Ayeyemi parle de la banque numérique
Le rythme du changement présente un défi majeur à l’industrie bancaire africaine, contrainte d’accroître les rendements des investisseurs, de s’assurer d’une bonne adéquation des fonds propres, et de se conformer aux réglementations.
Par Ade Ayeyemi, directeur général de Ecobank
La transformation numérique fait partie des facteurs qui forgeront l’avenir du secteur bancaire africain, au même titre que l’évolution démographique, les nouvelles exigences des clients et la consolidation industrielle.
Bien que les espèces demeurent le moyen de paiement le plus utilisé, les services numériques progressent considérablement. La pénétration importante du téléphone mobile, qui devrait atteindre 85 % d’ici à 2020 (pour 498 millions de smartphones) permet aux banques d’accéder à des millions de nouveaux clients, tandis que le rythme d’innovation des start-up spécialisées dans la fintech ne fléchit pas.
Le nombre élevé de non-bancarisés et de clients bénéficiant de services insuffisants, associé à des économies en croissance et à la hausse de la demande en matière de services financiers plus sophistiqués, est l’occasion pour l’industrie bancaire africaine de proposer de nouvelles solutions d’accès aux services financiers, en plus des agences et des réseaux de GAB.
La numérisation a également le potentiel d’atténuer certains des principaux problèmes économiques et structurels. Les encaissements numériques, pour les règlements de factures d’eau, d’électricité et de téléphone, par exemple, contribueront à lier l’intérêt des entreprises au confort des particuliers.
Si ces avantages se concrétisent, aider les clients à adopter les nouvelles technologies et créer un cadre réglementaire favorable seront tout aussi importants que les solutions elles-mêmes.
Avantage concurrentiel
Ces avancées présentent plusieurs écueils : il faut, en particulier, améliorer les connaissances financières, aligner les réglementations sur l’innovation, et assurer la sécurité de toutes les transactions numériques, malgré l’augmentation des menaces liées à la cybersécurité.
Néanmoins, l’adoption rapide des porte-monnaie électroniques indique que les consommateurs africains acceptent mieux les technologies numériques que les Occidentaux. Elles constituent donc une arme essentielle dans l’arsenal de la banque pour conserver son avantage concurrentiel.
Ecobank est l’une des premières banques africaines à avoir compris la nécessité d’exploiter la technologie pour réaliser le potentiel de sa plateforme panafricaine unique. Grâce à l’utilisation de la technologie pour automatiser les processus internes, améliorer la conformité et suivre les performances, nous accroissons l’efficacité et réalisons des économies de coûts considérables. Notre objectif est d’adopter le numérique dans toutes nos filiales.
Notre stratégie digitale repose sur deux aspects clés : d’une part, notre capacité à identifier et répondre aux besoins des clients par le biais de l’innovation et, d’autre part, nos solides alliances avec des géants mondiaux de la fintech, notamment MasterCard, Visa et Microsoft, grâce auxquelles nous sommes en mesure de proposer des solutions bancaires éprouvées aux entreprises comme aux particuliers.
Notre volonté d’atteindre 100 millions de clients peut paraître audacieuse mais le déploiement de nos nouvelles offres numériques, dont plusieurs services inédits sur le marché, nous a donné confiance. Notre innovation la plus notable est l’appli Ecobank Mobile, la première appli multilingue unifiée disponible dans 33 pays.
Des succès fulgurants
Le lancement de ce service, qui offre un accès immédiat à une gamme de solutions bancaires, a généré plus de 500 000 téléchargements en l’espace de cinq mois. Nous ne sommes plus très loin du million de téléchargements.
Nos deux objectifs que sont promouvoir l’inclusion financière et assurer la viabilité commerciale ne s’excluent pas mutuellement. Dans le cadre d’un projet pilote, notre filiale de microfinancement ghanéenne a lancé en 2016 un service de banque mobile complet, le premier du genre en Afrique de l’Ouest.
Conçu en partenariat avec des opérateurs mobiles, ce service permet aux utilisateurs de portable d’ouvrir un compte sans se rendre en agence et d’effectuer des transactions partout, à tout
moment. Plus de 20 000 nouveaux clients se sont inscrits en l’espace de trois mois. Nous déployons actuellement ce service dans nos autres filiales de microfinancement.
Les marchés d’argent mobile africains vont à présent au-delà de l’automatisation des paiements classiques, comme le règlement de factures et l’achat de crédit téléphonique, pour englober des produits financiers plus complexes, tels que l’épargne, le crédit et les assurances. La classe moyenne émergente africaine va accroître la demande en matière de produits d’épargne et d’investissement plus complexes.