La BAD appuie les objectifs du Sénégal

Développement industriel, renforcement des infrastructures, intégration régionale, transformation agricole, résilience… La Banque africaine de développement chiffre les objectifs du Sénégal à horizon 2025.
Par Laurent Soucaille
La BAD (Banque africaine de développement) publie sa Stratégie pays 2021-2025 relative au Sénégal. Ce plan d’actions repose sur « les performances économiques solides » enregistrées par le pays entre 2014 et 2019, qui permettent à la BAD de « renouveler la confiance » pour la période à venir. L’institution panafricaine de développement accompagnera le pays dans le renforcement de ses infrastructures et son intégration régionale ainsi que la résilience de son économie par la transformation agricole et le développement industriel.
Le rythme de croissance récente – 6% l’an en moyenne – ne permet pas encore au Sénégal de créer assez d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. C’est pourquoi Macky Sall a voulu un plan emploi, doté de 450 milliards de F.CFA.
Les interventions de la Banque, juge cette dernière, permettront d’améliorer l’accès et la qualité des services de transport. Faire en sorte, par exemple, que 85% routes revêtues affichent des performances bonnes ou moyennes à horizon 2025, et qu’il en soit de même pour 60% des routes non goudronnées. Le Sénégal pourrait réhabiliter 500 kilomètres de routes revêtues et de construire 100 kilomètres de routes revêtues, ainsi que des aménagements sociaux économiques connexes.
Une fois construit, le pont de Rosso, entre le Sénégal et la Mauritanie, permettra de réduire à deux minutes la traversée du fleuve Sénégal et contribuera, avec le chemin de fer Dakar-Bamako et la construction de la route Farim-Tanaff (Sénégal-Guinée Bissau), à l’amélioration de la performance logistique.
Ces différents ouvrages contribueront au renforcement des infrastructures d’intégration régionale afin de dynamiser les échanges avec les principaux partenaires. Et assureront une meilleure connexion entre le Sénégal et ses voisins, notamment la Gambie, la Mauritanie et le Mali, notamment. Le Sénégal, juge la BAD, « devrait être ainsi mieux préparé pour la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine afin d’exploiter pleinement son potentiel de commerce intrarégional ». À court terme, il s’agit d’accompagner le Sénégal dans sa mise en œuvre de ses actions prioritaires pour la relance économique post‑Covid-19.
Faire face aux chocs climatiques
Pour atteindre l’accès universel à l’électricité et renforcer le mix énergétique, le Sénégal envisage la construction de 819 km de lignes moyenne tension et 2 466 km de lignes basse tension. Le réseau national sera étendu à 786 nouvelles localités d’ici à 2025, portant l’accès à l’électricité à 85% en 2025, contre 76% en 2019, avec une hausse de la part d’énergie renouvelable de 21% à 30%.
Le second domaine prioritaire de la BAD vise à accroître la résilience de l’économie par la transformation agricole et le développement industriel, notamment grâce aux agropoles. La Banque mise sur le potentiel agricole en appuyant les filières à haute valeur ajoutée afin d’améliorer la productivité et la création d’emplois, de redynamiser les exportations agricoles. Il faut au pays réduire son déficit de la balance commerciale sur les cultures céréalières (mil, riz et maïs) et intensifier ses bassins agricoles irrigués, pour faire face aux chocs climatiques. Cette stratégie permettra d’atténuer la persistance de l’insécurité alimentaire.
Le soutien aux chaînes de valeur agricoles et de l’agro-industrie permettra de porter la part de l’emploi industriel sur le total des emplois à 16% en 2025, contre 13,8% en 2019, et la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB devrait augmenter de 12% à 20%, prévoit la BAD.
Sur la période écoulée, la Banque s’estime satisfaite de plus de la moitié des opérations réalisées, seulement 18% des projets sont « épinglés ». Parmi les opérations réalisées au cours des dernières années figurent notamment les travaux relatifs à l’aéroport international Blaise-Diagne, au pont Sénégambie et à l’autoroute à péage.
Les performances économiques enregistrées de 2014 à 2019, dans un contexte de stabilité politique, ont permis au Sénégal de redevenir un pays à revenu intermédiaire.
De son côté, le président Macky Sall a présenté, le 22 avril, les grandes lignes de son Plan emploi. Le rythme de croissance de ces dernières années – 6% l’an en moyenne, oublions 2020 – ne permet pas encore au pays de créer assez d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Ce plan est doté de 450 milliards de F.CFA (686 millions d’euros) ; il sera mis en musique par la dizaine de structures existantes dans le pays pour aider à l’emploi.
Le nouveau Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes pourrait avoir pour mission de jouer les chefs d’orchestre, le risque étant, reconnaît le Président, que l’action de ces structures perde en cohérence. « Nous avons opté pour le renforcement des filières scientifiques et l’orientation de 30% des élèves issus du cycle fondamental vers l’enseignement professionnel, à travers les Centres de formation et la formation duale école-entreprise. » Macky Sall demande au secteur privé de soutenir davantage la formation en alternance, pour aider à l’insertion professionnelle des jeunes.
LS