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Finances et Marchés

En quête de nouvelles ressources

En quête de nouvelles ressources
  • Publiéoctobre 3, 2019

Un an et demi après avoir recouru au « financement non conventionnel » pour combler un déficit budgétaire abyssal, la Banque d’Algérie a mis fin à l’opération. Les autorités doivent désormais trouver de nouvelles alternatives pour éviter les défauts de paiement.

Alger, Ali Boukhlef 

Pour faire face à un déficit endémique avec pour conséquence de ne pas pouvoir payer les salaires des fonctionnaires, en 2017, le gouvernement avait alors recouru à un emprunt direct du Trésor auprès de la Banque centrale. Cette opération de « planche à billets » permet de produire directement de la Monnaie sans contrepartie économique.

De novembre 2017 à janvier 2019, la Banque d’Algérie a ainsi émis plus de 6 556,2 milliards de dinars (49,8 milliards d’euros). Mais sur ce montant, seuls 3 114,4 milliards (près de 23,7 milliards d’euros) ont été réellement injectés dans l’économie. Une partie de la Monnaie créée est partie directement dans des projets d’investissements publics.

Une Caisse de dépôt pourrait intervenir à côté des banques dans le financement de grands projets lorsqu’elles font face à un problème de ratio de division des risques. Elle pourrait gérer les actifs acquis illicitement ou sur la base de prêts considérés actuellement non performants et irrécupérables. 

Selon une note de la Banque d’Algérie, un montant de 2 470 milliards de dinars (18,7 milliards d’euros) a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement au titre de l’exercice 2019. Un montant de 1 813 milliards de dinars a, de son côté, contribué au remboursement de la dette publique à l’égard des entreprises nationales Sonatrach (hydrocarbures) et Sonelgaz (électricité et gaz), en compensation des montants que verse l’État au titre des subventions aux produits énergétiques.

Plus de 500 milliards de dinars ont été destinés à la Caisse nationale de retraite (CNR) pour le refinancement de sa dette à l’égard de la CNAS, la caisse des assurés sociaux. Une partie de ces fonds 1 773,2 milliards de dinars, a été allouée au Fonds national d’investissement pour financer des projets de logements 

La piste de la dépréciation 

L’arrêt de « la planche à billets » n’est pas définitif. Le gouvernement pourra utiliser ce levier jusqu’à 2022. D’ici là, il doit trouver de nouvelles solutions. Elles ne manquent pas. En plus de l’endettement extérieur qui peut être un recours, des experts préconisent plusieurs pistes.

À commencer par la baisse de la valeur du dinar. Pour l’économiste Nour Meddahi, professeur à la Toulouse School of Economics, cette voie de la dépréciation est « la moins risquée » car « il faut baisser la valeur du dinar pour augmenter les recettes pétrolières et celles liées aux importations, et aussi pour diminuer ces importations. Exprimée en devises, la valeur des importations de 2015 a baissé par rapport à celle de 2014, mais sa valeur en dinars a augmenté, car la parité du dinar a diminué ». 

Selon ses calculs, « chaque différence de 1 dinar rapporterait 20 milliards ». Ainsi, passer d’un dollar valant 115 DA à 120 DA rapporterait annuellement 100 milliards de dinars (soit 0,5 % du PIB), et porter le dollar à 130 DA rapporterait annuellement 300 milliards DA (1,5 % du PIB).

« À titre de comparaison, l’impôt sur les salaires était de 600 milliards de DA en 2015 alors que les allocations familiales sont cette année de 42 milliards de DA », détaille l’expert qui insiste : la différence de la valeur entre le dinar et le dollar a permis à la Banque centrale de verser d’importants dividendes à l’État ces dernières années. Cela a même pu, selon lui, atténuer les risques inflationnistes de « la planche à billets ». 

Écrit par
Ali Boukhlef

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