La Banque centrale de Libye est réunifiée

Gardant un pied à Tripoli et un autre à Benghazi, la Banque centrale de Libye redevient une institution monétaire unifiée, conservant la maîtrise des revenus pétroliers et de leur affectation budgétaire.
La Banque centrale de Libye a été rétablie en tant qu’institution souveraine unifiée, a déclaré son gouverneur dimanche, près de dix ans après avoir été scindée en deux à cause de la guerre civile. En effet, l’institution monétaire était divisée entre les branches occidentale et orientale depuis 2014, après qu’une administration parallèle a émergé dans l’est lorsque le pays s’est divisé, à la suite de la guerre civile suivant le départ de Kadhafi.
Le siège de la Banque, reconnu internationalement, reste à Tripoli, tandis qu’une branche orientale alliée au puissant commandant militaire Khalifa Hifter a été établie dans la ville de Benghazi.
Le gouverneur Sadiq al-Kabir (photo ci-dessus, à droite) a publié cette annonce au siège de la banque à Tripoli après une réunion avec le nouveau gouverneur adjoint Mari Muftah Rahil (photo ci-dessus, à gauche) – jusque-là le rival du gouverneur de Tripoli –, et les chefs de département des deux succursales, celle de Tripoli et celle de Benghazi. « Le gouverneur et son adjoint ont tous deux annoncé que la Banque centrale de Libye était redevenue une institution souveraine unifiée et ont réaffirmé qu’ils poursuivraient leurs efforts pour résoudre les problèmes découlant de la division », signale un communiqué laconique, publié le 20 août 2023.
« Il s’agit d’une étape cruciale dans l’amélioration des performances de cette institution souveraine vitale, car nous restons engagés dans l’intégration et le renforcement des mesures de transparence et de divulgation adoptées par notre gouvernement », s’est réjoui le Premier ministre « de l’ouest », Abdelhamid Dbeibah sur les réseaux sociaux.
La Banque centrale a fait part de son intention d’avancer vers la réunification en janvier 2020 dans le cadre d’un progrès de la paix après un cessez-le-feu, chargeant la société de conseils professionnels Deloitte d’aider à la transition.
L’enjeu est d’importance : les recettes en hydrocarbures de la Libye sont gérées par la Banque centrale de Tripoli qui décide de l’attribution des fonds aux différents organismes étatiques, y compris le gouvernement.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis un an en Libye : celui de l’ouest, d’Abdelhamid Dbeibah, et celui de l’est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. Cette réunification sonne donc comme une victoire pour le premier, reconnu par la communauté internationale mais chaque camp semble se réjouir de cette avancée.
Une illustration d’unité
Sur la page Facebook du gouvernement d’unité nationale (qui porte le nom de Hakomitna, « Notre gouvernement »), Abdelhamid Dbeibah a appelé à « la poursuite des efforts pour résoudre les problèmes découlant de la précédente partition de la Banque, avec l’engagement constant du gouvernement à l’intégration et le renforcement des procédures de transparence et de divulgation ».
De son côté, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’est félicitée de la réunification de la CBL, exprimant le « souhait qu’elle contribuera à créer un élan vers l’unification de toutes les institutions politiques, sécuritaires et militaires du pays, comme le souhaite depuis longtemps le peuple libyen ».
Pour Washington, cette « illustration d’unité est un exemple important » pour les autres institutions, a commenté sur le réseau X (ex-Twitter) l’ambassade américaine en Libye, encourageant « les dirigeants de la CBL à poursuivre avec des mesures concrètes l’intégration des systèmes financiers et de surveillance, notamment en relançant le conseil d’administration de la CBL ».
Le siège de la Banque, reconnu internationalement, reste à Tripoli, tandis qu’une branche orientale alliée au puissant commandant militaire Khalifa Hifter a été établie dans la ville de Benghazi.
Financièrement, la Libye est un pays qui se porte bien. En début d’année, la Banque centrale avait révélé que les recettes publiques avaient atteint 134,4 milliards de dinars en 2022, soit près de 28 milliards de dollars. Dans le même temps, les dépenses publiques se portaient à 127 milliards de dinars, soit 26,8 milliards $.
Du côté recettes, 105,50 milliards de dinars proviennent des ventes de pétrole, 13,6 milliards de redevances pétrolières, 11,4 milliards de redevances pétrolières des années antérieures et 1,4 milliard de dinars d’impôts.
@ABanker