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Gabon : Moody’s prudente mais pas alarmiste

Gabon : Moody’s prudente mais pas alarmiste
  • Publiéseptembre 14, 2023

L’agence américaine de notations ne modifie pas son jugement à l’égard du Gabon mais prévient du risque que feraient peser d’éventuelles sanctions contre le pays après le coup d’État du 30 août 2023.

 

Au fond, rien de surprenant. L’agence Moody’s modifie sa perception de la situation de la dette de « stable » à « négative ». Ce 14 septembre 2023, elle précise ne pas avoir placé la dette « sous surveillance », ce qui signifie que rien n’indique un abaissement prochain de la notation du Gabon par l’influente agence américaine, sauf dégradation de la situation politique et économique. La note demeure donc à « Caa1 », ce qui constitue d’ailleurs une note assez basse, que l’on peut traduire par « risques substantiels ».

Moody’s estime que les besoins d’emprunt bruts du Gabon seront maîtrisés cette année et l’année prochaine à 6% – 7% du PIB, « reflétant certaines améliorations de la situation fiscale du pays avant le coup d’État ».

Moody’s juge que la suspension de l’ordre constitutionnel et l’incertitude politique accrue pèsent sur les perspectives économiques et le soutien financier de la communauté internationale. Pour l’heure, des sanctions régionales ou internationales ciblant les transactions financières transfrontalières ou l’accès aux marchés des capitaux ne fait pas partie « du scénario de base » retenu par l’agence. Le scénario du pire « augmenterait considérablement le risque de liquidité pour le gouvernement ».

Ainsi, la note confirmée Caa1 met-elle en balance les défis institutionnels et de gouvernance auxquels le Gabon est confronté depuis longtemps. D’un côté, notamment, « la faiblesse de la gestion des finances publiques » – avec le coût modéré de la dette et le soutien apporté à la liquidité et à la situation budgétaire du gouvernement par les prix élevés du pétrole. De l’autre, l’appartenance à l’union monétaire du franc CFA, « dont Moody’s prévoit le maintien », contribue toujours à la stabilité macroéconomique.

Moody’s considère que l’accessibilité de la dette, mesurée par le ratio des paiements d’intérêts sur les recettes publiques, restera « modérée » à 15,9 % en 2023, malgré une détérioration progressive due au resserrement des conditions de financement régionales.

En effet, l’appartenance du Gabon à la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), « atténue les risques associés aux défis institutionnels et de gouvernance du Gabon et le risque politique », du point de vue des créanciers.

L’agence rappelle qu’au Gabon, le pouvoir de transition s’est engagé à organiser à l’avenir des élections libres et équitables afin de rétablir un régime civil, dans le cadre d’une nouvelle Constitution et d’un nouveau Code électoral. La France, les États-Unis et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont condamné le coup d’État, cette dernière ayant suspendu l’adhésion du Gabon lors d’une réunion extraordinaire le 4 septembre.

 

Un problème récurrent de crédit

« L’intervention militaire devrait peser sur le soutien financier de la communauté internationale, obligeant à recourir davantage au marché des capitaux régional de la CEMAC, peu profond, pour le financement », commente Moody’s. De son côté, l’avancement du programme actuel du FMI, qui a déjà connu des retards, est susceptible de ralentir davantage. Dans un contexte de réduction des financements concessionnels, l’accumulation des arriérés envers les créanciers extérieurs et intérieurs pourrait s’aggraver ; il s’agit d’un problème de crédit « récurrent » pour le Gabon, compte tenu de « la faiblesse de la gestion des finances publiques même avant le coup d’État ». Parallèlement, de nouvelles pressions en matière de dépenses pourraient apparaître à la suite de l’intervention militaire.

Quoi qu’il en soit, l’incertitude politique accrue et l’imposition de sanctions pèseraient sur le commerce et l’investissement. Les flux nets d’investissements directs étrangers ont été importants ces dernières années, atteignant en moyenne 9 % du PIB entre 2016 et 2021 selon les estimations de la Banque mondiale, et ont joué un rôle clé à la fois dans la poursuite des efforts de diversification économique du gouvernement précédent et dans le ralentissement de la tendance à la baisse de la production pétrolière grâce à l’exploitation de gisements marginaux.

Enfin, Moody’s estime que les besoins d’emprunt bruts du Gabon seront maîtrisés cette année et l’année prochaine à 6% – 7% du PIB, « reflétant certaines améliorations de la situation fiscale du pays avant le coup d’État », à la faveur de prix pétrole plus élevés soutenant la génération de revenus, ainsi qu’un calendrier de paiement modéré jusqu’à une importante échéance prévue en 2025.

 

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En bref

Des autorités rassurantes

Selon une source financière citée par RFI, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’organe qui a mené le coup d’État, a réactivé une « Task force de contrôle de la dette intérieure et extérieure ». Une manière d’ «envoyer un signal pour leur montrer qu’il n’y a aucune interruption des responsabilités », après les avis de Fitch et Moody’s.

De son côté, le nouveau Premier ministre, Raymond Ndong Sima, assurait à l’agence Bloomberg que « le Gabon honorera sans aucun doute les obligations liées à sa dette ».

Des banques de développement peu affectées

@ABanker

Écrit par
Laurent Soucaille

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