La force des Fintech repose sur des cas d’utilisation solides

Les Fintechs africaines peuvent avoir du mal à lever des capitaux, mais les entreprises qui résolvent des questions pratiques et s’écartent des pratiques spéculatives seront toujours attractives aux yeux des investisseurs.
Les douze derniers mois ont été une période difficile au niveau mondial pour les Fintechs et les start-up qui cherchent à lever des fonds auprès des fonds de capital-risque. Au premier trimestre 2023, le financement mondial a atteint 76 milliards de dollars, soit une baisse de 53 % par rapport aux 162 milliards $ levés au cours de la même période l’année dernière.
« Les Fintechs qui apportent des réponses à des questions délicates seront toujours en mesure d’évoluer et de faire gagner de l’argent aux investisseurs. »
Le ralentissement des levées de fonds mondiales s’explique en partie par un environnement de taux d’intérêt plus élevés, qui a rendu l’accès au capital plus difficile et plus coûteux. Dans le domaine de la Fintech, les investisseurs sont également devenus plus prudents après des faillites très médiatisées, comme celle de la Silicon Valley Bank (SVB) aux États-Unis.
À l’occasion du forum Inclusive FinTech qui se dérole à Kigali, Segun Aina, président de l’Africa Fintech Network, explique à African Business que l’« un des défis les plus courants que vous entendez lorsque vous parlez aux entreprises africaines de Fintech est l’accès au capital d’entreprise ».
Malgré ces défis, il se dit encouragé par le fait que les start-up africaines s’en sortent mieux que la plupart des autres, ce qui démontre la résilience du secteur sur le continent. Il explique : « Si vous regardez l’ampleur de la poudre sèche [réserves de liquidités inutilisées], elle est moins importante en Afrique que dans d’autres parties du monde. »
Cela indique que les investisseurs ont été plus disposés à déployer des capitaux en Afrique que sur d’autres marchés. Bien qu’il y ait eu des baisses selon certaines mesures, il est également vrai que les start-up africaines ont levé plus de 1,3 milliard de dollars au cours des trois premiers mois de l’année ; une somme qui est largement comparable à la même période en 2022.

Segun Aina considère que cela s’explique en partie par le fait que d’autres marchés, comme ceux de l’Europe et de l’Amérique, sont « saturés ». En revanche, en Afrique, « on trouve encore beaucoup de lacunes ; autrement dit, le continent a toujours besoin de solutions qui peuvent être rapidement mises à l’échelle ».
Des perspectives optimistes
Selon Segun Aina, la force de la Fintech africaine vient du fait que les start-up du continent ont tendance à se concentrer sur la « résolution de problèmes réels » par rapport à certaines entreprises technologiques et Fintech plus spéculatives que l’on trouve sur les marchés occidentaux.
Des cas d’utilisation solides signifient que ces entreprises auront tendance à conserver leur valeur même en période de crise économique mondiale. C’est le cas de M-Kopa, basée à Nairobi, qui fournit des services financiers numériques aux consommateurs sous-bancarisés du Kenya, de l’Ouganda, du Nigeria et du Ghana. Le mois dernier, la Fintech a levé 55 millions $ lors d’un tour de financement par actions, ainsi que 200 millions $ de financement par emprunt.
« Les conditions pour les entreprises de services financiers en Afrique sont difficiles », reconnaît Segun Aina. « C’est ce qui poussera les capitaux vers l’Afrique ; les Fintechs qui apportent des réponses à des questions délicates seront toujours en mesure d’évoluer et de faire gagner de l’argent aux investisseurs. » C’est pourquoi l’expert se dit « optimiste quant aux perspectives des Fintechs en Afrique lorsqu’il s’agit de lever des capitaux ».
Les start-up africaines reviennent sur le devant de la scène
@AB