Inquiétudes levées pour les banques marocaines

Fitch Ratings se déclare rassurée, après son examen des grandes banques marocaines. Leur rentabilité a été préservée pendant la crise sanitaire et les risques de crédits sont maîtrisés. L’agence de notation a relevé son rating sur Attijariwafa bank, confirmant les autres notes.
Par Laurent Soucaille
Les analystes de Fitch Ratigs viennent d’achever une revue sectorielle des grandes banques marocaines. Un secteur « mis sous surveillance avec implications négatives », voici plusieurs mois, en vue de possibles dégradations de notation.
Attijariwafa bank distinguée – Dans sa 23e édition annuelle des meilleures banques d’investissement au monde, le magazine Global Finance a désigné Attijariwafa bank en tant que « Meilleure banque d’investissement au Maroc pour l’année 2022 ». Ce, pour la septième année consécutive.
Ils semblent désormais rassurés par la solidité financière des grandes banques, lesquelles représentent les trois quarts du secteur au Maroc. Finalement, les analystes ont maintenu leurs notations sur les dettes à long terme de ces établissements ; mieux, ils ont relevé celle de Attijariwafa bank, à « AA ».
Les autres banques citées dans l’étude sont Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) et Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie (BMCI).
Concernant Attijariwafa bank, le relèvement de la note de crédit – pour des perspectives stables –, reflète « le bilan prolongé de la banque en matière de performance résiliente, en particulier au cours du cycle récent ».
L’établissement est soutenu par un profil d’activité stable et diversifié et une croissance prudente. La notation nationale d’Attijariwafa bank est un cran au-dessus de celle de ses pairs nationaux mais en dessous des filiales des grands groupes bancaires SGMB et BMCI. Lesquelles bénéficient du soutien potentiel de leurs actionnaires français.
L’examen a également conduit Fitch à revoir ses perspectives sur l’environnement opérationnel des banques marocaines, à « stable ». Pas de dégradations à l’horizon, donc.
Cela reflète « notre opinion selon laquelle les risques induits par la pandémie sur l’environnement opérationnel se sont suffisamment atténués avec l’ouverture de l’économie et des marchés d’exportation du Maroc », commentent les analystes. Malgré les risques, les cinq banques continueront de fournir des mesures financières résilientes, en 2022.
Capitalisation maintenue
Sans surprise, la qualité des actifs des grandes banques est soutenue par les mesures globales de soutien à la pandémie prises par les autorités, dès 2020.
Alors que les mesures d’allégement de la dette ont pris fin en 2021 pour la plupart des emprunteurs, la qualité des actifs des banques a été soutenue par un fort rebond de la croissance du PIB en 2021, autour de 6,2% après une récession de 6,3% l’année précédente.
À la fin du premier semestre, le ratio des créances en souffrance ressortait à 11,1% des encours bruts en moyenne pour les cinq banques, un niveau stable sur un an. Les analystes s’attendent à une légère amélioration sur ce front des créances douteuses, avec un ratio revenant sous les 11% cette année.
Fruit de recouvrements de prêts plus élevés et de la poursuite de la reprise de l’activité commerciale.
Les résultats communiqués par les banques pour 2021 ont également « rassuré » les experts qui soulignent « la forte reprise de la rentabilité, principalement tirée par la croissance des prêts et la baisse des charges de dépréciation », malgré le maintien du taux d’intérêt de référence à 1,5%. Le rendement des capitaux propres (ROE) moyen consolidé des cinq banques a presque doublé en quelques mois, à 10,3 %.
« Nous prévoyons un nouveau renforcement de la rentabilité cette année, bien qu’un retour au rendement des capitaux propres d’avant la pandémie d’environ 12 % paraisse lointain », résume Fitch Ratings.
La capitalisation des banques s’est maintenue en 2021 même si les amortisseurs (respect des ratios prudentiels) restent modestes par rapport aux minimums réglementaires, en particulier pour les banques exposées à de grandes opérations régionales.
Dans la lignée de ses efforts pour évoluer vers les meilleures pratiques internationales, Bank Al-Maghrib a introduit en 2021 un ratio de levier Bâle III minimum de 3%, « que les cinq banques respectent relativement facilement ».
Enfin, un élément positif clé est que les conditions de financement et de liquidité se sont révélées stables en 2020 et 2021. Il n’y a eu aucune sortie de dépôts et les marchés nationaux des capitaux ont continué de bien fonctionner.
Les dépôts de la clientèle, qui représentent l’essentiel du financement des banques marocaines, ont augmenté de 4 % en 2021. Les banques ont pu émettre localement des titres de capital supplémentaires, ce qui a également renforcé leur profil de financement et les a aidées à mieux gérer leur liquidité.
Il reste quelques facteurs de risque. En 2022, la croissance du Maroc reviendra à un rythme plus modeste de 3,2%. Il est à craindre une reprise retardée du tourisme, un secteur vital pour le pays, une inflation élevée (+1,8%) et un chômage persistant (11,2%).
@ABKF