Des banques sénégalaises bien placées

Avant même l’entrée sur le marché du pétrole et du gaz, le Sénégal a enregistré une croissance relativement robuste au cours des cinq dernières années, le secteur bancaire étant en tête. Le pays leur reste porteur, mais gare aux dérapages des comptes publics.
La Banque mondiale prévoit que le Sénégal connaîtra une croissance de 8 % en 2023, la plus forte de tous les pays d’Afrique subsaharienne. On le sait, cette croissance est largement attribuée aux énormes découvertes de pétrole et de gaz dans l’océan Atlantique. La production éventuelle de pétrole et de gaz – après sa découverte en 2014 – va dynamiser l’économie du Sénégal pour les prochaines années.
Les énormes découvertes d’hydrocarbures ont entraîné une vague d’investissements de la part des compagnies pétrolières et gazières. Mark Bohlund, analyste principal du crédit chez Redd Intelligence, prévoit une croissance moyenne de 5% l’an à compter de 2025. « Avant le Covid-19, le Sénégal était l’une des économies à la croissance la plus forte d’Afrique subsaharienne, à environ 6 % entre 2014 et 2019. »
Outre le pétrole et le gaz, le secteur bancaire dynamique du Sénégal est depuis longtemps un important moteur de croissance. Le Sénégal possède le deuxième plus grand secteur bancaire de l’UEMOA après la Côte d’Ivoire. Les télécommunications et les services financiers ont représenté 70 % de la croissance entre 2000 et 2016, période durant laquelle le Sénégal a réussi à doubler son PIB en termes réels.
En 2021, le secteur des services – qui comprend les services financiers, les services gouvernementaux, l’immobilier, les télécommunications – a contribué à 49,6 % du PIB, par rapport à l’industrie (24,67 %) et à l’agriculture (15,32 %).
Le secteur bancaire domine le système financier sénégalais, avec 28 banques et institutions financières et un total de 1,6 million de comptes bancaires. Les banques sont détenues par des Français, des Marocains et des Africains, et leur chiffre d’affaires annuel combiné est estimé à plus de 4 milliards d’euros.
Bien que le secteur bancaire soit de plus en plus diversifié, deux tiers des actifs et près de 80 % des dépôts passent par les cinq plus grandes banques du pays : La Société Générale, Attijariwafa, Ecobank et Oragroup.
Ce dernier a été nommé Banque de l’année au Sénégal, en reconnaissance de ses solides finances et de ses solutions innovantes de collecte de dépôts et de gestion de trésorerie. Son succès est un exemple de la nature florissante de l’industrie bancaire du Sénégal.
La banque a collecté 23,6 millions de dollars d’espèces au cours des 18 mois précédant juin 2022 grâce à son service WeCollect, qui permet aux entreprises clientes de collecter des recettes par le biais de paiements directs de clients aux guichets d’autres filiales d’Orabank dans toute l’UEMOA.
Quelques facteurs de risque
En 2021, la banque a également conclu un partenariat avec la filiale d’Orange, Orange Finances Mobiles Sénégal, et les sociétés de paiement Thunes et Taptap Send pour permettre les transferts d’argent internationaux vers les portefeuilles mobiles d’Orange.
Toutefois, en dehors du secteur bancaire, le Sénégal est confronté à une série de vents contraires macroéconomiques. Selon Mark Bohlund, de Redd Intelligence, le creusement du déficit budgétaire et l’augmentation de la dette sont deux préoccupations majeures.
« Dans la dernière annonce du Fonds monétaire international, celui-ci a été très clair sur la nécessité de réduire le déficit budgétaire de 6,2 %, mais je pense qu’il est plutôt de 6,5 % ou 7 %. »
« Le FMI fait pression sur le gouvernement pour qu’il revienne à 5 %. Le gouvernement compte sur les premières recettes pétrolières pour aider à réduire le déficit budgétaire à 3 % d’ici 2025, ce qui est la limite supérieure pour les pays de l’UEMOA. Le Sénégal est le pays qui semble le plus en difficulté sur le plan budgétaire à moyen terme. »
En effet, la Banque mondiale recommande au Sénégal de « mobiliser davantage de recettes fiscales en s’appuyant sur les bonnes performances enregistrées en 2022 et en limitant le recours à la réserve budgétaire, ce qui permettrait aux autorités de contenir le déficit budgétaire à environ 5 % du PIB.
Il recommande également de mettre un terme aux « subventions énergétiques régressives », qui devraient atteindre 4 % du PIB en l’absence de toute mesure politique.
Autre préoccupation : la dette publique, qui devrait atteindre 68 % du PIB en 2022. Le président Macky Sall a plus que doublé la dette publique, en déployant de grands projets d’infrastructures depuis son arrivée au pouvoir en 2012.
« Le Sénégal est relativement stable, pacifique et ouvert aux marchés mondiaux, ce qui se compare favorablement à ses voisins secoués par des coups d’État militaires, une insécurité croissante et une crise économique », conclut Mucahid Durmaz, analyste principal spécialisé dans l’Afrique de l’Ouest chez Verisk Maplecroft.
@ABanker