La BEAC revoit en hausse ses prévisions de croissance

La Banque centrale des États d’Afrique centrale revoit ses prévisions économiques en hausse pour 2022 et le moyen terme, mais prend acte des incertitudes nouvelles, notamment sur les prix. L’inflation devrait repartir en 2022, ce qui justifie le relèvement des taux décidé en novembre.
Par Aude Darc
Prudence sur les taux, optimisme pour l’économie. Trois semaines après avoir surpris les marchés en décidant, en réunion extraordinaire, une hausse des taux d’intérêt, le Comité de politique monétaire (CPM) s’est réuni, le 20 décembre, en session ordinaire cette fois.
Maintenant inchangée, sans surprise, sa politique monétaire, l’instance a néanmoins pris acte d’une révision en hausse des perspectives économiques de la zone Cemac.
À moyen terme, la reprise économique se poursuivra, « dans un contexte de baisse attendue de l’incertitude au niveau mondial, associé aux gains à tirer des réformes structurelles engagées en Afrique centrale et des programmes de seconde génération avec le FMI », juge la Banque centrale.
Certes, au niveau international, le climat demeure plus que jamais à l’incertitude, en raison notamment des nouveaux variants de coronavirus, « et des problèmes d’approvisionnement de plus en plus importants ».
Toutefois, les projections économiques tablent sur une reprise de l’économie mondiale en raison de l’élargissement de la couverture vaccinale à l’échelle mondiale, et de la consolidation des mesures de soutien budgétaire, dans plusieurs pays.
Et le CPM de rappeler les prévisions du FMI, – datant déjà d’octobre –, soit une croissance mondiale de 5,9% en 2021, après une récession de 3,1% en 2020. La croissance pourrait atteindre 4,9% en 2022.
Jusqu’à la mi-décembre 2021, la reprise de l’économie mondiale a été soutenue par les politiques monétaires accommodantes mises en œuvre par les principales institutions monétaires, souligne le grand argentier de l’Afrique centrale. Néanmoins, avec le retour inattendu de l’inflation, consécutif de divers chocs d’offres et de demande, plusieurs banques centrales ont récemment entamé le resserrement de leur politique monétaire. Dont la BEAC.
Des indicateurs mieux orientés
Ainsi, les prévisions mises à jour en novembre 2021 par les services de la BEAC tablent-elles sur un taux de croissance du PIB réel de 1,9% en 2021 et de 3,7% en 2022, après une récession de 1,7% en 2020. Principalement, le rebond sera porté par l’activité non pétrolière. Sur le front des prix, la BEAC table sur un repli de la pression inflationniste en 2021 (+1,7% contre +2,6% en 2020), mais s’attend à de nouvelles tensions en 2022, principalement sous la pression de l’inflation importée. La hausse des prix pourrait alors atteindre 2,2% en 2022.
En matière budgétaire, la BEAC prévoit le maintien du déficit du solde budgétaire dans la zone Cemac, à 2,0 % du PIB en 2021 et son recul à 0,9 % du PIB en 2022. Parallèlement, la BEAC s’attend à une diminution du solde déficitaire du compte extérieur courant à 3,0 % du PIB en 2021 et à 3,2 % en 2022, contre 4,3 % en 2020. La BEAC prévient d’une dégradation de la plupart des indicateurs monétaires, notamment les avoirs extérieurs nets. En revanche, les réserves de change pourraient remonter à 3,91 mois d’importations de biens et services, en 2022, après une dégradation au cours de l’année qui s’achève.
À moyen terme, la reprise économique amorcée en 2021 se poursuivrait en 2022-2024, « dans un contexte de baisse attendue de l’incertitude au niveau mondial, associé aux gains à tirer des réformes structurelles engagées en Afrique centrale et des programmes de seconde génération avec le FMI », conclut le CPM.
En 2022, le Comité tiendra ses réunions ordinaires le lundi de la dernière semaine du trimestre, sauf en décembre où la réunion se déroulera une semaine plus tôt, Noël oblige. Prochain rendez-vous le 28 mars, pour l’institution présidée par Abbas Mahamat Tolli.
@AD
EN BREF
Le Gabon s’endette
Le Gabon est le pays le plus endetté sur le marché primaire des valeurs du Trésor de la Cemac. Selon les statistiques de la BEAC, à fin novembre, l’encours approchait de 1 200 milliards de F.CFA (1,83 milliard d’euros), contre un peu plus de 1 100 milliards de F.CFA pour le Cameroun (1,68 milliard d’euros). Le Gabon avait budgété 511 milliards de F.CFA (779 millions d’euros) en 2021 sur le marché de la dette, contre 241,1 milliards en 2020. Le pays souffre encore de la baisse des cours du pétrole qui lui fournit l’essentiel de ses recettes à l’étranger.
Plus généralement, le volume des encours de titres sur le marché de la dette de la BEAC a augmenté de 500 milliards de F.CFA à 4 579,3 milliards (7 milliards d’euros) entre juin et novembre 2021 (+8,2%). Le troisième pays le plus endetté de la région est le Tchad.