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African Banker

Ecobank : un passage de témoin en toute sérénité

Ecobank : un passage de témoin en toute sérénité
  • Publiémai 23, 2023

Le déroulement de l’Assemblée générale de Ecobank témoigne de la solidité des relations entre le directeur général Jeremy Awori et son prédécesseur, Ade Ayeyemi. Le groupe bancaire, qui se prépare à une importante échéance financière en 2024, voit l’avenir avec confiance.

 

Alain Nkontchou, le président du Conseil d’administration, a dirigé avec brio et aisance la 35e Assemblée générale de Ecobank qui s’est tenue au centre de conférences du siège de la banque à Lomé. Au podium, face aux actionnaires, figuraient le secrétaire général Madibiné Cissé ainsi que, au complet, les quatorze administrateurs de la holding, dont le tout nouveau directeur général Jeremy Awori.

Nedbank, QNB, Arise et PIC, les quatre principaux actionnaires de Ecobank, détiennent à eux seuls plus des deux tiers des actions. Avec les deux suivants SSNIT et Moon, on monte à plus de 75% du capital ; les dix premiers actionnaires ont plus de 80% du total.

En peu de temps, Jeremy Awori a déjà visité une dizaine de pays. Son expérience de banquier l’a été bien préparé pour diriger avec talent cette institution unique panafricaine.

Ecobank, la plus grande banque panafricaine, n’a versé cette année que 28 millions de dollars de dividendes, moins que l’année dernière. Cette politique prudente de distribution des dividendes est conforme aux recommandations des régulateurs, mais elle va à l’encontre des intérêts des actionnaires minoritaires.

Si l’on comptait moins de monde que d’habitude aux AGM de cette année, comme toujours, la séance des questions et réponses a été longue et particulièrement animée. Les petits actionnaires ont continué de se plaindre du manque de rentabilité de leurs investissements. Une Camerounaise a déclaré que « la mère ne mange pas alors que les filles mangent », faisant observer que les filiales distribuent des dividendes alors que la holding en a distribué très peu ces dix dernières années. Un autre Africain a ajouté : « Nos actions ont fondu comme neige au Soleil ! » 

Jeremy Awori attentif aux demandes des actionnaires.
Jeremy Awori en conférence de presse.

 

Le représentant des actionnaires du Nigeria a crié : «  We want our Bank Back ! » Un petit actionnaire a évoqué sa mauvaise expérience en disant qu’il n’arrivait pas à vendre ses actions. Un professeur togolais et un grand nombre de petits actionnaires ont demandé avec insistance qu’on se penche sur leur situation financière déplorable. Une des solutions à envisager pour remédier une fois pour toutes à ce problème récurrent qui envenime toutes les assemblées, serait que la banque rachète à un prix avantageux leurs actions. Ce ne serait que justice et essentiel pour l’image de la banque. C’est une question d’éthique. Les petits actionnaires africains ont fait confiance à ce qu’ils considèrent comme leur banque, et leurs espoirs ont été souvent déçus.

 

Une gestion des risques prudente

L’année 2022 a été durement affectée par l’inflation, la hausse des prix de l’énergie et des céréales, l’augmentation des taux d’intérêt et la faiblesse des monnaies locales par rapport au dollar. Dès lors, la parité des changes joue à la défaveur de Ecobank dont les comptes sont exprimés en dollars. La croissance a été de moins de 4% en Afrique. Malgré cela, le groupe bancaire sort renforcé grâce à l’innovation, les services à la clientèle, la banque mobile et la banque en ligne, qui ont permis de toucher bien davantage de clients. La plateforme technologique permet une expérience clients satisfaisante.

Lecture des résolutions soumises à l'approbation des actionnaires.
Lecture des résolutions soumises à l’approbation des actionnaires.

 

La gestion des risques a été prudente. Le produit bancaire a augmenté et les coûts ont été réduits. Les rendements de 21% ont permis d’avoir des résultats robustes. L’exercice 2022 et aussi marqué par une reprise de provisions importante au Nigeria, qui a été compensée par une perte importante au Ghana due aux aléas monétaires dans ce pays, pourtant habituellement l’un des pays porteurs pour la banque.

La solide performance financière a permis à l’action Ecobank en 2022 de gagner 22% au Nigeria, 7% au Ghana et 6% à la BRVM d’Abidjan. Ade Ayeyemi, le directeur général, durant sept ans et demi, laisse lors de son départ à la retraite (à l’âge de seulement 60 ans, conformément aux statuts) un solide héritage à son successeur Jeremy Awori, qui arrive du Kenya où il a fait une brillante carrière.

Les lauréats du Trophée pour le développement durable de la Fondation Ecobank

 

Il est extrêmement rassurant que les deux hommes s’apprécient et se respectent. Ils ont travaillé ensemble pendant plusieurs semaines pour assurer une relève pacifique et ordonnée. Ce qui est exactement le contraire de ce qui s’était passé lors du départ d’Arnold Ekpé, le bâtisseur de Ecobank, qui avait pourtant réussi l’exploit d’implanter la banque à un rythme effréné dans 35 pays africains et quatre à l’étranger.

Aichatou Pouye, membre du conseil d'administration d'Ecobank, entourée d'Ade Ayeyemi et de son épouse.
Aichatou Pouye, membre du conseil d’administration d’Ecobank, entourée d’Ade Ayeyemi et de son épouse.

 

De 2015 à 2023, sous la direction de Ade Ayeyemi, Ecobank a renoué avec la rentabilité et sa quête absolue de résultats a renforcé la solidité de l’assise du groupe bancaire. Ecobank se classe désormais parmi les trois premières banques dans quinze pays africains. Les indicateurs de rentabilité sont plus robustes et permettent un impact réellement positif dans les pays d’implantation, et les perspectives sont prometteuses, malgré les difficultés. L’accélération de la croissance est maintenant un objectif primordial : l’équipe de direction met tout en œuvre pour créer de la valeur et des richesses pour un avenir meilleur.

La banque doit rembourser des prêts de 700 millions $ en 2024. Elle va devoir emprunter cette année 500 millions $ pour pouvoir faire face au remboursement de sa dette l’année prochaine.

 

Un duo efficace

Un Trophée pour le développement durable est décerné chaque année par la Fondation Ecobank. Laquelle a enregistré quatorze soumissions cette année et a retenu cinq nominés. Le développement durable doit toucher plus de un milliard d’Africains et permettre l’intégration africaine.

Jeremy Awory et Alain Nkontchou.
Jeremy Awory et Alain Nkontchou.

Alain Nkontchou et Jeremy Awori constituent un duo uni, compétent et dynamique à la tête de Ecobank. La banque ne peut pas être en de meilleures mains pour faire face à l’avenir et retrouver sa période héroïque d’antan. D’ailleurs, le Conseil d’administration a enfin reculé l’âge du départ à la retraite à 62 ans. Les deux dirigeants ont du pain sur la planche et devront faire face à plusieurs défis et éviter plusieurs écueils. Ce ne sera pas facile car la route est semée d’embûches. Les deux dirigeants sont aidés par une équipe de direction solide, dévouée et engagée qui a compris et appris des erreurs du passé et a pris les corrections nécessaires.

En peu de temps, Jeremy Awori a déjà visité une dizaine de pays. Son expérience de banquier l’a bien préparé à diriger avec talent cette institution unique panafricaine. Des problèmes importants doivent être résolus pour pouvoir augmenter rapidement la rentabilité et la valeur des actions.

La presse n’a pas manqué d’interroger la direction du groupe panafricain.

Toutefois, quelques questions demeurent : faut-il vraiment quatorze administrateurs au Conseil d’administration ? Leur travail ne serait-il pas meilleur et plus efficace s’ils étaient moins nombreux ? Ne faudrait-il pas enfin renforcer l’actionnariat africain, pour pouvoir privilégier le long terme et investir massivement dans le développement de la banque ? Faut-il rester dans les pays qui ne sont pas encore rentables, mais qui offrent des perspectives très prometteuses ? Sur ce dernier point, la réponse est bien sûr oui. Cette forte stratégie homogène pour assurer l’avenir de Ecobank est en jeu. Objectif : revenir aux fondamentaux et aux valeurs des pères fondateurs pour que Ecobank reste une banque panafricaine unique qui fait la fierté de tous les Africains.

 

 

 

@ABanker

 

Écrit par
Kader Cherif

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