués tels que les cryptomonnaies.

Plus de quatre millions de Kényans possèdent des actifs numériques, soit près de trois fois le nombre de ceux qui possèdent des actions calcule la Cnuced ; selon qui 8,5 % de la population kényane possède des crypto-monnaies, soit le pourcentage le plus élevé de tous les pays africains.

Peut-être plus inquiétant encore, la réglementation du marché des capitaux peut expliquer en partie l’essor de services tels que les paris sportifs mobiles. Le Kenya compte le plus grand nombre de jeunes impliqués dans les jeux d’argent en Afrique subsaharienne, avec des taux d’addiction préoccupants.

« Des choses comme la crypto et les paris sportifs mobiles ont vraiment pris de l’ampleur, car beaucoup ne pouvaient pas participer aux marchés de capitaux et n’avaient pas de bonnes alternatives », explique Eric Jackson. « Il n’y avait pas assez de motivation pour que de nouveaux investisseurs particuliers viennent sur le marché, car la barrière à l’entrée était trop élevée. Même ceux qui étaient déjà sur le marché n’ont pas participé autant qu’ils auraient pu. »

Eric Jackson espère que la plateforme d’Hisa permettra à un plus grand nombre de personnes d’investir sur le NSE et de faire ainsi des choix d’investissement plus sûrs.

Mathias Althoff, associé chez Tundra Fonder, un gestionnaire d’actifs basé à Stockholm et spécialisé dans les marchés frontières, considère que cette possibilité d’acheter et de vendre des fractions d’actions est positive… « Même si elle n’a pas un impact énorme sur la liquidité, à long terme, elle devrait contribuer à offrir aux investisseurs particuliers davantage de possibilités d’investir leurs économies en fonction de leurs profils de risque souhaités. »

Le gérant prévient toutefois que le Kenya doit maintenant prendre des mesures pour s’assurer que le niveau de culture financière du pays est suffisamment élevé, les régulateurs devant également garantir un marché équitable et transparent.

 

Supprimer les autres obstacles à l’entrée

 « Cet accès s’accompagne également d’une grande responsabilité, celle d’informer et d’éduquer les investisseurs sur des sujets tels que le risque, l’analyse financière, la manière de comprendre les différents moteurs des marchés boursiers et l’importance de la gouvernance d’entreprise », note Mathias Althoff. « Les autorités doivent s’assurer que les règles du jeu sont équitables et que les informations sont disponibles (et correctes) pour tous les investisseurs au même moment. »

 Si les mesures prises par les régulateurs pour faciliter la propriété fractionnée des titres suppriment certainement un obstacle majeur pour les petits investisseurs, plusieurs difficultés subsistent. Edwin Dande, directeur général de Cytonn Investments, basé à Nairobi, estime que d’autres barrières à l’entrée sur le NSE sont toujours en place.

 

« Elles sont importantes sur deux fronts. Tout d’abord, le coût de la négociation, qui peut atteindre 4 % pour les produits classiques, tels que les actions. » De plus, « dans les régions plus développées du monde, le trading de produits dérivés comme les options vanille a désormais un coût négligeable, voire est gratuit. »

Au Kenya, Hisa facture 1% de la valeur totale de la transaction pour les actions mondiales et 2% pour les actions locales.

« Malheureusement, je ne pense pas que la propriété fractionnée aura encore un effet sur ce marché, car il y a des problèmes d’infrastructure de marché plus urgents et plus fondamentaux, comme le coût élevé des transactions et le manque de numérisation et d’automatisation de bout en bout. Nous devons résoudre ces problèmes de base avant de pouvoir accéder aux avantages d’offres plus ésotériques comme le commerce des actions fractionnées », juge Edwin Dande.

Pour autant qu’ils le fassent en toute sécurité et en connaissance de cause, les petits investisseurs kényans ont beaucoup à gagner d’une plus grande participation à la NSE. Il est particulièrement important, en cette période de hausse des prix, que les citoyens aient la possibilité d’essayer de couvrir la valeur de leurs économies.

Il est également préférable qu’ils puissent le faire sur des marchés réglementés et transparents plutôt que dans les mondes plus sombres et plus risqués des cryptomonnaies et des jeux d’argent. Selon Mathias Althoff, « le marché des actions est idéal pour transférer les risques et offrir des options d’épargne à long terme ».

@ABanker

 

Écrit par
Harry Clynch

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