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African Banker Analyse et Opinion

Dhafer Saïdane pointe les grands défis des banquiers

  • Publiédécembre 12, 2017

Vingt dirigeants se sont réunis à Paris dans le cadre de l’Université d’été des banquiers africains, du 5 au 13 juillet 2017 à Skema Business School. Une initiative du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique.

Par Dhafer Saïdane, Skema Business School, directeur de l’Université d’été des banquiers africains

Les conclusions des travaux de l’uni­versité d’été des banquiers africains sont édifiantes et méritent d’être partagées. Malgré des statistiques négatives depuis 2014 du fait de la baisse des prix des matières premières, l’Afrique reste éveillée.

Elle est source de convoitise et d’appétence. L’Afrique présente un énorme potentiel : richesse en minerai tel que le platine (75 % de l’offre mondiale), le diamant et le chrome (50 % de l’offre mondiale), le cinquième des réserves d’or et d’uranium, un énorme gisement de pétrole et de gaz… et une jeunesse et une démographie. L’afro-pragmatisme invite cependant à la prise en compte de plusieurs défis qui restent à relever.

Croissance – Instauration d’une crois­sance économique et financière inclusive et durable plus indépendante vis-à-vis des matières premières et tenant compte des impacts du changement climatique, permettant la création d’emplois et la répartition équitable de la richesse créée. L’Afrique devra accorder une importance particulière à l’écologie et au développe­ment durable. Les pays africains ont ainsi ratifié l’accord de Paris (COP21 et COP22). Mais beaucoup reste à faire.

Ressources humaines et financement

Amélioration du système éducatif et de la qualité du management et des conditions entrepreneuriales. L’apparition d’une classe moyenne en Afrique qui est une oppor­tunité pour les banques et les institutions de microfinance. Mais comment résoudre les difficultés de financement des PME ?

Quel positionnement le secteur bancaire doit-il adopter afin de financer davantage les PME ? Comment développer la mésofinance ? Comment dynamiser l’entreprenariat ? Comment tirer profit de l’avantage démographique que possède l’Afrique vis-à-vis des autres continents avec une population qui pourrait doubler dans les années à venir ?

Technologie et risques – maîtrise de la révolution technologique et des risques : désintermédiation, sécurité informatique et protection des données et de la vie privée, respect de la réglementation, crédits improductifs…

Gouvernance – Amélioration du climat des affaires et instauration de la bonne gouvernance et maîtrise des tensions et de l’instabilité politiques. Le problème de croissance économique émane aussi de l’absence de bonne gouvernance en Afrique.

Les États en Afrique ont du mal à faire face à ces défis, même si quelques pays ont réussi à réaliser de bons résultats dans certains secteurs. Les progrès restent insuf­fisants et les États n’arrivent toujours pas à assurer toutes leurs fonctions régaliennes. Face à ces défis on trouve une popula­tion jeune assoiffée qui veut : apprendre, entreprendre et performer.

La banque à la recherche de son identité

Dans ce contexte, la finance en Afrique ne doit pas être un objectif en soi comme cela est le cas sous d’autres cieux. Elle doit être au service de l’économie réelle et servir de relais de croissance face à des économies émergentes mais encore fragiles.

Selon le FMI, depuis deux ans le taux de croissance en Afrique est devenu inférieur au taux de croissance mondial. En fait, la baisse des prix du pétrole a pénalisé les producteurs et cette perte n’a pas été compensée par les gains réalisés par les pays importateurs de pétrole. Le problème des inégalités reste également posé et l’Afrique a besoin d’une crois­sance inclusive.

Et la banque africaine dans tout cela ? Une chose est sûre, pour le moment la banque africaine est au centre de l’économie et l’économie est au centre de la banque africaine. L’Afrique est condamnée à se développer par l’affirmation d’un modèle de banque africain à l’écoute de l’entreprise ; le pouls de son économie.

Relations clientèles complexes. Il n’y a pas de banques africaines mais il y a sans doute une façon de faire de la banque en Afrique. Cette approche tiendrait compte de relations complexes difficiles à démêler en recourant à la théorie économique usuelle ; celle des pays dits « développés».

Le clientélisme, l’informel, le don contre don, les relations familiales et tribales rendent plus complexe l’asymétrie d’information décrite par le cadre théorique standard. L’Afrique ne rentre pas dans ce cadre du moins lorsqu’il s’agit d’analyser le risque. Il importe donc de développer des outils plus adaptés à l’incomplétude des contrats et à l’asymétrie d’information qui en résulte.

Écrit par
African Banker

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