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African Banker Dossier Afreximbank

Fournir le capital à impact dont on a tant besoin

Fournir le capital à impact dont on a tant besoin
  • Publiéaoût 17, 2023

Le Fonds pour le développement des exportations en Afrique est spécialement conçu pour combler le manque de fonds propres et de quasi-fonds propres pour les projets qui promeuvent l’industrialisation, le commerce intra-africain et le développement des exportations à valeur ajoutée. Rencontre avec sa directrice générale, Marlene Ngoyi.

 

 

Le Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA) est une autre initiative d’Afreximbank dans le cadre de sa mission globale de promotion du commerce et de la croissance économique en Afrique.

Le fonds, cependant, est destiné à répondre à un objectif spécifique que la Banque a identifié dans le paysage financier africain, à savoir la pénurie de capital disponible pour les entreprises du continent.

La Banque estime que le manque de capitaux propres est de l’ordre de 100 milliards de dollars et, avec la sortie récente de fonds étrangers de grande valeur du continent, ce manque ne peut que s’aggraver.

Fidèle à son habitude, Afreximbank s’est efforcée de trouver une solution là où elle avait trouvé un problème. Le Fonds a été officiellement créé et lancé en 2021, mais ses opérations avaient commencé en 2019.

Basé à Kigali, au Rwanda, le FEDA est l’organe d’investissement d’impact de la Banque, avec l’objectif de combler le déficit substantiel de financement en fonds propres et quasi-fonds propres qui est nécessaire pour stimuler le commerce et les activités liées au commerce, ainsi que le développement des exportations à valeur ajoutée en Afrique.

Les domaines d’intervention du fonds comprennent l’industrie manufacturière, les services financiers, l’agro-industrie et les infrastructures essentielles d’appui au commerce telles que les parcs industriels, etc.

L’un des objectifs du FEDA est d’aider à ajouter de la valeur à la production africaine et de sortir du paradigme néfaste qui prévaut depuis le colonialisme, selon lequel les pays africains exportent des matières premières et importent des produits finis pour un montant plusieurs fois supérieur à la valeur de leurs exportations.

Cette prépondérance des matières premières dans les exportations africaines explique, en partie du moins, pourquoi la part de l’Afrique dans le commerce mondial n’est que de 3 % en valeur, malgré la richesse des ressources du continent.

 

Une adéquation parfaite

En 2022, Marlene Ngoyi, banquière formée à Harvard, a rejoint le Fonds en tant que directrice générale. La responsable exerce cette activité depuis longtemps, avec un curriculum vitae qui s’étend sur plusieurs continents et comprend la direction de plusieurs sociétés de services financiers en Afrique de l’Est, en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.

L’ambition panafricaine qui anime le FEDA et la vaste empreinte d’Afreximbank, ainsi que sa philosophie à fort impact, sont quelques-unes des nombreuses choses qui l’ont attirée dans ce poste, explique-t-elle. « L’une des choses qui m’a vraiment attirée est l’aspect panafricain. J’aime le mandat panafricain et pour moi, c’est la solution idéale car je peux mettre à profit mon expérience dans tous les postes clés que j’ai occupés – banque commerciale, banque d’investissement, financement du commerce et capital-investissement. »

Elle ajoute que le fait de travailler avec un groupe de personnes talentueuses provenant de différentes parties du continent et apportant des perspectives variées à la tâche constitue également un atout.

Ce groupe éclectique a du pain sur la planche. Marlene Ngoyi admet que les fonds gérés par le FEDA, après sa première clôture en septembre 2022, ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux 100 milliards de dollars nécessaires. Néanmoins, avec 670 millions de dollars d’actifs sous gestion, il s’agit facilement de l’un des vingt premiers fonds axés exclusivement sur l’Afrique. Son ambition est de doubler sa taille d’ici 2025.

 

Avoir de l’impact

L’un des défis consiste à déployer les fonds de manière qu’ils aient le plus d’impact possible et à les utiliser pour catalyser d’autres investissements sur le continent.

Sur les 670 millions de dollars levés, 270 millions seront affectés au FEDA Direct Equity Fund, qui fournit des financements en fonds propres et quasi-fonds propres à des entreprises conformes au mandat du FEDA. Un autre montant de 250 millions de dollars est destiné au Fonds d’initiatives stratégiques, qui soutient des projets cruciaux dans les secteurs des soins de santé ou des services commerciaux, par exemple.

Les fonds restants sont alloués à la mise en œuvre d’un Fonds d’opportunités de crédit pour l’Afrique, que le FEDA sponsorise conjointement avec Gateway Partners Group et qui offrira des instruments de crédit au profit du commerce en Afrique.

Si le FEDA se considère comme un complément au rôle d’Afreximbank sur le continent, il n’en reste pas moins très différent. « Nous optons pour des échéances plus longues et une plus grande flexibilité dans la manière dont nous déployons le capital, mais le dénominateur commun sera toujours le commerce intra-africain, le développement des exportations et l’industrialisation. Nous disposons d’un ensemble d’outils différents que nous utilisons pour résoudre le même grand problème », décrit Marlene Ngoyi.

La Banque, en tant que prêteur, a des méthodes et des approches différentes. Cela dit, les synergies et les coordinations entre le FEDA et la Banque sont impératives, par des interventions conjointes à différents niveaux du bilan d’une entreprise lorsque cela s’avère judicieux pour les deux structures. D’ailleurs, la Banque est en mesure d’entreprendre des opérations d’une taille plus importante que les capitaux du FEDA ne le permettraient.

« Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait davantage de capital. Les solutions de financement du commerce sont très importantes et les facilités à moyen terme sont tout à fait essentielles. Mais il faut un financement à plus long terme, qui soit également stratégique et qui s’accompagne d’un siège au conseil d’administration, de sorte que d’autres formes d’assistance non financière puissent être assurées. C’est là que le FEDA intervient. »

L’approche, poursuit-elle, est d’être aussi engagé que les entrepreneurs eux-mêmes, de sorte que le succès devienne l’objectif commun. « Nous ne nous contentons pas de fournir de la dette à court ou moyen terme ; nous fournissons des instruments à plus long terme et nous accompagnons les sponsors sur le long terme, en partageant les risques d’exécution tout au long de la période de récolte. »

L’investissement de 85 millions de dollars du FEDA dans ARISE Integrated Industrial Platforms, un développeur et exploitant d’infrastructures qui a récemment accéléré son expansion à travers le continent, en est l’une des manifestations.

Selon Marlene Ngoyi, cette transaction historique est une démonstration de l’approche et un modèle de la manière dont le FEDA aborde son mandat. « Arise est un exemple évident ; la société est présente dans onze pays et a un impact transformationnel sur les économies dans lesquelles elle opère en termes d’industrialisation et de promotion des exportations à valeur ajoutée. »

Arise opère également de manière durable, en utilisant les meilleures pratiques, et c’est l’une des choses sur lesquelles nous insistons, à savoir que les entreprises satisfont à des normes élevées.

Des investissements intéressants sont « dans les tuyaux ». « Nous travaillons sur un grand nombre de transactions, dont certaines seront annoncées très prochainement. Beaucoup d’entre elles seront stratégiques et auront un effet transformateur dans les pays où elles se dérouleront. » Il s’agit d’investissements dans des entreprises importantes pour l’économie locale et présentant de solides perspectives de croissance.

 

Plans à long terme

À l’instar d’Afreximbank, le FEDA dispose de plans à long terme qui guident ses activités. Au cours des prochaines années, elle espère augmenter son propre trésor de guerre et rechercher des partenariats avec d’autres entreprises, ce qui lui permettra d’orienter davantage de fonds vers ses objectifs stratégiques.

« Il est important pour nous d’être le catalyseur qui attire davantage d’investisseurs. Il est important qu’en plus d’avoir une plateforme importante et des projets reproductibles, nous puissions amener de grands acteurs à venir en tant que co-investisseurs dans certains de nos projets. Nous pouvons ainsi leur dire, par exemple, que nous sommes partenaires d’Arise et que nous avons réussi à entreprendre dans dix pays, nous pouvons le réaliser dans 30 ou 40 pays. »

Une campagne de collecte de fonds se profile également à l’horizon. « Au cours des deux prochaines années, nous espérons atteindre notre objectif de 1,3 milliard de dollars d’actifs, qui proviendra de nos institutions partenaires de financement du développement, de fonds souverains et d’autres investisseurs institutionnels régionaux et internationaux. C’est important parce que nous avons vu les modèles d’entreprise qui fonctionnent en Afrique et nous pensons qu’il devrait y avoir des opportunités pour qu’ils s’étendent et se multiplient en attirant plus de capitaux. »

@Afreximbank

Écrit par
Omar Ben Yedder

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