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African Banker

Des banquiers au cœur des innovations

Des banquiers au cœur des innovations
  • Publiéoctobre 18, 2023

Ensemble vers un avenir financier prospère pour le continent africain. C’est le message fort qui a prévalu tout au long du Forum d’Automne du Club des Dirigeants, en collaboration avec le Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique.

 

 

L’île Maurice a accueilli, début octobre, une réunion qui avait pour thème « Comment accélérer l’émergence des champions bancaires panafricains ». La transformation financière en Afrique repose sur une mise en œuvre réussie de la digitalisation et une protection adéquate des données, ont estimé les participants.

Lors de la première journée de conférence, Jean Michel Félix, directeur de MCB Consulting, a ouvert l’événement : « Ensemble, nous pouvons ou plutôt nous devons créer un avenir plus solide et prospère pour le continent africain. De mon point de vue, cela n’est possible qu’à travers un partenariat basé sur nos qualités respectives et une confiance mutuelle sans artifice, en citant aussi ce très connu proverbe africain « Si vous souhaitez aller vite, allez-y seul mais si vous souhaitez aller loin, allez-y ensemble. »

« Les cyberattaques peuvent avoir des conséquences graves, notamment en ce qui concerne la réputation et la protection des données sensibles des clients. Face à ces enjeux, les législations sur la confidentialité évoluent rapidement à travers le monde. »

Pour le directeur du groupe MCB, Jean Michel Ng Tseung a réaffirmé la démarche purement volontariste de tous pour mettre en œuvre les idées et les points de vue qui définissent le secteur financier dans la région. « Nous souhaitons participer, dans la mesure de nos capacités financières, à la transition énergétique en Afrique et accompagner les institutions de financement du développement et tous les autres investisseurs locaux et internationaux dans leurs stratégies de développement dans le continent », a-t-il fait ressortir. 

Le Club célèbrera ses 35 ans l’an prochain. À l’aube de cet anniversaire, ses dirigeants ont choisi Maurice pour accueillir leur forum d’automne. Cette décision témoigne de la pérennité de la collaboration et de la confiance placée en la MCB Consulting et par conséquent l’île Maurice.

Alain Le Noir
Alain Le Noir

 

En effet, le co-fondateur du Club, Alain Lenoir, a souligné que Maurice reste à la pointe de l’innovation dans le secteur bancaire. Pour lui, ce forum était une opportunité de découvrir toutes les nouvelles avancées que l’île offre et qu’elle avait à partager avec les délégations présentes. Il a déclaré : « C’est un miracle que le Club soit toujours existant en Afrique car les conditions de fonctionnement de l’Afrique francophone à l’époque étaient totalement différentes. Aujourd’hui, il y a beaucoup de groupes dont le groupe MCB qui investissent dans la formation de leur personnel et qui ont donc recours à des ressources en interne plutôt que de faire appel à l’étranger et c’est pour cela que nous citons souvent l’île Maurice comme étant très novatrice dans le secteur bancaire et financier ».

Jean-Michel Félix, directeur général de MCB Consulting, s’est penché sur la question du capital humain et a souligné l’importance d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente, un enjeu crucial pour le secteur bancaire, tout en prenant en considération l’avènement technologique (notamment l’Intelligence artificielle), les nuances générationnelles et le besoin essentiel d’établir très clairement « sa » propre proposition de valeur.

Au cours des discussions, le forum a mis en évidence l’importance de la protection des données dans cette ère de transformation numérique ainsi que le rôle crucial de la coopération entre les nations africaines pour favoriser un développement mutuel. De plus, il a souligné l’importance de mettre l’accent sur l’humain au cœur de cette transformation numérique, encourageant les échanges et les débats sur ces questions essentielles. La digitalisation a été présentée comme étant la clé pour créer des champions panafricains dans le secteur bancaire, en mettant en lumière la nécessité de rester compétitif et d’offrir des services financiers innovants.

 

Quelques interventions en détail

Jean-Paul Mergeai est président d’International Sales, Temenos. « Aujourd’hui, l’innovation technologique et l’évolution des besoins des clients ont donné naissance à ce qu’on appelle la finance intégrée (une tendance émergente du monde de la finance qui consiste à intégrer des services financiers directement dans les applications et les plateformes) et vous constaterez que les banques souhaitent continuer à jouer un rôle très important dans cette évolution des business model pour rester en contact avec les consommateurs », a-t-il déclaré. 

Nous sommes nombreux à penser que les banques ne posséderont plus de centres de calculs dans les prochaines années. Elles estiment que la stratégie multi-cloud (utilisation d’un prestataire et d’une combinaison de services pour offrir le meilleur service aux clients) deviendra un prérequis essentiel dans le secteur bancaire et financier. 

Aujourd’hui, l’avenir repose sur le cloud ; si 90% des applications étaient basées sur d’anciennes technologies auparavant, à ce jour près de 95% des applications reposent sur la technologie Cloud et chez Temenos, cela nous tient à cœur de participer de près à cette évolution », a estimé Jean-Paul Mergeai.

Patrick Roussel, président d’Orange Bank Africa, est revenu sur la stratégie de cette dernière. « Aujourd’hui, la digitalisation dans le secteur bancaire et financier renvoie à nos capacités à construire des plateformes industrielles pour solidifier le secteur, à capitaliser davantage sur l’humain dans le but d’alléger son quotidien mais surtout à créer un monde bancaire plus inclusif. »

Drudeisha Madhub est Commissaire à la Protection des données de l’Ile Maurice.

« L’île Maurice est bien positionnée en termes de protection des données et de cybersécurité. Tout simplement parce que nous investissons énormément dans une réglementation solide et ferme. En 2021, nous avons adapté, au moment même de sa création, le Cybersecurity and Cybercrime Act – acte en accord avec le Budapest Convention. Cet acte prévoit des infractions criminelles très strictes comme des peines d’emprisonnement dans le simple but de contrecarrer tous actes allant à l’encontre de la protection des données. Nous retrouvons ici des principes et des législations qui ont chacun leur importance à différentes étapes de notre fonctionnement. »

Drudeisha Madhub
Drudeisha Madhub

Le Commissaire a poursuivi : « On pense souvent que les domaines de la protection des données et de la cybersécurité sont les mêmes, semblables et identiques. Ce sont deux domaines qui marchent de pair mais ils sont très distincts. Nous avons dans le monde des traités et des conventions, notamment au niveau de l’UE et l’Union Africaine pour un positionnement plus important en termes de protection des données et de la cybersécurité. »

Il a détaillé le contexte : « Les innovations et tendances technologiques ont beaucoup d’avantages et de retombées positives. En revanche, le consommateur n’est pas toujours conscient de la façon dont sont stockées leurs données. Prioriser la cybersécurité et la protection des données est fondamental dans la transformation numérique dans le secteur bancaire. Il y a l’impact numérique, l’adoption et l’efficacité, le cloud, la croissance exponentielle. Les banques représentent 16% des investissements mondiaux dans le Cloud (près de 100 milliards par an) et la charge de travail devrait doubler annuellement. Pour renforcer la sécurité et la protection des données, il est ainsi essentiel de bâtir des bases solides. L’application rigoureuse des règles est également nécessaire. Les cyberattaques peuvent avoir des conséquences graves, notamment en ce qui concerne la réputation et la protection des données sensibles des clients. Face à ces enjeux, les législations sur la confidentialité évoluent rapidement à travers le monde. »

Amédée Darga, président du Club des affaires Maurice-Afrique, a estimé que « les banques ont un défi de pouvoir être plus solidaires entre elles, collaborer davantage et être mieux au service du développement de leur pays ». 

Thierno Sy, directeur général de Nourou Financial s’est posé « une question cruciale » : « est-ce que nous maintenons le même modèle et le même système bancaire ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ? Nous avons, dans les banques universelles, la possibilité de faire du counseling pour apprendre à mieux connaître les clients (un particulier ou un professionnel) et avoir une bonne connaissance de leurs besoins. Il existe aussi des inconvénients : la banque universelle est plus complexe en matière de gestion des risques, des risques opérationnels, des exigences de capital plus élevées pour répondre aux normes établies. Elle a plus d’expositions à l’inflation. » 

Le dirigeant a rappelé combien l’Afrique a un besoin important pour ses projets de financement (agriculture, santé, infrastructure, éducation) « et les banques pourraient jouer un rôle clé en fournissant des ressources essentielles ». Et a poursuivi : « Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que les banques de développement financent les banques dites commerciales pour financer de tels projets. L’Afrique connaît une croissance économique rapide, une urbanisation croissante qui engendre des demandes croissantes du secteur financier pour soutenir des activités commerciales, la consommation et les investissements immobiliers. » 

@ABanker

 

 

Écrit par
Paule Fax

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